Deux policiers à moto attaqués par un individu à Carcassonne ; un chauffard qui percute une voiture de la brigade anticriminalité (BAC) de Marseille lors d’une course-poursuite ; une cinquantaine d’individus tirant des mortiers d’artifice sur une patrouille à Ermont (Val-d’Oise) ; un policier touché par un pavé au cours d’une interpellation dans la cité du Trébon, à Arles (Bouches-du-Rhône), et qui se voit délivrer vingt et un jours d’incapacité temporaire de travail…
La liste de ces agressions contre les forces de l’ordre, commises depuis dix jours, pourrait encore s’allonger : plus de 85 faits de « violences à personnes dépositaires de l’autorité publique » sont enregistrés quotidiennement à travers le pays pour la seule police nationale. Au mois de janvier, les services statistiques du ministère de l’intérieur en ont recensé 2 288 sur la base d’une remontée d’informations provenant de procès-verbaux. En vingt ans, ils ont été multipliés par 2,3.
« On ne peut pas banaliser ces faits » déclarait, lundi 15 février, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, devant le commissariat de Poissy (Yvelines), où des policiers avaient été pris pour cible, deux jours auparavant, par des tirs de mortier d’artifice. Cette fois pourtant, aucun blessé n’était à déplorer parmi les forces de l’ordre. Les fonctionnaires n’avaient même pas pris la peine de déclarer l’incident à leur hiérarchie : trop de paperasse, pour des faits jugés banalement quotidiens.
Le même jour, du reste, une autre patrouille avait connu un épisode identique, à Lormont (Gironde), près de Bordeaux, où une policière a été blessée à la tête par un engin pyrotechnique. La différence entre les deux attaques ? Une séquence vidéo de dix-sept secondes tournée à Poissy et diffusée sur le compte Twitter du Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP), qui a contraint le ministre à réagir. Sur les images confuses, heurtées, noyées dans la fumée, on devine à peine quelques paires de jambes courant dans tous les sens. La bande-son, elle, est autrement explicite. On y entend le cri « Tuez-les ! », à plusieurs reprises.
« Tendance de fond »
« Ce n’est plus de l’hostilité mais un appel au meurtre », estime Jean-François Papineau, actuel patron de la sécurité publique dans le Nord. Trente-sept années passées dans la police l’ont familiarisé avec « la banalisation de la violence contre les forces de l’ordre, devenue une valeur marchande avec des clips qui font sa promotion et des mises en scène d’affrontements avec les policiers ». Son département, le plus peuplé du pays avec ses 2,6 millions d’habitants, dont la moitié dans la métropole lilloise, figure dans le trio de tête des plus touchés, après Paris et la Seine-Saint-Denis.
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