En période de crise, investir. C’est l’attitude à laquelle le gouvernement invite les dirigeants d’entreprises qui pourraient se montrer frileux en ces temps incertains, et qu’a appuyée avec force Agnès Pannier-Runacher. La ministre de l’industrie a présenté, mardi 23 février, le bilan 2020 du fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires.

Un fonds conçu avant la crise sanitaire

Ce fonds avait été créé par le premier ministre en novembre 2018. Il visait à financer des projets (création ou extension de sites, modernisation, nouveaux équipements…) structurants pour les territoires et pouvant démarrer l’investissement entre six mois et un an.

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« Le pays compte 30 000 entreprises industrielles de plus de cinq salariés, dénombre Agnès Pannier-Runacher. 70 % d’entre elles se situent loin des grandes agglomérations, dans des communes de moins de 20 000 habitants. Ce sont elles qui exportent, innovent et créent de l’emploi. Le président de la République avait placé la reconquête industrielle au cœur de ses projets. La crise du Covid nous en confirme la nécessité ».

448 projets soutenus en 2020

Le fonds est doté de 400 millions d’euros pour la période de 2020 à 2022. En 2020, il a permis de soutenir 448 projets. « Les aides de l’État ont été le coefficient multiplicateur soutenant des investissements industriels estimés à 2,3 milliards d’euros, permettant la création de 10 000 emplois nets et le soutien de 50 000 autres » souligne la ministre. Sept projets sur dix ont été réalisés dans un « territoire fragile ».

Avec deux transitions à honorer : le numérique, et l’écologique. « L’enjeu n’est plus d’être dans l’urgence, mais dans la transformation de l’économie, afin d’être en position de conquérir de nouveaux marchés, explique Agnès Pannier-Runacher. En 2017 à 2019, nous avons créé des emplois industriels nets. Nous devons maintenir cette dynamique, même en période de crise ».

Une mobilisation forte des Régions

En plus des aides de l’État, les Régions ont abondé à hauteur de 24 millions d’euros. Elles ont surtout eu la charge de monter les dossiers, en lien avec les préfets de région. « Les décisions sont prises au plus près, justifie la ministre. Ça ne remonte pas à Paris, qui n’a rien imposé ». La réactivité des collectivités régionales a souvent été « impressionnante », selon Agnès Pannier-Runacher, qui relève que « certaines ont préféré beaucoup projets de petite taille, d’autres, des projets moins nombreux mais plus structurants ».

La Région Bretagne accueille ainsi 33 projets accélérés, parmi lesquels celui d’extension de la menuiserie Helleux, fabricant historique de fenêtres de bois de haute qualité, à Fougères, et qui compte créer quinze nouveaux postes grâce aux aides perçues. En Nouvelle-Aquitaine, 34 projets ont été accélérés. La vingtaine de millions d’euros d’aides publiques a permis un investissement d’environ 100 millions d’euros au total, la création de 600 emplois et le soutien à 4 000 autres.

Dix-sept projets sont implantés dans les territoires ultramarins. Enfin, sur les 250 millions d’euros déjà versés, 31 millions l’ont été vers des « solutions collectives, pour accompagner des industriels qui ont un projet commun, explique Agnès Pannier-Runacher, dont le maintien des compétences », comme un centre de chaudronnerie industrielle dans la vallée de la Maurienne.

L’accord pour une rallonge budgétaire

Sur les 400 millions d’euros du fonds, près de 250 millions d’euros ont déjà été octroyés et 150 autres millions d’euros, sont sur le point de l’être, pour soutenir 300 projets supplémentaires d’ici à la fin du premier trimestre 2021. « En un semestre, nous avons consommé ce qui avait été « budgété » pour deux ans et demi », reconnaît Agnès Pannier-Runacher, qui a donc obtenu, d’Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, son ministre de tutelle, une rallonge budgétaire.

Dans le cadre du plan de relance, l’industrie bénéficiera d’un milliard d’euros supplémentaires : un peu moins de 700 millions d’euros pour le guichet « industrie du futur », auquel ont déjà candidaté 7 000 entreprises et surtout destiné à aider les entreprises françaises à rattraper leur retard par rapport à leurs homologues allemandes et italiennes.

Les 300 millions restants seront à répartir, après discussion avec les présidents de région, entre l’appel à projets « résilience » portant sur la relocalisation ou la localisation de production de cinq secteurs critiques (santé, agroalimentaire, électronique, intrants industriels critiques et 5G), et 150 millions pour le fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires.