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A Nice et sur le littoral des Alpes-Maritimes, un confinement « partiel » le week-end

C’est la première fois qu’un confinement local, valable au moins pour les deux prochains week-ends, va être établi en métropole. Le préfet du département a annoncé la fermeture des commerces de plus de 5 000 m².

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Publié le 22 février 2021 à 12h43, modifié le 22 février 2021 à 19h04

Temps de Lecture 5 min.

A Nice, le 21 février 2021.

Confinement le week-end, port du masque généralisé, fermeture des commerces de plus de 5 000 mètres carrés… De nouvelles mesures de restriction ont été annoncées, lundi 22 février, dans les Alpes-Maritimes, où l’épidémie de Covid-19 flambe depuis plusieurs semaines. Elles étaient attendues. En visite à Nice samedi 20 février, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait demandé au préfet et aux élus du département de mener une concertation pour « prendre les mesures complémentaires allant d’un couvre-feu renforcé à un confinement local le week-end pour endiguer l’épidémie ».

C’est une première sur un territoire métropolitain : Nice ainsi que les villes de l’aire urbaine littorale qui s’étale de Menton à Théoule-sur-Mer vont se voir appliquer un « confinement partiel » durant les deux prochains week-ends, a annoncé le préfet, Bernard Gonzalez, lors d’une conférence de presse. Sur le modèle des règles appliquées en mars, les déplacements seront interdits sauf dérogation (courses, rendez-vous chez le médecin, promenades limitées à une heure dans un rayon de 5 km autour du domicile…) du vendredi soir à 18 heures au lundi matin à 6 heures.

Il a été également décidé de fermer les commerces et les galeries marchandes de plus de 5 000 mètres carrés, à l’exception des commerces alimentaires et des pharmacies. Ces commerces seront autorisés à maintenir une activité de « click and collect » et de livraison à domicile.

En tête des départements les plus touchés

Sur l’ensemble du département, le port du masque sera rendu obligatoire « dans toutes les zones à forte fréquentation », a également annoncé le préfet, et les contrôles aux frontières vont être renforcés sur les voies routières, ferroviaires et aériennes.

La mise en place de mesures plus restrictives avait reçu le soutien du maire (LR) de Nice, Christian Estrosi, qui a défendu sur Twitter la « nécessité de mettre en place un confinement, a[u] minim[um] le week-end », et même celle de « passer à un confinement généralisé (…) si, d’ici mercredi dans les Alpes-Maritimes, le taux d’incidence progressait encore de plus de 10 % ».

Pour le député (LR, Alpes-Maritimes) Eric Ciotti, « un confinement le week-end est préférable à un confinement total, et cela peut dissuader les flux de personnes venant de l’extérieur ». L’élu plaidait pour « épargner le haut pays, où la circulation virale est moindre ». « Je n’ai jamais fait de polémique sur des mesures de protection privatives de liberté, et il faut bien voir que cette troisième vague est beaucoup plus mortelle pour notre département : nous atteindrons bientôt les 1 500 décès », a-t-il ajouté.

Le 22 février, les Alpes-Maritimes figuraient en tête des départements les plus touchés du pays, avec un taux d’incidence de 588 cas pour 100 000 habitants (sur une semaine), d’après l’agence régionale de santé (contre 190 cas pour 100 000 habitants au niveau national), ainsi qu’un taux de variant britannique supérieur à 50 %. Le 18 février, le taux de positivité des tests y atteignait 10,4 % contre 6 % en moyenne dans l’Hexagone.

« Dépistage massif »

La circulation virale est encore plus élevée dans la métropole niçoise, avec 735 cas pour 100 000 habitants, soit un chiffre supérieur à la moyenne des 22 autres métropoles du pays (laquelle se situe aux alentours de 240). La situation se dégrade à Nice depuis la mi-décembre 2020 déjà. Dès le 9 janvier, le taux d’incidence y avait dépassé les 500 cas pour 100 000 habitants, et les 700 le 11 février.

Lors de son déplacement, samedi, à Nice, le ministre de la santé a annoncé un renforcement des contrôles de respect des consignes sanitaires et le « dépistage massif » dans les écoles, à la rentrée, à l’aide de tests salivaires, ainsi que l’envoi de 3 500 doses supplémentaires du vaccin Pfizer-BioNTech. Mille doses y avaient déjà été ajoutées pendant le week-end, a annoncé le préfet des Alpes-Maritimes lundi, tandis que des livraisons massives de vaccins AstraZeneca doivent arriver dans les jours qui viennent.

Cette décision de reconfiner le week-end ne fait toutefois pas l’unanimité. Pour Jean Leonetti, maire (LR) d’Antibes, la mesure paraît « inutile sanitairement et pénalisante ». « On sait que les contaminations sont d’abord familiales et professionnelles. Cela va peut-être un peu limiter les réunions familiales, mais les contaminations ont lieu surtout à l’intérieur, et on continue de faire des mesures qui empêchent la vie à l’extérieur », pointe l’élu, qui, avec certains maires voisins chez qui l’incidence est moindre qu’à Nice, était opposé à pareille mesure.

« Ce ne sont pas deux week-ends de confinement qui vont freiner la pandémie, ajoute-t-il, c’est encore un choix intermédiaire qui va donner un résultat intermédiaire… La population en a marre du stop-and-go. Le prochain coup, c’est quoi ? » Pour lui, la principale difficulté reste le manque de dotation des hôpitaux et des réanimations, et le manque de vaccins. « La seule bonne méthode aurait été un confinement strict tout en vaccinant massivement », juge-t-il.

« Cécité »

A l’hôpital, « cela fait un mois qu’on tire le signal d’alarme », souligne la médecin immunologiste Sylvia Benzaken, vice-présidente de la commission médicale d’établissement du CHU de Nice, pour qui « il faut stopper la circulation du virus, sinon il va falloir déprogrammer d’autres patients, ça va être terrible ».

Les établissements de santé des Alpes-Maritimes se situent déjà à un niveau de déprogrammation de 20 % à 30 %, alerte-t-elle. Et 79 des 80 lits de réanimation réservés à des patients Covid-19 étaient occupés dimanche 21 février, ainsi qu’une trentaine de lits en soins intensifs. Avec une particularité pour ce rebond épidémique : les patients hospitalisés sont plus jeunes, rapporte-t-elle, avec un âge médian descendu à 60 ans.

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« C’est comme s’il y avait une cécité, que personne ne voyait les Alpes-Maritimes depuis des semaines, la dynamique du taux d’incidence, l’augmentation permanente des patients hospitalisés depuis Noël, l’ouverture de lits supplémentaires… », déplore Sylvia Benzaken.

Depuis dix jours, la tension est montée d’un cran. « Nous avons vu une accélération des contaminations et des hospitalisations, comme lors de la deuxième vague », rapporte l’infectiologue au CHU de Nice Michel Carles, chargé de la régulation des hospitalisations Covid-19 sur le département. Sur la même période, le taux de variant britannique a explosé, passant de 20 % des tests criblés, à 80 %, selon les remontées des laboratoires, rapporte-t-il.

Plusieurs transferts de patients de réanimation ont été nécessaires (deux vers Gap, un vers Marseille). « Nous allons être amenés à effectuer d’autres transferts dans les jours qui viennent », prévoit le médecin, pour qui il est urgent que « les mesures déjà prises soit appliquées réellement » sur le territoire, dit-il, citant le port du masque, la question de la faible concentration de personnes dans les magasins, le télétravail ou encore le contrôle des tests PCR à l’arrivée à l’aéroport et le suivi des périodes d’isolement.

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