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Le masque pourrait créer un retard de langage chez les bébés, alertent certains psychologues

L’Université de Grenoble et des chercheurs chinois ont chacun mené une étude autour des conséquences du port du masque par les adultes pour les plus jeunes. Celui-ci pourrait notamment provoquer des retards langagiers et moteurs.

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Dans une tribune signée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik et publiée sur le Figaro, des psychologues alertent sur les conséquences du port du masque chez les adultes pour les très jeunes enfants. Le masque cachant une partie du visage, il cache également de nombreuses émotions. Le port du masque empêche les adultes «  d’exprimer le nuancier subtil des intentions relationnelles  » et cela représenterait «  une charge mentale insidieuse pour le bébé  », explique Boris Cyrulnik.

Dans son texte baptisé « Les bébés face aux masques : chronique d’une catastrophe annoncée », le spécialiste s’appuie sur deux études pour justifier les inquiétudes des professionnelles. La première est une étude chinoise publiée en juin 2020 qui note «  des retards langagiers, moteurs et sociaux notables, et même une réduction des courbes de poids  », surtout chez les enfants de moins de 4 ans. L’étude conclut en estimant qu’il est «  plausible que des impacts sur la croissance de l’enfant et le développement cognitif et physiologique puissent survenir  ».

Des interactions plus pauvres observées par 600 professionnels de la petite enfance

Les résultats de cette première étude sont confortés par une autre enquête plus récente, datant de janvier 2021 et menée par l’Université de Grenoble. Les 600 professionnels de la petite enfance interrogés ont remarqué des interactions langagières plus pauvres et ont observé plus de pleurs et d’anxiété. Certains enfants tentent parfois de retirer le masque de l’adulte ou au contraire ils ont peur face au visage démasqué. Enfin, les professionnels rencontrent des difficultés à déclencher le sourire réponse.

Quand à la question de l’adaptation de l’enfant, Boris Cyrulnik met en garde : «  Ne confondons pas adaptation et résilience : les enfants vivent et progressent malgré les difficultés, mais chaque entrave à leur développement a un coût, que ce soit en termes de retard, de secteurs délaissés ou de poids émotionnel.  »

La nécessité de favoriser des moments sans masque

Les professionnels regrettent notamment que le gouvernement – qui a pourtant commandé un rapport sur l’importance des 1000 premiers jours de l’enfant et qui contient des propositions pour accompagner enfants, parents et professionnels de la petite enfance – n’ait pas réfléchi à «  des mesures plus proportionnées vis-à-vis de la population de moins de 3 ans  ».

Pour les psychologues signataires de la tribune, il faut désormais vacciner en priorité le personnel de la petite enfance, organiser des temps sans masque en extérieur en respectant la distanciation physique et en intérieur lorsque l’adulte est seul avec l’enfant. Les professionnels de la petite enfance sont aussi encouragés à se séparer physiquement les uns des autres pour favoriser ces moments sans masque.

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