Mission d’enquête parlementaire sur l’islamo-gauchisme : les Universités n’appartiennent ni à leurs présidents, ni au corps professoral mais à la Nation<!-- --> | Atlantico.fr
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Les députés LR, Julien Aubert et Damien Abad, demandent la création d'une mission d'information parlementaire sur les "dérives intellectuelles idéologiques dans les milieux universitaires".
Les députés LR, Julien Aubert et Damien Abad, demandent la création d'une mission d'information parlementaire sur les "dérives intellectuelles idéologiques dans les milieux universitaires".
©Thomas SAMSON / AFP

Tribune

Les députés Les Républicains, Julien Aubert et Damien Abad, demandent la création d'une mission d'information parlementaire sur les "dérives intellectuelles idéologiques dans les milieux universitaires".

Julien Aubert

Julien Aubert

Julien Aubert est ancien député de Vaucluse, vice-président des Républicains

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En voulant diligenter une enquête sur la lente dérive de l’université, traversée par des courants idéologiques -l’indigénisme, le décolonialisme, l’intersectionnalité ou encore l’islamisme - le Ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s’est retrouvée sous le feu croisé d’un demi-millier d’universitaires et intellectuels qui ont réclamé sa démission.

Au cœur de la polémique, l’emploi d’un mot pour résumer le problème auquel les universités sont confrontées : l’islamo-gauchisme. Ce terme ne serait pas « scientifiquement prouvé », et le CNRS, chargé d’enquêter pour le compte du Ministre s’est empressé d’ailleurs de le critiquer. Enquêter serait donc une chasse aux sorcières, du Mac Carthysme, bref l’Université est sacrée et appartient à ceux qui la font vivre.

Le mot d’islamo-gauchisme, forgé par Pierre-André Taguieff désigne pourtant une congruence constatée. Historiquement, il tente de cerner l’étrange rapprochement entre la Gauche post-marxiste et radicale, pétrie d’internationalisme et de l’autre des mouvements islamistes en lutte dans les années 90 contre le sionisme. Au cœur de ce croisement de trajectoires singulier, une place à prendre pour remplacer dans l’imaginaire marxiste le prolétaire ouvrier. Le musulman palestinien devient la nouvelle figure de proue de l’oppression impérialiste et capitaliste que cette Gauche pourrait idéaliser et défendre.

Les années ont passé et en France, il semblerait que le sionisme ne soit plus l’adversaire principal de cette alliance tactique mais plutôt le modèle patriarcal, blanc, chrétien qui sert d’ossature - les marxistes parleraient de super-structure - à la Nation Française. D’un côté, une Gauche influencée par la French Theory et l’exemple américain, se mettrait à déconstruire les mécanismes de domination implicite, et déboucherait non pas sur du Proudhonisme mais du « Proudisme », c’est à dire la fierté (proud) d’être minoritaire (et victime) du système en tant que non-blanc, non-genré, non chrétien etc... De l’autre, l’immigration massive aurait généré sur notre territoire un communautarisme islamique allogène soucieux de revendiquer sa singularité vestimentaire, alimentaire ou comportemental, qui deviendrait l’allié tactique des précités, en tant que victime de la République (laïcité agressive, ghettos...).

Le meilleur exemple de cette convergence, ce sont ces féministes dites "post-coloniales" qui défendent une vision pluri-identitaire du féminisme et de la société, et revendiquent la liberté de chacune à disposer de son corps et à se vêtir comme bon lui semble, voile inclus, comme le Collectif du 8 mars pour tout-e-s. L’écriture inclusive et l’islam conservateur, marchent main dans la main.

Avec Damien Abad, j’ai souhaité que l’Assemblée nationale puisse soulever le couvercle de la marmite universitaire, qui semble bouillonner sous le feu doux de cet islamo-gauchisme militant : des étudiants ont témoigné de la montée d’un sectarisme dangereux, qui s’oppose à ce que des conférences ou des cours ne cadrant pas avec leur vision du monde, se tiennent ; des professeurs s’alarment du mélange des genres entre liberté de recherche et militantisme ; des membres du personnel universitaire m’ont également alerté sur la radicalisation rampante et le recul des libertés.

Cette mission devrait pour moi explorer trois grands thèmes.

Le premier est la manière dont s’articule exactement cette montée de revendication communautaire pourtant rigide (je pense au port du voile, aux livres qui ne devraient pas être étudiés, mais aussi à la place de la femme) avec un gauchisme libertaire qui devrait par nature être allergique à tout ce qui ressemble à un conservatisme. Faut-il considérer l’islamo-gauchisme comme une réalité ou y’a-t-il deux courants qui se chevauchent et seraient tactiquement alliés ?

Un second sujet serait de comprendre si cet engouement est spontané, c’est à dire lié à une évolution sociale (reflet de la jeunesse de France), ou bien importé des campus américains, ou bien encore piloté par des réseaux qu’il reviendrait évidemment d’identifier. Certains professeurs ont immédiatement hurlé qu’on mettait en cause leur liberté académique mais ne peut-on pas étudier le stalinisme ou le nazisme, sans tenter de convertir ses élèves à ces idéologies néfastes ? Evidemment. Sinon, il me semble qu’on mélange ici recherche et militantisme.

D’ailleurs, sur ce point, les blocages de cours ou les pressions pour interdire certains auteurs semblent indépendants du sujet académique, ce qui tendrait à prouver qu’il existe plusieurs phénomènes disjoints. De même, certaines écoles comme Sciences Po ont établi des bibliographies à l’attention des étudiants qui étaient extrêmement orientées, ce qui engage plus l’administration que le corps professoral stricto-sensu.

Le troisième sujet est la dangerosité de cette idéologisation de l’Université. Est-ce un phénomène marginal ou bien massif, ciblé sur quelques campus ou bien touche-t-il toutes les universités ? Quelles pourraient être les conséquences de moyen-terme en termes de qualité d’enseignement, d’attractivité ou bien de rayonnement intellectuel pour les universités concernées ? Comment le vivent les étudiants soumis à des pressions par rapport à leurs opinions politiques, leur genre ou leur religion ?

Toutes ces questions méritent d’être posées et se heurtent pour le moment à la mauvaise foi. La liberté (académique) ne peut être invoquée pour museler la liberté d’expression et les droits du Parlement. Les Universités n’appartiennent ni aux présidents, ni au corps professoral mais à la Nation.

Ceux qui expliquent que ce sujet est périphérique par rapport aux problèmes matériels (que personne ne nie) des étudiants semblent croire que la santé et le bien-être se limitent à avoir un professeur et une salle. Le bien-être psychologique des étudiants - un environnement respectueux du pluralisme intellectuel - est tout aussi important que leur bien-être matériel. On peut d’ailleurs vouloir résoudre les deux simultanément.

Enfin, en conclusion, je trouve risible de constater que ce sont les mêmes qui depuis 30 ans surveillent la possible résurgence d’un pétainisme dans notre pays, en instrumentalisant au passage l’anti-racisme, qui aujourd’hui minorent le risque islamo-gauchiste. Ces belles âmes refusent de voir que la naïveté gauchisante a engendré un fascisme bien réel celui-ci, appuyé sur la déconstruction de la Nation et la revendication des identités singulières.

Tous les Républicains doivent faire bloc contre ce nouveau péril. Il n’y a plus de temps pour les atermoiements. Ce phénomène fascisant car essentialisant pourrait devenir à terme un problème pour la démocratie toute entière.

Julien Aubert 

Député Les Républicains du Vaucluse

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