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Déjà 43 SDF sarthois relogés grâce à l'opération "Un regard, un sourire, un toit"

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Lancée début 2020, l'opération "Un regard, un sourire, un toit" a déjà permis de reloger 43 SDF sarthois grâce au dispositif de l'intermédiation locative. L'initiateur du projet, Jean-Luc Catanzaro, lui-même ancien SDF, espère que l'expérience sarthoise se déclinera ailleurs en France.

Après avoir passé deux ans à la rue, Ludo, 41 ans, a désormais un appartement dans le centre du Mans Après avoir passé deux ans à la rue, Ludo, 41 ans, a désormais un appartement dans le centre du Mans
Après avoir passé deux ans à la rue, Ludo, 41 ans, a désormais un appartement dans le centre du Mans © Radio France - Julien JEAN

L'opération "Un regard, un sourire, un toit" est un succès et un espoir pour ceux et celles contraints de vivre et dormir dehors. Lancée il y a un peu plus d'un an, elle a pour objectif de reloger des SDF sarthois dans des appartements grâce à l'IML, l'intermédiation locative. Le principe : une association, l'association Tarmarc dans le cas sarthois, se porte garante de la personne SDF auprès d'un bailleur privé acceptant de louer son logement à un sans domicile fixe, qui, au bout de huit mois, doit devenir locataire sans intermédiaire.  

43 SDF ont été relogés dans le département. Ludo, 41 ans, est le 43ème. Il est installé dans un F2 au Mans, avenue du Général-Leclerc. Avoir ses propres clés et ouvrir la porte de son appartement, c'est pour lui "un soulagement". Tout sourire, il fait la visite des lieux. Une salle de bain avec machine à laver, une pièce avec coin cuisine et une petite chambre. "C'est meublé, c'est bien. Il y a l'essentiel.

Ludo, ancien SDF, a désormais les clés de son appartement
Ludo, ancien SDF, a désormais les clés de son appartement © Radio France - Julien JEAN

L'essentiel, pour lui qui est passé par la prison puis la rue pendant "deux longues années", c'est un toit. "Content, content, content parce que j'étais dehors. Cela me fait plaisir de retrouver un appartement... et une autre vie." Ce logement représente un nouveau départ "parce que sans logement, on ne peut pas avoir de boulot". Il s'apprête désormais à passer son permis de conduire poids lourd et a un contact qui devrait lui permettre de décrocher un emploi dans le transport. "Je retrouve un peu de dignité, vous savez le regard des gens qui change, ces gens qui pensent qu'on est bon à rien quand on est à la rue.

Un exemple pour d'autres villes et départements

Initiée par Jean-Luc Catanzaro, ancien SDF aujourd'hui chef d'entreprise, l'opération "Un regard, un sourire, un toit" n'était pas une utopie : "Cela prouve que cela fonctionne. Et ça me touche. Je suis ému parce que je connais la rue, parce que je fais des maraudes, parce que c'est des copains et je sais ce que c'est que dormir dehors. On ne dort pas bien dehors, même s'il ne fait pas froid, parce qu'on n'est pas serein." La moitié des SDF relogés ont ensuite retrouvé un emploi. .  

La belle idée de Jean-Luc Catanzaro s'est donc concrétisée. Il ne s'attendait pas toutefois à un tel succès. "Clairement non mais c'est juste génial. Mon ambition moi c'est simple, c'est de le faire savoir, faire connaitre le dispositif pour trouver d'autres propriétaires. Et puis j'espère que d'autres grandes villes et d'autres départements suivent. J'ai déjà eu des appels de Lyon, de Montpellier et j'espère que ça va faire des petits."  

Jean-Luc Catanzaro à l'origine de l'opération "Un regard, un sourire, un toit".
Jean-Luc Catanzaro à l'origine de l'opération "Un regard, un sourire, un toit". © Radio France - Julien JEAN

Des propriétaires moins réticents

Le pari n'était pourtant pas gagné. Il fallait notamment réussir à convaincre les propriétaires de logements. "J'ai discuté avec beaucoup de copains qui sont propriétaires et qui me disaient "tu comprends qu'on puisse se poser quelques questions et s'inquiéter pour notre appartement" mais lorsque tu es à la rue et qu'on te tend la main et qu'on te permet d'avoir enfin un toit, eh bien tu en prends vachement soin de l'appartement."

Et doucement les réticences tombent. Edouard Chalmin a par exemple décidé de franchir le pas. Ce banquier manceau investit dans l'immobilier locatif depuis 15 ans. Il possède aujourd'hui une trentaine de logements dont un appartement loué depuis cinq mois à un SDF. "Cela se passe très bien. J'ai pas de nouvelles et comme on dit pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Après on ne va pas se mentir, tous les propriétaires que je connais, autour de moi, sont prudents, il faut les convaincre. Mais moi, cela donne du sens à ce que je fais." Si l'expérience est concluante, il n'exclut pas de louer bientôt d'autres logements à des personnes en situation de précarité.   

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