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« Cette guerre est en train de faire disparaître toute une génération » : pour l’ONU, l’aide humanitaire au Yémen est très insuffisante

Seuls 1,7 milliard de dollars ont été récoltés, sur les 3,85 milliards espérés par les Nations unies, lors de la conférence internationale des donateurs, le 1er mars.

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Publié le 02 mars 2021 à 10h55, modifié le 02 mars 2021 à 12h22

Temps de Lecture 3 min.

Un travailleur porte un sac de farine fourni par une ONG aux bénéficiaires d’un camp pour personnes déplacées dans la banlieue de Sanaa, au Yémen, le 1er mars 2021.

La déception était grande, lundi 1er mars, aux Nations unies face au manque de mobilisation pour le Yémen, au bord d’une famine généralisée. Lors de la conférence des donateurs, coorganisée par la Suède et la Suisse en visioconférence, et à laquelle participaient cent gouvernements et donateurs particuliers, seuls 1,7 milliard de dollars ont été récoltés, sur les 3,85 milliards de dollars espérés (environ 3,18 milliards d’euros). « Le résultat de la réunion d’aujourd’hui (…) est décevant, a regretté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Des millions d’enfants, de femmes et d’hommes yéménites ont désespérément besoin d’aide pour vivre. Réduire l’aide équivaut à une peine de mort. »

Nouvelle dégradation

M. Guterres avait pourtant alerté sur la nouvelle dégradation de la situation dans le pays, qui connaît déjà, selon l’ONU, la pire crise humanitaire au monde. Six ans après le début du conflit qui oppose les rebelles houthistes, soutenus par l’Iran, aux forces loyales au gouvernement yéménite, appuyées par la coalition militaire emmenée par l’Arabie saoudite, plus de 130 000 personnes ont été tuées et 3,3 millions déplacées. « Pour la plupart des gens, la vie au Yémen est désormais insupportable, a décrit le secrétaire général de l’ONU. La période de l’enfance est désormais un enfer. Cette guerre est en train de faire disparaître toute une génération de Yéménites. »

Selon les Nations unies, plus de 16 millions de Yéménites, soit environ la moitié de la population de 29 millions d’habitants, seront confrontés à la faim cette année. Près de 50 000 d’entre eux « meurent déjà de faim dans des conditions proches de la famine » et 400 000 enfants de moins de 5 ans pourraient mourir de malnutrition aiguë « sans traitement d’urgence ». La famine et les épidémies de Covid-19 et de choléra sont autant de plaies supplémentaires dans ce pays où l’économie s’est effondrée, où le système de santé a périclité et où d’innombrables enfants restent privés d’éducation, certains ayant même été recrutés pour combattre.

« En six ans de guerre, le pays a perdu près de vingt ans en développement et c’est toute une génération qui a grandi avec ce conflit et va en payer le prix », estime Auke Lootsma, le directeur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)

La chute des financements de l’aide dans le contexte de pandémie – notamment de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, qui dénoncent également le détournement de l’aide par les houthistes – a empiré la situation. En 2020, il manquait déjà 1,5 milliard de dollars sur les 3,4 milliards requis par l’ONU, ce qui a obligé l’organisation à supprimer l’aide essentielle dans 300 centres de santé et à réduire, voire interrompre, plus d’un tiers de ses principaux programmes humanitaires.

« Absence de moyens de subsistance »

« Nous ne faisons pas seulement face à la pire crise humanitaire au monde, mais à la pire crise de développement aussi. En six ans de guerre, le pays a perdu près de vingt ans en développement et c’est toute une génération qui a grandi avec ce conflit et va en payer le prix », estime Auke Lootsma, le directeur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Yémen. « La famine n’est pas due au manque de nourriture, mais à l’absence de moyens de subsistance. Les Yéménites ne peuvent acheter de la nourriture, qui est à 90 % importée. Il faut compléter l’aide alimentaire par des programmes pour développer les moyens de subsistance, l’agriculture et la pêche locales », ajoute l’humanitaire.

L’offensive lancée le 8 février par les rebelles houthistes dans la province pétrolière de Marib, à 120 kilomètres à l’est de la capitale, Sanaa, pour arracher le dernier bastion loyaliste dans le nord du pays, fait craindre une nouvelle crise humanitaire. Elle donne lieu à des combats meurtriers et au pilonnage des positions houthistes par l’aviation saoudienne, alors que plus d’un million de Yéménites ont trouvé refuge dans la province. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), les combats ont déjà déplacé plus de 8 000 personnes. Plus de 380 000 autres personnes pourraient être déplacées si les combats gagnaient la ville de Marib.

Les humanitaires espèrent que le changement de pied des Etats-Unis depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche permettra de relancer le dialogue politique et de mettre un terme au conflit. La nouvelle administration a renoncé à soutenir l’intervention militaire de la coalition emmenée par Riyad et a retiré les rebelles houthistes de la liste des « organisations terroristes » pour ne pas entraver l’acheminement de l’aide humanitaire dans les territoires qu’ils contrôlent et où vit la majorité de la population yéménite.

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