Douleur : l’effet placebo a été observé dans le cerveau

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 05/03/2021 Mis à jour le 08/03/2021
Actualité

Les traitements placebo qui réduisent la douleur diminuent l’activité de certaines aires cérébrales.

Pourquoi c’est important

Vous prenez un médicament contre la douleur et vous vous sentez mieux. Bonne nouvelle ! Mais est-ce dû aux molécules présentes dans le médicament ou à l’effet psychologique de la prise d’un traitement anti-douleur ?

Lors des essais cliniques « contre placebo », les chercheurs comparent un groupe de patients qui reçoivent un traitement test et un groupe auquel on donne un placebo, c'est-à-dire un faux médicament. Ceci permet de savoir si le traitement médicamenteux est supérieur au placebo, car même « avec du rien » pris comme médicament, des personnes arrivent à être soulagées de leur douleur… Quel mécanisme neurobiologique peut expliquer cet effet analgésique d'un placebo ?

Lire aussi : Les techniques corps-esprit aident à diminuer la douleur et les médicaments

L’étude

Les recherches qui s'intéressent à l’effet du placebo sur le cerveau sont souvent de petite taille. C’est pourquoi les chercheurs ont voulu réaliser une méta-analyse qui regroupe les résultats de différentes études. En tout, ils ont rassemblé 20 études de neuro-imagerie, avec 603 personnes en bonne santé. Ce travail a été réalisé par un goupe international de scientifiques appelé le Placebo Imaging Consortium et les résultats sont parus dans la revue Nature Communications.

Dans ces études, les participants disaient ressentir moins de douleur, preuve de l'effet analgésique du placebo. Les chercheurs ont voulu savoir comment le cerveau répondait au placebo. Par exemple s’il modifiait la façon dont l’individu élabore la sensation de douleur ou sa manière de supporter la douleur.

La  survenue de la douleur implique l'activation de plusieurs zones cérébrales à la fois : certaines traitent des informations corporelles et d’autres sont impliquées dans la motivation et la prise de décision.

Tor Wager, professeur de neurosciences, explique : « Nos résultats  indiquent que les participants qui ont expérimenté le plus de réduction de la douleur avec le placebo sont ceux montrant les réductions les plus importantes des zones cérébrales associées à la construction de la douleur. »

Les chercheurs ont réussi à localiser l’effet placebo dans certaines zones du cerveau, au niveau du thalamus et des ganglions de la base. Le thalamus est une porte d’entrée pour des signaux sensoriels et moteurs. Il comprend différents noyaux qui traitent des informations sensorielles.

Les résultats montrent que les régions du thalamus les plus impliquées dans la sensation de douleur sont affectées par le placebo. D’autres zones étaient touchées par le placebo :

  • des zones du cortex somatosensoriel impliquées dans la signalisation précoce de la douleur, dont le cortex insulaire : le placebo réduit l’activité de cette zone impliquée dans la construction de la douleur. La voie ascendante de la douleur va des zones du thalamus vers celles du cortex insulaire,
  • des ganglions de la base importants pour la motivation et pour relier la douleur et d’autres expériences à une action. D’après le professeur, « le placebo change les circuits qui sont importants pour la motivation. »

D’autres travaux ont montré que le cortex préfrontal est activé lors d’un effet placebo car il anticipe la douleur. Le cortex préfrontal sert à entretenir la croyance que la douleur existe. D’après le communiqué du Dartmouth College, quand le cortex préfrontal est activé, « il existe des voies qui déclenchent la libération d'opioïdes dans le mésencéphale qui peuvent bloquer la douleur et des voies qui peuvent modifier la signalisation et la construction de la douleur. »

Dans cette méta-analyse, les résultats concernant le cortex préfrontal étaient hétérogènes. Il n’était pas possible de désigner une région particulièrement activée dans le processus. L’effet placebo implique probablement différents mécanismes, variables en fonction des individus, selon les prédispositions de chacun.

En pratique

La compréhension de l’effet placebo pourrait aider à améliorer l’efficacité des traitements, par exemple lors d’une opération chirurgicale, ou dans un autre contexte. Qu'elles fassent ou non appel à l'effet placebo, plusieurs techniques non médicamenteuses permettent de soulager les douleurs, les médicaments surtout pris sur le long terme n'étant pas dénués d'effets secondaires parfois dangereux (maladie hépatique, addiction, overdose).

Ainsi selon une méta-analyse de 2016

  • l’acupuncture et le yoga soulagent efficacement les douleurs lombaires ;
  • l’acupuncture et le tai chi sont efficaces pour celles de l’arthrose du genou ;
  • les techniques de relaxation marchent bien dans les maux de tête et les migraines ;
  • les massages apportent un soulagement à court terme des douleurs cervicales.

On sait également que la méditation de pleine conscience permet de soulager la douleur en agissant sur le cerveau

Un livre pour aller plus loin : Le meilleur anti-douleur, c’est votre cerveau

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