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Inde: le viol par une personne du même sexe n'est toujours pas puni par la loi

Une agression sexuelle par une personne du même sexe peut-elle être considérée comme un viol ? En France, et dans la plupart des pays occidentaux, c’est le cas, mais pas en Inde, où cela créé un vide juridique important voire des injustices. C’est ce que ressent Élodie Gendron, une Française qui vient de révéler qu’elle a subi un viol commis par une autre femme, et qui s’est confiée au micro de RFI.

Manifestante brandissant une pancarte appelant à dénoncer les viols à Calcutta, en décembre 2019.
Manifestante brandissant une pancarte appelant à dénoncer les viols à Calcutta, en décembre 2019. AFP - DIBYANGSHU SARKAR
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De notre correspondant à New Delhi, 

Élodie Gendron a 26 ans et cette professeure de yoga est arrivée récemment en Inde pour un projet professionnel. Elle est à Goa, dans l’ouest du pays, quand elle rencontre une psychologue et militante pour les droits des femmes et des homosexuels appelée Divya.

Les deux s’apprêtent à partir déjeuner quand Divya l’entraîne dans sa chambre, sous prétexte de soigner Élodie d’une petite blessure au pied, et lui offre un médicament. Mais c’était apparemment une drogue, car Élodie se retrouve immédiatement étourdie. Commence une cérémonie prétendument chamanique, au cours de laquelle Divya aurait violé Élodie.

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« C’était horrible, témoigne Élodie Gendron, je suis restée peut-être quatre heures assise, au bord du lit. Il y avait plein de voix qui sortaient d’elle, des voix différentes. Elle passait de voix de sorcières à me chanter : “You and me, forever be”. Là, elle m’a couverte de feuilles. Elle m’a aussi arraché la culotte et elle a rentré, je sais pas, 80 % de sa main. Ça a duré cinq minutes. Elle m’a dit que c’était la suite de notre amour et qu’elle plantait un arbre. Moi, je lui disais d’arrêter, que j’avais super mal, etc. »

Que se passe-t-il ensuite ?  Élodie réussit à sortir, et va rapidement déposer plainte. Les examens identifient des blessures, ses parties intimes, ce qui confirmerait l’agression. Mais la police ne retient pas les charges de viol, un crime passible de 10 années de prison minimum, car la loi indienne ne reconnaît ce crime que lorsque c’est un homme qui pénètre une femme sans son consentement.

Séquestration et agression sexuelle

Elle ne couvre donc pas tout acte homosexuel, commis sur des hommes ou des femmes. Dans ce cas, Divya n’a été accusée que pour séquestration et agression sexuelle, un crime puni seulement de 1 à 5 ans de prison. La psychologue, elle, nie toutes ces accusations et sa famille affirme qu’elle aurait été elle-même victime de violences pendant cette rencontre.

Cette Française mène maintenant un combat pour changer cette loi. Élodie a commencé à militer auprès des médias ainsi qu’à travers une pétition sur internet, afin de faire reconnaître le fait que toute pénétration forcée est un viol, même lors de relations homosexuelles. Et se rend compte que ce sujet est largement tabou en Inde.

« J’ai eu beaucoup de témoignages de personnes qui se sont déjà faites agresser par elle, et je me dis qu’une Indienne, clairement, elle ne va pas dire qu’elle s’est faite violer par une femme. Il faut savoir qu’elle est psychologue. J’ai eu trois commentaires de personnes qui m’ont dit que, pendant des sessions, elle essayait de les droguer. C’est quand même un gros cas, parce que c’est une activiste qui est assez reconnue, qui fait des TED Talk. Comme quoi, le diable peut parfois avoir un très beau visage », constate Élodie Gendron.

Divya a été entendue par la police mais a été relâchée sous caution.

 

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