La Banque centrale du Venezuela (BCV) l’avait annoncé vendredi et les nouveaux billets sont entrés en circulation ce lundi 8 mars. Dans son communiqué, repris notamment par Forbes México, la BCV explique que “ces nouveaux billets vont optimiser l’actuel système en circulation pour répondre aux demandes de l’économie nationale”.

Les trois nouveaux billets sont d’une valeur nominale de 200 000, 500 000 et 1 million de bolivars. Ce dernier ne représenterait que “50 cents de dollar” (dont le taux change tous les jours), titre El País América qui souligne que “l’hyperinflation a dévoré la monnaie locale”. 

Des prix qui n’ont plus grand sens

En 2018 déjà, le Venezuela de Nicolás Maduro avait dû enlever cinq zéros au bolivar. Si l’Institut national des statistiques ne publie plus de chiffres sur l’inflation, celle-ci a été estimée par la BCV à 3 000 % en 2020.

Sur une liste de 18 produits de base, signale le site vénézuélien Descifrado “seul un produit, le sel [1 kilo], coûte 680 000 bolivars, le reste dépasse les 2 millions”, soit plus que le total de la valeur des trois nouveaux billets entrés en circulation.

De toute façon, les prix en bolivars n’ont plus grand sens et de facto la quasi-totalité des échanges, même pour les produits de base, se font en dollars. Ce qui provoque également des problèmes, poursuit El País América, “en raison du manque de liquide pour rendre la monnaie”. 

Et ce ne sont pas les nouveaux billets qui vont freiner l’inflation, estime l’économiste Luis Oliveros, qui évoque dans un tweet, repris notamment dans cet autre article de Descifrado, celui de 1 million de bolivars : “Cerise sur le gâteau, il est à 100 % certain que son pouvoir d’achat baissera (presque quotidiennement).”

Le grand quotidien El Nacional, dans un commentaire titré “Comme au Zimbabwe”, écrit :

L’ajout de ces nouveaux billets au système monétaire vénézuélien nous plonge dans une profond tristesse, mais aussi dans une honte immense. Toutes ces pirouettes de Nicolás Maduro nous rappellent les errements du dictateur Robert Mugabe, qui poussa son pays, le Zimbabwe, dans une hyperinflation d’une ampleur que n’avaient pas imaginée les plus pessimistes des prévisions.”