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Guerre d'Algérie: la France reconnaît qu'Ali Boumendjel a été «torturé et assassiné» par son armée

Cette reconnaissance fait partie des gestes d'apaisement recommandés par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur la colonisation et la guerre d'Algérie. Ce geste «n'est pas un acte isolé», promet le président français

Le 5 mai 2001, Malika Boumendjel, la veuve d'Ali Boumendjel, à Puteaux. — © Eric Feferberg / AFP
Le 5 mai 2001, Malika Boumendjel, la veuve d'Ali Boumendjel, à Puteaux. — © Eric Feferberg / AFP

Le président Emmanuel Macron a rétabli la vérité mardi, «au nom de la France», sur le meurtre de l'avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel, qui avait été maquillé en suicide pendant la Guerre d'Algérie. «Aujourd'hui, le président de la République a reçu au Palais de l'Elysée quatre des petits-enfants d'Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que Malika Boumendjel aurait voulu entendre: Ali Boumendjel ne s'est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné» par l'armée française, ajoute la présidence.

«Au coeur de la Bataille d'Alger, il fut arrêté par l'armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957», détaille l'Elysée dans un communiqué. En 2000, «Paul Aussaresses (ancien responsable des services de renseignement à Alger) avoua lui-même avoir ordonné à l'un de ses subordonnés de le tuer et de maquiller le crime en suicide.»

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Cette reconnaissance, que le chef de l'Etat a lui-même annoncé aux petits-enfants d'Ali Boumendjel, fait partie des gestes d'apaisement recommandés par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur la colonisation et la guerre d'Algérie, afin de résoudre les tensions autour de la mémoire de ce conflit.

Un devoir de vérité et d'apaisement en cours

Le président de la République «leur a également dit sa volonté de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs années pour recueillir les témoignages encourager le travail des historiens par l'ouverture des archives, afin de donner à toutes les familles des disparus, des deux côtés de la Méditerranée, les moyens de connaître la vérité».

Ce geste «n'est pas un acte isolé», promet le président dans ce communiqué. «Aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant la Guerre d'Algérie ne peut être excusé ni occulté.»

«Ce travail sera prolongé et approfondi au cours des prochains mois, afin que nous puissions avancer vers l'apaisement et la réconciliation», conclut le communiqué, qui plaide pour «regarder l'Histoire en face, reconnaître la vérité des faits» pour «la réconciliation des mémoires».

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«La génération des petits-enfants d'Ali Boumendjel doit pouvoir construire son destin, loin des deux ornières que sont l'amnésie et le ressentiment. C'est pour eux désormais, pour la jeunesse française et algérienne, qu'il nous faut avancer sur la voie de la vérité, la seule qui puisse conduire à la réconciliation des mémoires», précise l'Elysée. Le mois dernier, la nièce d'Ali Boumendjel, Fadela Boumendjel-Chitour, avait dénoncé un «mensonge de l'Etat (français) qui fut dévastateur».