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Donald Trump, en mode «Je reviendrai!»

Lors du congrès annuel des conservateurs républicains, l'ancien président, qui parle toujours de «scrutin volé», n'a pas exclu une candidature pour 2024. Il n'est par contre plus question de fonder un nouveau parti

Le discours de Donald Trump au CPAC était attendu à Orlando, en Floride. — © AFP / Joe Raedle
Le discours de Donald Trump au CPAC était attendu à Orlando, en Floride. — © AFP / Joe Raedle

Pour Donald Trump, l'écrin était parfait pour faire croire à un grand retour et exprimer une nouvelle fois sa rage contre l'administration Biden. La CPAC, grand-messe annuelle des conservateurs républicains, organisée cette année à Orlando (Floride), ressemblait à une sorte de thérapie de groupe et c'est l'ancien président qui a clos les trois jours de manifestations avec un long discours dimanche soir. Ses disciples l'attendaient à propos d'une possible candidature pour 2024. Ils n'ont pas été déçus. «Qui sait», a-t-il relevé après avoir une nouvelle fois déclaré que Joe Biden et les démocrates n'avaient pas gagné l'élection, «peut-être bien que je tenterai de les battre une troisième fois!».

«Unis comme jamais auparavant!»

Donald Trump a pu confirmer son influence au sein d'un parti qui peine à cacher ses divisions internes. En terrain conquis avec la frange la plus conservatrice du GOP (Grand Old Party), il s'est exprimé avec la même hargne et vigueur que lors de ses meetings de campagne, en empilant les contre-vérités. «Nous sommes engagés dans une lutte pour la survie de l'Amérique telle que nous la connaissons. Nous serons victorieux et l'Amérique, plus forte que jamais!», a-t-il lancé sur un ton conquérant. «Nous n'allons pas créer de nouveau parti, nous n'allons pas diviser notre pouvoir. Nous serons unis et puissants comme jamais auparavant!», a-t-il ajouté, alors que le parti a non seulement perdu la Maison-Blanche, mais également la majorité au Congrès. Quelques minutes plus tôt, les organisateurs de la CPAC avaient révélé les résultats d'un sondage interne: Donald Trump est le candidat préféré pour 2024. Mais seuls 68% des participants souhaitent qu'il brigue un nouveau mandat présidentiel.

Mitch McConnell, le leader des républicains au Sénat, est le meilleur exemple du malaise qui traverse le parti. Il a jugé Trump non coupable lors de son procès en destitution, tout en l'accablant et en le critiquant férocement. Puis, il a fait savoir qu'il n'hésiterait, malgré tout, pas à le réélire. Incompréhensible et dur à suivre? Mitch McConnell cherche à se distancer de son ancien ami devenu encombrant, mais il sait aussi qu'il ne peut pas se permettre de s'aliéner ses électeurs les plus trumpistes s'il veut lui-même continuer d'exercer un rôle important au sein du parti. D'où ses circonvolutions et grands écarts.

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Donald Trump a quitté Washington pour son club privé de Mar-a-Lago, en Floride, en boycottant la cérémonie de prestation de serment de son successeur Joe Biden. Il a dénoncé un «scrutin volé», des «fraudes massives» et a été mis en accusation pour «incitation à l'insurrection» après l'attaque meurtrière du Capitole du 6 janvier. S'il est bien ressorti blanchi de son deuxième procès en destitution, Donald Trump n'est pas pour autant à l'abri de difficultés. Il pourrait faire l'objet d'actions en justice au niveau fédéral et de certains Etats. La Cour suprême vient par exemple, la semaine dernière, d'accorder le transfert de ses déclarations fiscales, ainsi que d'autres documents financiers, à un procureur de Manhattan.

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S'il avait été reconnu coupable par le Sénat, Donald Trump aurait pu aussi faire l'objet d'une clause d'inéligibilité, qui l'aurait empêché de briguer un nouveau mandat présidentiel. Il y a échappé et tout reste donc du domaine du possible. C'est justement le point sur lequel insiste le principal intéressé, sans confirmer explicitement qu'il se portera candidat. Une façon d'entretenir la flamme, de faire durer le suspens et d'évaluer les risques qu'impliquerait une telle aventure.

Un Roger Stone dansant

Son discours était très attendu puisqu'il s'agissait de sa première vraie prise de parole en public depuis qu'il a quitté la Maison-Blanche. Parmi les orateurs de la CPAC, figuraient notamment son fils aîné Donald Trump Jr – qui s'en est pris frontalement aux républicains, dont Liz Cheney, qui attaquent l'ex président – et Mike Pompeo, l'ancien Secrétaire d'Etat, resté un de ses fidèles alliés. Point de Mike Pence en revanche. L'ex vice-président s'était attiré les foudres de Donald Trump pour ne pas avoir refusé de certifier la victoire de Joe Biden. Depuis, il se fait très discret.

Le congrès d'Orlando a permis à de nombreux soutiens de Donald Trump d'afficher de nombreux gadgets à son effigie. Au centre du hall de conférence, trônait d'ailleurs une grande statue dorée le représentant avec des tongs rouges et une baguette magique, oeuvre de l'artiste Tommy Zegan. Quant à Roger Stone, un des anciens conseillers de Trump, inculpé dans le cadre de l'affaire de l'ingérence russe dans la présidentielle de 2016 puis gracié par le président avant de quitter le pouvoir, il a été filmé en se trémoussant devant une camionnette avec Donald Trump peint en immense, tous biceps dehors. A côté d'un rappeur qui assène que «Trump a gagné». La séquence a été largement partagée sur les réseaux sociaux.