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Mikhaïl Boulgakov, un écrivain maudit face à la censure soviétique

La malédiction de la censure aura poursuivi Mikhaïl Boulgakov toute sa vie. Empêché de montrer ses œuvres, il ne cessera jamais de remanier son roman-testament, « Le Maître et Marguerite ».

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Publié le 07 octobre 2020 à 16h00

Temps de Lecture 6 min.

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Mikhaïl Boulgakov, en 1928.

Moscou, 1940. A 48 ans, sur son lit de mort, aveugle, ter­riblement amaigri par une maladie qu’il sait incurable, Mikhaïl Boulgakov trouve encore la force de dicter à sa femme ces quelques ­phrases : « Dieux, ô mes dieux ! Comme elle est triste, la terre du soir ! Comme ils sont mystérieux, les brouillards des ­marais. Celui qui a erré dans ces brouillards, qui a beaucoup souffert avant de mourir, qui a volé au-dessus de la terre, portant un poids insupportable, celui-là ne le sait que trop. »

D’autres, en pareilles circonstances, auraient énoncé leurs dernières volontés. Boulgakov préfère revenir à la littérature. A son grand roman-testament, Le Maître et Marguerite, qu’il veut, ­jusqu’à la fin, peaufiner encore. « Dieux, ô mes dieux… », le dernier chapitre, coïncidant avec la fin de son auteur, on est tenté d’y voir un condensé de sa propre vie. Vie de « mystère », de « souffrance », d’« errance », de « brouillard » et de fardeaux trop lourds. De malentendus et de malédiction. Toute l’horreur qu’aura représentée, en particulier pour les artistes, le régime soviétique des années 1920 et 1930.

Abandon de la médecine

Né à Kiev en 1891, Mikhaïl Afanassievitch Boulgakov est le fils d’un professeur d’histoire des religions. Dès sa jeunesse, il se passionne pour le théâtre et l’opéra. Indépendant, le jeune Boulgakov est « un timide qui fait semblant », confie-t-il lui-même. Résultat, dès l’école, on le prend pour un meneur. Sa personnalité, cependant, suscite la méfiance. Lui s’en étonne : « La direction du lycée n’était pas bienveillante à mon égard. Je ne sais pourquoi mais ils me soupçonnaient toujours, moi si tranquille, de manigancer Dieu sait quoi. Dans l’ensemble, je n’ai jamais de ma vie eu de chance avec mes supérieurs », ­confiera-t-il à Sergueï Ermolinski, l’un de ses amis fidèles, dont les souvenirs ont été reproduits en préface du Maître et Marguerite dans la version française de Claude Ligny révisée par Marianne Gourg (Robert Laffont, 2012).

« Dans l’ensemble, je n’ai jamais de ma vie eu de chance avec mes supérieurs », Mikhaïl Boulgakov

A la mort de son père, Boulgakov ­décide d’étudier la médecine. Sorti ­diplômé de la faculté de Kiev en 1916, il s’enrôle au sein de la Croix-Rouge, travaille comme médecin durant la première guerre mondiale, la révolution et la guerre civile russe, sillonne les campagnes gelées, brave les tempêtes de neige pour rejoindre une parturiente ou un malade isolé. Des tribulations qui inspirent ses Récits d’un jeune médecin (L’Age d’homme, 1977).

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