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Paris: une policière a fourni des renseignements sur ses collègues à l'un de ses voisins, fiché S

Une cheffe de brigade de nuit du 14ème arrondissement a fourni des renseignements sur ses collègues a l'un de ses voisins, fiché S. Des renseignements très personnels sur ses collègues policiers.

Une policière, cheffe de brigade de nuit dans le 14ème arrondissement a fourni des renseignements à l’un de ses voisins, alors fiché S, a appris BFM Paris.

Les faits remontent au 13 février 2020. Une policière qui travaille dans le département de l'Eure-et-Loir convoque pour une audition un homme suite à des violences sur mineur. La fonctionnaire se renseigne sur cet homme et découvre qu'il fait l'objet d'une fiche S active, fiche pour individu dangereux susceptible d'être armé et d'être en lien avec un réseau de soutien logistique en lien avec la mouvance islamiste.

"On m'a parlé de votre mari"

Dès le début de l'audition, l'homme dit à la policière "on m'a parlé de votre mari". Il lui donne son nom, le nombre d'enfants qu'elle a. Il lui indique également qu'elle et son mari sont "des catholiques pratiquants". Son mari est policier lui aussi, dans le 14ème arrondissement de Paris.

Des informations très détaillées et très personnelles. La policière est choquée, recadre l'homme et l'interroge. Ce dernier lui avoue qu'il détient toutes ces informations de la part de sa voisine, elle-même policière.

Deux enquêtes ouvertes

L'homme va continuer de parler de religion mais la policière décide de mettre fin à l'entretien et rédige un rapport que BFM Paris s'est procuré.

"Au cours de cette audition, ce monsieur m'a indiqué qu'il avait obtenu des informations personnelles sur mon époux, mes enfants et moi-même, notamment qu'il savait le prénom de mon mari et que nous étions des policiers catholiques pratiquants", peut-on lire dans le rapport.

Les faits vont être remontés à la préfecture de police, les policiers du renseignement vont enquêter. Une enquête administrative a également été menée par des officiers du commissariat du 14ème arrondissement.

La procédure terminée

Aujourd'hui, la procédure est terminée mais rien n'a été découvert. C'est justement ce qui inquiète les policiers de la brigade de nuit du 14ème arrondissement. Il y a quelques jours, 20 fonctionnaires ont rédigé des rapports d'informations adressés à leur hiérachie et à la préfecture de police.

"Le 21 février 2021, le gardien de la paix (le conjoint de la policière) tente timidement de nous faire part de son inquiétude grandissante concernant son intégrité physique, celle de sa famille, mais également de celle de la totalité des effectifs de la brigade de nuit du 14ème", indique le rapport que BFM Paris s'est procuré.

"Suite à une enquête en cours il avait pour instruction de garder le silence sur cette histoire, dans le but de ne pas entraver le secret de l'enquête, or, plus d'un an après les faits, et l'enquête clôturée, il décide de nous informer de la gravité des faits dont il a été victime." Ainsi, les forces de l’ordre du secteur vivent dans la crainte que ces informations aient été diffusées dans les réseaux djihadistes.

La cheffe de bridade mutée

Contactée par BFM Paris, la préfecture de police de Paris indique "qu'une enquête administrative a été ouverte et aucun manquement grave de divulgation d'informations à un tiers n'a pu être imputé à la fonctionnaire mise en cause". Néanmoins, un avertissement lui a été notifié. La policière incriminée a été mutée et s’est vu infliger un avertissement. Des sanctions trop faibles selon ses collègues.

En mars 2021, l'homme radicalisé qui était fiché S ne l'est plus, mais il est connu défavorablement des services de police.

Raphaël Maillochon et Alicia Foricher