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Avec La Maestra, les cheffes d'orchestre sont à la baguette

Sur 778 orchestres symphoniques permanents dans le monde, 48 seulement sont dirigés par une femme. A la tête du Paris Mozart Orchestra, Claire Gibault veut changer de partition avec l'aide de la Philharmonie et de mécènes acquis à la cause.

Le Paris Mozart Orchestra - dirigé par Claire Gibault - le PMO en concert au Théâtre des Quinconces au Mans (16 octobre 2015).
Le Paris Mozart Orchestra - dirigé par Claire Gibault - le PMO en concert au Théâtre des Quinconces au Mans (16 octobre 2015). (Gilles Mermet/PMO)

Par Martine Robert

Publié le 12 mars 2020 à 15:16Mis à jour le 17 mars 2020 à 10:50

Les femmes chefs d'orchestre souffrent encore de nombreuses discriminations. Sur les 778 orchestres symphoniques permanents recensés dans le monde, 48 seulement ont à leur tête une directrice musicale ou une cheffe, soit 6,2 %. Certes, en 2018, elles n'étaient que 4,3 %. Mais ces résultats restent pitoyables. 

De quoi agacer l'une de nos plus célèbres cheffes françaises, Claire Gibault , qui a créé sa propre formation il y a onze ans, le Paris Mozart Orchestra (PMO) : un ensemble engagé et solidaire qui défend la musique classique, la création contemporaine, le décloisonnement des arts, pour toucher les publics les plus éloignés, des établissements scolaires défavorisés aux prisons…. 

« J'ai constaté que les programmes mis en place aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni pour promouvoir de jeunes cheffes portaient leurs fruits. Alors j'ai décidé de lancer en France « La Maestra », un concours et une académie des cheffes d'orchestre », explique Claire Gibault. 

D'emblée, elle reçoit un accueil enthousiaste de Laurent Bayle , le directeur général de la Philharmonie de Paris où se dérouleront les épreuves du 15 au 18 septembre. Claire Gibault sollicite alors les mécènes fidèles de son orchestre. « J'ai présenté mon projet à Dominique Senequier, présidente d'honneur de la Fondation Ardian et soutien du PMO, elle a été convaincue et a décidé de financer l'organisation du concours », raconte-t-elle. 

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Claire Gibault, l'une des rares femmes cheffes d'orchestre, a créé son ensemble le Paris Mozart Orchestra

Claire Gibault, l'une des rares femmes cheffes d'orchestre, a créé son ensemble le Paris Mozart OrchestraRomain Fievet

Dominique Senequier, également administratrice de la fondation belge Polycarpe, qui organise son propre concours de chefs d'orchestre d'opéra, la met alors en contact avec Nathalie Rastoin, directrice générale du groupe Ogilvy France qui lui conseille, pour l'image, la légitimité, du concours, de bien le doter et de bien le médiatiser. Claire Gibault poursuit son tour de table et se tourne vers Marie Stéphane Maradeix, déléguée générale de la Fondation Daniel & Nina Carasso, autre mécène de longue date du PMO. « Je rêve depuis des années d'un concours qui porterait votre nom ! » lui révèle alors celle-ci. 

Budget bouclé en quelques mois

La déléguée générale de la Fondation ADP, Laure Kermen-Lecuir, apporte dans la foulée sa contribution. Suivront encore le Crédit Mutuel, dont le président, Nicolas Théry, est très investi pour la parité homme-femme, le Chanel Fund for Women in the Arts and Culture apporté par le réseau de la Philharmonie, et l'association Musique Nouvelle en Liberté, impliquée dans la diffusion des compositeurs contemporains. 

En quelques mois, le budget de 400.000 euros est bouclé. « Plusieurs de ces femmes mécènes de ma génération ont dû, comme moi, vivre les humiliations et les réticences, se bagarrer, pour y arriver », poursuit Claire Gibault.

Ce concours, qu'elle codirige avec Laurent Bayle, est doté de trois prix du jury de 20.000, 10.000 et 5.000 euros, ainsi que de trois prix spéciaux : ceux des musiciens du PMO, du Comité des salles et orchestres français, et de l'European Concert Hall Organisation. La directrice générale du New York Philharmonic, Deborah Borda, préside un jury exigeant, international et paritaire, comprenant trois cheffes et trois chefs d'orchestre. Les premières épreuves, la répétition générale et la finale seront ouvertes au public. 

Les lauréates vont par ailleurs être accompagnées sur deux ans au sein de l'Académie La Maestra gérée également par le PMO et la Philharmonie , avec au menu, des concerts, ateliers, masterclasses, enregistrements, actions sociales, comme les orchestres pour enfants Démos

« Pour cette première édition, nous avons reçu 220 candidatures de 51 pays et en avons retenu 12. Je suis étonnée par le niveau et le charisme des candidates. Trop de directeurs de salles ne prennent même pas la peine de les rechercher. Si bien qu'on nous demande à présent les dossiers de celles qui n'ont pas été retenues ! » se félicite la cheffe du Paris Mozart Orchestra. 

Il était temps : la France ne figure même pas dans le Top 10 des pays ayant le plus de femmes à la tête d'un orchestre. Au rang des meilleurs élèves figurent la Belgique avec 37,5 %, la Norvège avec 28 % et le Pays-Bas avec 22 %. Pas de quoi pavoiser…

Martine Robert 

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