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Covid-19: pourquoi une possible 3e vague sera différente des deux premières

Une infirmière auprès d'un patient atteint du Covid-19 hospitalisé en réanimation, le 25 janvier 2021 à l'hôpital de Lyon-sud, à Pierre-Bénite

Une infirmière auprès d'un patient atteint du Covid-19 hospitalisé en réanimation, le 25 janvier 2021 à l'hôpital de Lyon-sud, à Pierre-Bénite - JEFF PACHOUD © 2019 AFP

La vaccination massive des personnes âgées aurait pour conséquence un rajeunissement des patients hospitalisés et admis en soins intensifs dans les semaines à venir.

Une troisième vague de Covid-19 est-elle inévitable? Alors que les chiffres restent préoccupants en France et que des mesures de restriction sont prises chaque semaine au niveau local afin de circonscrire au maximum la propagation du virus, de nombreux scientifiques planchent sur la forme que pourrait prendre cette nouvelle période de diffusion massive du Sars-CoV-2 sur le territoire national.

Contacté par BFMTV.com, l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève, estime que les risques d'une troisième vague en France sont forts, mais que celle-ci n'est pas inéluctable. "Nous faisons des prévisions sur sept jours. Il y a des débuts de troisième vague en Italie, en Europe centrale dans des pays comme la Hongrie, la Bulgarie, la République-Tchèque ou la Serbie. Maintenant, on a l'expérience, les premières vagues étaient venues de Chine et d'Italie, il faut anticiper", explique-t-il.

Rajeunissement des patients

Comme l'infectiologue l'avait expliqué dans une série de tweets publiés ce lundi, le profil des malades lors de cette potentielle future vague devrait différer des deux premières, au cours desquelles les personnes les plus âgées étaient touchées.

"On vaccine les personnes âgées avec des vaccins qui sont efficaces contre le variant anglais, on devrait donc avoir une diminution des hospitalisations chez les plus de 75 ans. Les gens plus jeunes vont peut-être engorger les hôpitaux, ils sont souvent conduits en soins intensifs pour des périodes plus longues, il risque d'y avoir une tension hospitalière", détaille-t-il.

Cette tension hospitalière causée par la multiplication des malades plus jeunes s'explique également de manière logique, selon Antoine Flahault.

"Le Covid n'est pas plus grave chez les plus jeunes. Mais si vous êtes une personne âgée, alors vous serez hospitalisé pour par exemple compenser un diabète. Chez les jeunes, ce sont les cas les plus graves qui sont hospitalisés et admis en soins intensifs. Ce ne sont pas les mêmes types, il y aura moins de personnes âgées et leurs formes seront moins graves", prédit-il.

Ce phénomène est déjà visible dans les régions les plus touchées par la maladie en France. Dans les Alpes-Maritimes, de nombreux professionnels de la santé soulignent un rajeunissement de leurs patients atteints du coronavirus et admis en réanimation. Même constat à Paris, où les soignants de l'hôpital Saint-Louis alertent également sur ce rajeunissement de la population soignée.

"Le profil a évolué. Il y a un rajeunissement, on le voit parmi les patients que l'on admet en réanimation. La moyenne est un peu en dessous de 60 ans à Nice, ce n'est pas qu'un problème de nos concitoyens les plus âgés, mais de l'ensemble de la population", expliquait il y a plusieurs semaines Olivier Guérin, chef du pôle gériatrie du CHU de Nice et nouveau membre du Conseil scientifique.

Anticipation et "zéro Covid"

Afin d'éviter une nouvelle vague dévastatrice, Antoine Flahault appelle à "anticiper." Pour lui, il est important d'agir "avant le point de rupture", comme cela est le cas dans certaines îles du Pacifique dont la Nouvelle-Calédonie, où un confinement strict a été imposé. "Mais on ne sait pas faire ça en Europe, on attend que la courbe exponentielle devienne incontrôlable, mais il faudrait que des mesures fortes soient prises avant que ce risque", souligne-t-il, évoquant la stratégie "zéro Covid" mise en place dans certains pays asiatiques."

"C'est une stratégie qui évite le stop and go, il n'y a pas de petites montées. Au Japon, on a évité de dépasser les 5000 cas dans un pays de plus de 120 millions d'habitants, c'était le seuil en France. Là-bas, le haut de la vague correspondait au creux de la vague en France", conclut-il.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV