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Rome : une Française spoliée de ses droits sociaux par les Pieux Etablissements

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Rome : une Française spoliée de ses droits sociaux par les Pieux Etablissements

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Depuis une dizaine de jours, Joëlle B., salariée de cette vieille institution catholique sous responsabilité de l'ambassade de France au Vatican, demande qu'on lui reverse ses cotisations sociales engrangées pendant près de 16 ans. Une requête légitime comme son contrat régi par loi française l'exige. Ce n'est pas le premier cas, mais c'est la première fois qu'une employée décide de parler. Explications.

Emmitouflée dans un épais manteau de laine marron pour se protéger du froid, Joëlle B.* prie face à un grand crucifix. Elle serre un livre dans ses mains, « Ma bible est une autre bible » de l’écrivain israélien Meir Shalev. Dans la nef feutrée ou flotte un résidu d’odeur âcre, quelques soutanes s’agitent sous les trois grands tableaux du Caravage qui résument la vie de l'apôtre Saint Matthieu. La scène se passe à Rome, en l’église Saint Louis des Français coincée entre le Sénat italien et le très célèbre café Saint Eustache, connu dans le monde entier pour sa torréfaction artisanale au bois.

Depuis le 22 février dernier, Joëlle B. jeûne et prie dix heures par jour. Elle arrive au petit matin armée de son manteau et de sa bouteille d’eau, s’assoit dans une petite chapelle ou sur un banc dans la nef et repart le soir à 19 h 30 lorsque l’église ferme ses battants. Mais ces longues prières et ce jeûne épuisant ne sont pas seulement le fait de sa grande piété et du carême. Par cette action expliquent ses proches, Joëlle souhaite obtenir la régularisation de sa situation et le respect de ses droits légitimes de salariée française. Car pendant seize ans, son employeur, la fondation des Pieux Etablissements de la France à Rome et à Lorette, n’a pas payé ses cotisations sociales, la privant en particulier de retraite lorsqu’elle rentrera dans son pays.

Une fondation au patrimoine imposant

Pourtant, ce n’est pas l’argent qui manque aux "Pieux", comme on les appelle familièrement dans la communauté française implantée à Rome, et dont la vocation était au départ, de secourir les pèlerins et les indigents français. C'est en tout cas que l’article 8 (supprimé en 1971), du statut de cette institution placée sous l'autorité de l'ambassadeur - aujourd'hui une ambassadrice - auprès du Saint-Siège stipule. L'ambassade de France au Vatican que nous avons contacté, refuse « de réagir carl'affaire est actuellement en justice ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne