Souris, humidité... Le quotidien "invivable" de nombreux locataires, à Rouen

Les mesures contre l'habitat indigne se multiplient dans la Métropole de Rouen (Seine-Maritime). Un fléau qui ternit le quotidien de bien des habitants, témoignages à l'appui.

Les exemples de Rouennais  confrontés à des difficultés dans leur logement sont légion.
Certains logements peuvent peser sur le quotidien des habitants, comme en témoigne certains Rouennais.(©Adobe Stock/Illustration)
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Depuis plusieurs mois, la lutte contre l’habitat indigne s’intensifie dans la métropole de Rouen. Depuis quelques mois, des mesures sont mises en place pour lutter contre les marchands de sommeil, mais aussi aider les copropriétés en difficulté en termes de prévention et de réalisation des travaux nécessaires dans les logements.

Reste que les situations liées à des logements indignes ne sont pas rares sur le territoire, avec parfois des conséquences lourdes sur le quotidien ou la santé des habitants.

« Je ne savais pas que mes voisins avaient le même problème »

Ça a été le cas pour Joanna, qui a loué un appartement durant quelques mois, en plein centre-ville à Rouen, au sein duquel plusieurs habitants se plaignaient d’être en danger. « Je me trouvais au deuxième étage, raconte-t-elle. C’est là qu’il y avait le plus d’humidité. L’eau passait par les fenêtres au niveau des toilettes, de la chambre et de la salle de bain. Dans les toilettes, des morceaux de mur tombaient régulièrement. »

Arrivée en octobre 2019, elle a rencontré des problèmes deux mois plus tard. Elle les a signalés à son agence, mais n’a pas effectué de suivi, préférant trouver une autre solution de logement. « Je ne voulais pas passer le confinement chez moi, ni un hiver de plus. J’avais peur que l’eau rentre quand j’étais sortie. J’ai perdu du linge, des chaussures, des objets. »

Elle avait préféré se résigner, sans se douter des difficultés vécues également par ses voisins. « Malheureusement, on n’avait pas discuté entre nous. Je ne savais pas qu’ils avaient le même problème. »

« Au début on se dit : ‘C’est pas grave' »

Rémi aussi a connu la résignation. « J’étais jeune à l’époque. J’avais 24-25 ans. Peut-être que si on m’avait expliqué mes droits, j’aurais réagi plus tôt. » Il a vécu huit ans dans un même logement à Rouen. Il avait fini par habiter là en colocation avec un ami après une recherche de logement de plus de six mois. « Même avec du boulot, les offres nous filaient sous le nez. Comme on n’avait pas le choix, on l’a un peu pris par défaut et on a dit : ‘On va faire des travaux.' »

Dès la première visite, ils remarquent déjà quelques défauts, mais c’est en y vivant qu’ils découvrent tous les vices : « La plomberie était très ancienne, les toilettes, n’en parlons pas. Elles ont lâché. Il y avait une cour avec 3 cm de fientes de pigeon à l’arrière. Ça amène des maladies. C’était irrespirable dans deux pièces qui étaient face à la cour. Puis un autre problème est arrivé : la mérule s’était installé dans les planchers en chêne, du fait de l’humidité. Il y avait des fuites venant de l’appartement du troisième. Des murs s’effritaient dans la salle de bain. Et on avait beau boucher, il y avait des souris partout. »

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À chaque contact avec son propriétaire, la réponse semblait toujours la même. « Ce n’était jamais de sa faute. Il a fallu trois ans pour qu’il envoie une équipe de nettoyage dans la cour. » Ce n’est que dans « les deux ou trois dernières années » que Rémi a commencé à avoir le déclic. « Il y avait peut-être une solution de facilité au début. Ce n’était pas cher. Je n’étais pas toujours là avec le boulot. Au début, on se dit : ‘c’est pas grave.’ Et en fait, ça l’est. Quand les gens viennent chez toi et te disent que c’est pourri chez toi, ça fait réfléchir. »

500 copropriétés en difficulté

Tout l’immeuble appartenait à cette personne. Certains voisins ont fini par arrêter de payer leur loyer face aux problèmes qui s’accumulaient. Lui a fini par emménager ailleurs. « Ce n’était plus du tout vivable. La société privée qui est venue faire l’état des lieux a essayé de garder ma caution, alors même qu’à l’entrée on avait marqué que tout était pourri… Là, j’ai mis la pression en évoquant des textes de loi, et je n’en ai plus jamais entendu parler. »

Quatre ans ont passé depuis ce moment. Rémi est repassé devant l’immeuble et a vu des entreprises de rénovation s’atteler sur la bâtisse. Elle avait changé de propriétaire. « J’ai discuté avec les ouvriers. Ils avaient enlevé tout le bois, tout refait au niveau de l’électricité et de la plomberie. Ils m’avaient alors dit : ‘Cet ancien proprio, c’est typique : c’est un marchand de sommeil qui achète des immeubles sans jamais faire de travaux. »

Des exemples comme ceux de Rémi ou Joanna, il en existe à la pelle sur le territoire. Les récents permis de louer mis en place dans plusieurs communes de la Métropole veulent participer à remédier à cela. Lors de son conseil du 8 février 2021, la Métropole Rouen Normandie a également voté la création d’une convention pour aider 48 copropriétés en grande difficulté, identifiées dans les quartiers prioritaires de plusieurs villes, afin de les accompagner dans leurs démarches.

« Ce sont des endroits où ça peut très vite déraper, souligne Fatima El Khili, adjointe à l’Urbanisme à Rouen. On l’a vu sur les ensembles Robespierre ou le Sorano. Mais à Rouen, cela concerne bien plus de logements. Ce sont quelque 500 copropriétés qui sont classées dans la catégorie des plus fragiles, rien que sur la ville de Rouen. »

Il reste du pain sur la planche.

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