Un ancien policier de Nanterre jugé pour le viol d'une douzaine d'enfants dont ses deux nièces originaires d’Occitanie

  • Il est également poursuivi pour enregistrements et diffusion de vidéo pédopornographiques. Il est également poursuivi pour enregistrements et diffusion de vidéo pédopornographiques.
    Il est également poursuivi pour enregistrements et diffusion de vidéo pédopornographiques. - DDM-MARC SALVET
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l'essentiel Un ex-policier de Nanterre est jugé à partir de ce lundi, devant la cour criminelle départementale de Versailles pour des viols et attouchements sexuels sur de très jeunes enfants, dont ses deux nièces originaires d’Occitanie.

Une terrible affaire de pédocriminalité est jugée à Versailles, ce lundi 1er mars, devant la cour criminelle départementale des Yvelines. « Nausée », « haut-le-cœur », « dégoût », sont les mots qui reviennent souvent à l’évocation de ce dossier hors norme où il est question de viols sur de très jeunes enfants, dont certains résidaient en Occitanie.

Toute cette semaine, un ancien policier de 36 ans, gardien de la Paix à Nanterre, est jugé pour viols, attouchements, enregistrement de vidéo pédopornographiques, détention et diffusion d’images, sur mineurs de moins 15 ans.

Au total, 26 parties civiles sont représentées dont ses deux nièces et des enfants d’amis. L’enquête des policiers de la sûreté départementale des Yvelines a mis au jour une douzaine de victimes, filles et garçons, âgés de 4 mois à 12 ans au moment des faits, sur une période allant de 2012 à 2018, en Occitanie mais aussi dans les Landes et en Seine-Maritime.

Lorsqu’en 2018 les enquêteurs travaillent sur cette affaire, les gendarmes de Verrières-en-Anjou (Maine-et-Loire) interpellent et placent en garde à vue un homme aujourd’hui âgé de 27 ans, dans le cadre d’une autre enquête. Les militaires avaient alors été alertés par la plateforme Pharos, signalant des contenus illicites sur le web. Ce suspect, domicilié à Angers et se faisant appeler « Panda bleu » sur le net, était en lien avec l’ex-policier. Les deux hommes sont alors accusés d’échanger photos et vidéos pédopornographiques via des messageries cryptées. Ce dossier fait l’objet d’une procédure à part notamment pour tortures et actes de barbaries sur des enfants. Arrêté à son tour, l’ex-fonctionnaire de police nie dans un premier temps toute accusation de pédocriminalité avant de passer aux aveux. À son domicile, les enquêteurs découvrent sur son ordinateur 237 000 photos et 6 847 vidéos mettant en scène des enfants avec des adultes.

Parmi ces collections de l’horreur, des images de cadavres d’enfants avec lesquels des adultes ont des relations sexuelles. Durant une petite dizaine d’années, cet homme avait l’habitude de filmer ses mises en scène avec ses très jeunes proies, caméra GoPro sur la poitrine ou posée sur un trépied, avant de diffuser les images sur le darknet, ce réseau caché sur internet utilisant des protocoles spécifiques pour ne pas être détectés.

Baby-sitter chez sa sœur

Pour faire partie de la communauté des pédocriminels du net, il aurait ainsi diffusé et partagé des images suffocantes d’attouchements et de viols sur des enfants. Comme un rite de passage obligé. En retour, il aurait eu accès au téléchargement d’un guide pratique du parfait prédateur contenant toutes sortes de conseils pour mieux approcher les enfants, selon leur âge et en utilisant des vocables adaptés. Sous son lit, plusieurs cartes postales échangées avec le suspect arrêté par les gendarmes, peu de temps avant, sont retrouvées avec des photos d’enfants sodomisés.
En Occitanie, de 2012 à 2018, il rend visite à sa sœur et s’occupe de temps en temps de ses nièces alors âgées de 4 mois et 3 ans. « Quand il se retrouvait seul avec elles, dans leur chambre, il parvenait à ses fins sans être soupçonné car son statut de policier, à l’époque, faisait de lui un oncle irréprochable », commente Me Christophe Léguevaques, avocat toulousain qui représente la famille des deux victimes, avec Me David Nabet-Martin. Attouchements, viol digital, sont les principaux faits reprochés à cet oncle qui une semaine avant son interpellation, en 2018, aurait procédé à de nouveaux attouchements sur l’une de ses nièces, profitant de l’absence des parents.

« Ce procès doit permettre de comprendre sa trajectoire et comment il en est arrivé là. Les faits sont reconnus mais certaines qualifications sont encore à discuter. Il poursuit des soins dans un centre pénitentiaire », assure l’avocat de l’accusé, Me Théo Héguy.

Il a fait des émules

Grand joueur de jeux vidéo et notamment du célèbre jeu en ligne « World of warcraft », un jeu de rôles aux confins du fantastique, l’ex-policier, passait également ses week-ends avec son acolyte du Maine-et-Loire, qu’il aurait formé à la pédocriminalité. « Il a fait des émules sur le darknet et à chercher à se documenter pour aller plus loin », poursuit Me Léguevaques.

Selon l’enquête de personnalité réalisée sur cet homme, ces penchants pour les jeunes enfants remonteraient alors qu’il était âgé de 14 ans. Il aurait expliqué son attirance pour les enfants alors qu’il n’était lui-même qu’un adolescent. En 2008, à l’âge de 23 ans, il aurait commis ses premiers sévices sur un proche de sa famille, un cousin de 3 ans à l’époque des faits.

Méthodique et collectionneur, l’ancien policier classait et archivait chaque fichier, sans aucune protection particulière. Ce n’est qu’à la vue de ces images insoutenables qu’il a reconnu les faits, devant le juge d’instruction. « Oui, j’ai fait ça ! », dit-il, en pleurs. Cet homme est jugé jusqu’à vendredi 5 mars par cinq magistrats professionnels, sans jury populaire. Il encourt 20 ans de réclusion.