Les membres de la commission des Affaires étrangères du parlement fédéral doivent examiner le texte d’une proposition de résolution qui demande que l’Etat belge reconnaisse comme crimes de génocide les exactions perpétrées par le groupe Etat islamique contre les Yézidis en Irak.
Cette tragédie avait débuté il y a un peu moins de 7 ans. La communauté yazidie enterre toujours ses morts aujourd’hui, et les témoignages affluent toujours pour attester de l’horreur des massacres dont ont été victimes les membres de cette communauté de 800 000 personnes dans la région. Parmi ces témoignages, il y a les récits de femmes, très jeunes à l’époque, utilisées comme esclaves sexuelles par les combattants du groupe djihadiste.
Violée, vendue : un cauchemar qui dure 5 ans
Ainsi, Hadya (nom d’emprunt), qui avait 15 ans à l’époque de la prise de son village près de Sinjar, dans le nord de l’Irak, par les combattants du groupe Etat islamique, se rappelle son cauchemar. "Les filles vierges étaient emmenées auprès d’un groupe de Daesh", explique-t-elle. A ce moment-là, elle était sous la protection de son cousin, qui, pour passer inaperçu, s’était converti à l’islam à la demande des djihadistes, et l’avait épousée pour la garder au village. Mais la situation va rapidement basculer, raconte Hadya : "Après 3 mois, les hommes étaient séparés de leurs femmes et de leurs familles. Ensuite, ces femmes et ces enfants ont été emmenés en Syrie. Les Daesh séparaient même les enfants de leurs mères. Les jeunes garçons ont été mis dans les camps d’entraînement. Les bébés étaient donnés aux familles pour être adoptés. Et les filles étaient vendues et données aux Daesh. Certaines filles de 9 ans ont été violées."
Hadya va alors raconter son périple, vendue, échangée de main en main entre les hommes du groupe terroristes, au gré des bombardements, ou des humeurs de ses bourreaux. Elle passera du nord de l’Irak à Raqqa en Syrie, puis de nouveau à Mossoul.
Abu Rayan appelait la fille par son prénom pour qu’elle vienne dans la pièce où se trouvait l’acheteur… Ensuite la négociation se faisait
Dans une maison appartenant à un certain Abou Rayan à Mossoul, elle raconte comment se déroulaient les ventes des femmes : "Quand quelqu’un se présentait dans la maison, Abu Rayan appelait la fille par son prénom pour qu’elle vienne dans la pièce où se trouvait l’acheteur… Ensuite la négociation se faisait. Il était parfois possible qu’ils ne soient pas d’accord sur le prix… Alors, l’acheteur partait sans acheter. Nous étions dans une grande tristesse à ce moment-là. Nous étions considérées comme des animaux."
Après son viol par l’un de ces hommes qui l’avait achetée, elle tombe enceinte, accouche, mais l’enfant ne survivra pas. Au bout de près de 4 ans de captivité, Hadya va pouvoir s’enfuir. Elle attendra des mois dans un camp kurde, celui de Al-Hol, avant de recouvrer sa liberté.
Plusieurs Belges
Hadya a 23 ans aujourd’hui. Raconter cette histoire lui coûte, mais elle a gardé dans sa mémoire les détails, les noms. Ainsi, elle se rappelle que plusieurs Européens, et aussi des Belges, faisaient partie de ses tortionnaires. "Khitam, une fille yazidie qui se trouvait dans le camp de Kabertou, était avec un Belge. Il s’appelait Abu Djan al-Belgiki. Il y avait un autre de Daech qui s’appelait Abu Mansour al Belgiki".