Le semi-confinement les rend chèvres

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Nos amies les bêtesLe semi-confinement les rend chèvres

La pandémie a bouleversé nos habitudes et celles de nos chats et chiens aussi. Des spécialistes romandes expliquent combien notre présence à domicile peut affecter leur comportement. 

Une trop grande présence à domicile peut engendrer de mauvais comportements chez les chiens et chats.

Une trop grande présence à domicile peut engendrer de mauvais comportements chez les chiens et chats. 

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Nos animaux de compagnie ne sont pas habitués à nous avoir toujours dans leurs pattes, qui plus est sur une période aussi longue. Le semi-confinement a certes bouleversé notre quotidien, mais il a aussi perturbé la vie de nos chiens et chats. 

Laurence Seynaeve Mérat, éducatrice et comportementaliste canine dans le canton de Genève, est bien plus sollicitée depuis la fin de l’année dernière. Si elle constate que la majeure partie des chiens ont bénéficié de plus d’attention de la part de leurs maîtres depuis le début de la pandémie, une trop grande présence à domicile a aussi renforcé les mauvais comportements des toutous. «Souvent, sans le vouloir, le maître peut projeter davantage ses attentes et frustrations sur son chien. Comme ce dernier est une «éponge», l’anxiété se transmet», détaille la spécialiste. 

Drame des petites absences

Au fil de ses consultations, Marika Paschoud, éducatrice et comportementaliste canine en région lausannoise, constate qu’une «anxiété de séparation» s’est développée chez les toutous pendant le semi-confinement. «Certains ne supportent plus les brèves absences de leurs maîtres, qui eux, n’osent plus aller faire les courses de peur que leur chien ne pleure, n’aboie ou ne détruise des objets», explique l’éducatrice vaudoise.  

Pour éviter que cette anxiété ne prenne le dessus, la spécialiste préconise de «cumuler les brèves absences – en se rendant à la boîte aux lettres par exemple – et augmenter progressivement le temps où le chien est amené à rester seul.» Et surtout, selon Marika Paschoud, «ne pas faire de cinéma lorsqu’on quitte la maison. Il faudrait commencer à ignorer le chien 10 minutes avant de partir.»  

Laurence Seynaeve Mérat, quant à elle, met en lumière l’importance de «garder des repères fixes, comme des horaires de repas, de sortie et de solitude pour le chien, afin que celui-ci s’habitue progressivement à l’absence», une fois que la vie aura repris un semblant de normalité.  

Manque de socialisation des chiots

Comme nous, nos animaux ne voient presque plus personne. «Ils n’ont plus l’habitude d’être au contact de visites et aboient plus facilement les rares fois où cela se produit, note, de son côté, Marika Paschoud. On aura plus de mal à guérir ces mauvais comportements, surtout chez les jeunes chiens, car ils n’auront pas été suffisamment exposés aux contacts extérieurs en cette période particulière.» Les consultations relatives au manque de sociabilisation et à l’anxiété de séparation ont augmenté de 15% depuis le début de la pandémie, indique la spécialiste. 

La comportementaliste genevoise pointe, elle aussi, un manque de socialisation des chiots adoptés au printemps dernier. «S’il n’a pas eu de contacts positifs et répétés avec des personnes différentes et dans des environnements variés, le jeune chien peut ressentir certaines peurs et en être impacté à vie», complète Laurence Seynaeve Mérat. L’an passé, le canton de Genève a enregistré la plus forte hausse d’adoptions de chiens depuis cinq ans. Leur nombre est ainsi passé de 30’188 en janvier 2020, à 31’322 cette année.

Attaché à la routine

Les minets sont également influencés par les contraintes imposées par la pandémie. «Je sens que j’énerve mon chat. On dirait qu’il n’en peut plus de me voir, il m’évite», confie cette lectrice vaudoise. Il faut dire que le félin aime la routine et déteste le changement. «En temps normal, les gens ont tendance à trop caresser les chats. Maintenant que l’on est encore plus sur leur dos, ils fuient plus facilement, voire montrent des signes d’agressivité», note à son tour Danaé Losada, comportementaliste chat à Lausanne. 

Cette dernière a eu, elle aussi, un planning bien chargé ces derniers mois: «Peut-être que les gens ont eu aussi plus de temps à accorder aux animaux.» La médiatrice chat-humain dit rencontrer davantage de problèmes de comportement chez les félins qui vivent en appartement. Certains souffrent d’alopécie: «Le chat se lèche les poils jusqu’à se les arracher. C’est signe de stress ou de malaise intense.» Courage à nos amies les bêtes, il reste encore quelques semaines à tenir! 

Manque d’interactivité dans les zoos 

Les animaux des zoos et vivariums-aquariums souffrent aussi du manque de visiteurs, ont rapporté respectivement la RTS et «24heures» ces derniers jours. Si les animaux sauvages sont plus sereins sans les visiteurs, l’interactivité manque par exemple aux daims et aux chèvres du zoo des Marécottes (VS). «Il ne faut pas oublier qu’ils nous observent aussi», confiait Michel Ansermet, directeur d’Aquatis, au quotidien vaudois. La situation devrait s’améliorer pour eux d’ici au 1er mars. 

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