Pénurie de généralistes: le Gers sera le premier département d'Occitanie à salarier des médecins
Avec 2,45 médecins pour 1000 habitants et un praticien sur deux âgé de plus de 55 ans, le Gers est un des départements les plus mal lotis en termes de démographie médicale. Une situation qui n'est pas une fatalité pour Philippe Martin qui annonce la création d'un Centre départemental de santé. 10 généralistes, salariés du département, consulteront dans des Centres territoriaux qui seront implantés dans des communes en manque de médecins.
«Contre la désertification médicale, nous n’avons pas tout essayé. C’est pourquoi l’option des médecins salariés doit être explorée », estime Philippe Martin. Le président a profité du conseil départemental d’analyse et de vigilance Covid, 14e du nom, qui s’est tenu ce mercredi matin à la Chartreuse, pour présenter le projet du Centre départemental de santé. Le Gers sera le premier département d’Occitanie à se doter d’une telle structure. Des municipalités comme Saint-Clar et plus récemment Riscle ont déjà eu l’idée d’embaucher directement des médecins mais Philippe Martin estime que c’est à l’échelle du département que le combat contre la désertification médicale doit se mener. C’est d’autant plus urgent dans le Gers, où la situation s’est fortement dégradée ces dix dernières années (lire notre encadré).
Un centre départemental de santé avec des médecins salariés : il en existe déjà en Saône-et-Loire ou en Charente. Charlette Boué et Jérôme Samalens, élus du CD 32, se sont rendus dans ces deux départements pour voir comment les choses se passaient. Pendant plusieurs mois, ils ont multiplié les consultations, les réunions de travail et les échanges. « Aujourd’hui, nous sommes en mesure de mettre en œuvre des propositions concrètes destinées à un objectif simple : plus un territoire sans médecin dans le Gers. »
Trois cibles de recrutement
Le Gers veut donc créer son Centre départemental de santé. Question centrale : où et comment va-t-il recruter ces médecins salariés ? « Ce sera un recrutement national. Nous avons trois cibles. La première, ce sont les jeunes internes passés par le dispositif #Dites 32 (NDLR : chaque année, ils sont 80 à effectuer leur semestre de stage dans le département). La seconde, ce sont des médecins qui ont fait le choix de partir à la retraite, souvent parce que leurs conditions de travail se sont dégradées, et qui pourraient être intéressés par cette activité salariée. La troisième cible ce sont des médecins en milieu de carrière qui peuvent être séduits par l’offre de qualité de vie du Gers », répond Jérôme Samalens. De quoi rassurer les professionnels qui craignaient que le Département ne recrute ses salariés dans le pool des médecins remplaçants. Du reste, le projet de Centre départemental de santé suscite des "retours très positifs" des médecins gersois, rapporte le Dr Catherine Cancio-Hébert, présidente du Conseil de l'Ordre des médecins du Gers.
Comment fonctionnera ce CDS ?
« L’entité juridique et la structure logistique et administrative seront situées à Auch, mais la dizaine de généralistes que nous voulons recruter, dans un premier temps, exerceront dans des centres territoriaux. Ces centres territoriaux seront implantés dans des communes qui connaissent un fort déficit de médecins. » Philippe Martin a confirmé à Michel Baylac et Cyril Cotonat, présidents des deux associations de maires, que les implantations de ces centres territoriaux seraient choisies en collaboration avec les élus locaux, les professionnels des territoires concernés, l’Ordre des médecins, la CPAM et l’ARS.
Des antennes locales de santé viendront compléter ce maillage : les médecins salariés pourront y effectuer des permanences, « 20 heures par semaine maximum », précise Jérôme Samalens, pour être au plus près des patients. « On demandera aux maires de mettre des locaux à disposition des médecins », ajoute Philippe Martin.
La question a été posée par un internaute sur le Facebook live : le centre départemental de santé acceptera le tiers payant. Rien ne changera donc, pour les patients : les médecins salariés seront soumis aux mêmes barèmes de remboursement de la Sécurité sociale que les libéraux. Ils participeront aussi à la permanence des soins.
Le projet sera officiellement lancé vendredi, en commission plénière, lors du débat d'orientations budgétaires qui se tiendra en présentiel, dans un contexte sanitaire qui s'est nettement amélioré ces dernières semaines. "Même si la politique de santé ne fait pas partie de ses compétences, le conseil départemental prend ses responsabilités dans un domaine dont nous savons qu'il est primordial pour nos concitoyens", conclut Philippe Martin qui voit dans cette politique volontariste "un vrai tournant dans la lutte contre la désertification médicale".
Le Gers a perdu 41 généralistes en 10 ans
Le Gers compte 2,45 médecins pour 1000 habitants: c’est en dessous de la moyenne nationale (3,38) et de la moyenne régionale (3,56). Un médecin gersois sur deux a plus de 55 ans. Bernard Servaud, directeur de la CPAM, indique qu’en 10 ans le Gers a perdu 41 généralistes (167 exercent aujourd’hui contre 208 en 2010) et 15 spécialistes (77 aujourd’hui contre 92 en 2010). La démographie des spécialistes a connu un rebond ces dernières années, mais c’est un peu en trompe-l’œil. «Des spécialistes toulousains proposent des consultations avancées à la Polyclinique de Gascogne. D’autres spécialistes exerçant dans les Landes, le Lot-et-Garonne ou la Haute-Garonne, offrent des plages de rendez-vous à des patients gersois dans des cabinets médicaux ou dans des maisons de santé pluridisciplinaires du Gers».
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