Le groupuscule d’extrême droite Génération identitaire dissous en conseil des ministres

L’association « incite à la discrimination, la haine et la violence », a justifié le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Une manifestation de Génération identitaire le 17 novembre 2019 à Paris.

Une manifestation de Génération identitaire le 17 novembre 2019 à Paris. PHILIPPE LOPEZ / AFP

Le groupuscule d’extrême droite Génération identitaire a été dissous ce mercredi 3 mars en conseil des ministres. « Comme le détaille le décret [de dissolution, NDLR] que j’ai présenté, elle incite à la discrimination, la haine et la violence », a justifié le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

« Cette association et certains de ses militants doivent être regardés comme tenant un discours de haine incitant à la discrimination ou à la violence envers des individus en raison de leur origine, de leur race et de leur religion » et, « par sa forme et son organisation militaires », Génération identitaire « peut être regardée comme présentant le caractère d’une milice privée », argumente encore Gérald Darmanin dans le décret de dissolution.

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Le mouvement d’extrême droite conteste cette décision. Leur avocat, Me Pierre-Vincent Lambert, va déposer un recours auprès du Conseil d’Etat pour excès de pouvoir ainsi qu’un référé auprès de la haute juridiction administrative pour annuler la suspension.

Une « idéologie xénophobe »

Cette dissolution avait été évoquée pour la première fois le 26 janvier par le ministre de l’Intérieur, qui s’était dit « scandalisé » par une opération anti-migrants du groupuscule d’extrême droite dans les Pyrénées. Le 13 février, il avait annoncé avoir engagé la procédure de dissolution.

Dans un courrier de sept pages consulté par l’AFP et Europe1, le ministère avait énuméré plusieurs raisons justifiant, à ses yeux, de dissoudre l’association. Beauvau avait notamment estimé que ses actions relevaient de la « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine », l’un des motifs prévus par le code de la sécurité intérieure (CSI) pour prononcer une dissolution administrative.

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Sous couvert d’un discours politique sur la « préférence nationale », ce mouvement met en œuvre une « idéologie xénophobe », ajoutait le courrier, en citant l’occupation des toits de la Caisse d’Allocations familiales de Bobigny en 2019 derrière une banderole « De l’argent pour les Français, pas pour les étrangers ». Pour ces faits, 19 militants ont été condamnés en mars 2020 à des peines d’un à trois mois de prison avec sursis.

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Le ministère de l’Intérieur rappelait aussi les « actions violentes » de GI contre les étrangers, les musulmans en particulier, comme l’agression de supporters turcs lors de l’Euro 2016 de football en France. Les autocollants et T-shirt siglés Génération Identitaire retrouvés au milieu d’armes, de munitions et d’explosifs improvisés chez Aurélien Chapeau, mis en examen et écroué dans un dossier antiterroriste, accréditent également selon Beauvau la « capacité d’influence néfaste » de l’organisation, « dont les acteurs de l’ultra droite se revendiquent ».

Coutumier des actions « coup de poing »

Créé en 2012, Génération identitaire, dont le siège historique est installé à Lyon, revendique 2 800 adhérents mais le nombre de ses militants et sympathisants est plutôt estimé par les spécialistes à 800 tout au plus. Très actif sur les réseaux sociaux et coutumier des actions « coup de poing », le groupe affirme s’opposer à « l’islamisation » de la France et de l’Europe et prône la « remigration », soit le retour de tous les immigrés dans leur pays d’origine.

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Cette association loi 1901 avait pris la succession en 2012 de la branche jeunesse du groupuscule Bloc identitaire, aujourd’hui inactif – lui-même émanait d’Unité radicale, groupe dissous après la tentative d’assassinat sur Jacques Chirac, le 14 juillet 2002, par l’un de ses membres, Maxime Brunerie.

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