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Doubs Don d'organes : un père sauve la vie de sa fille de 39 ans et devient "le donneur rêvé"

La nature nous a gratifiés de deux reins, discrets, courageux, vitaux, au boulot non stop pour purifier le sang. En raison d’une maladie auto-immune, les reins de Pamela Pacifico, jeune maman de Dasle, ont déclaré forfait. Son père Claudio lui a offert l’un des siens. Focus.
Françoise JEANPARIS - 13 mars 2021 à 07:00 | mis à jour le 13 mars 2021 à 09:26 - Temps de lecture :
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Claudio et Pamela, le père et la fille, 61 ans et 39 ans, ou une histoire de famille autour d’un don d’organe.  Photo ER /Françoise JEANPARIS
Claudio et Pamela, le père et la fille, 61 ans et 39 ans, ou une histoire de famille autour d’un don d’organe.  Photo ER /Françoise JEANPARIS

« Quand il s’agit de permettre à sa fille de retrouver une vie normale, voire de la lui sauver, quel père ne renoncerait-il pas à un rein. Après tout, nous en avons deux… »

"Donner un rein n’a rien d’extraordinaire"

Avec humour et humilité, Claudio Pacifico, 61 ans, ne tire aucune gloriole de son geste : « Je suis juste heureux de voir ma fille tirée d’affaire. Donner un rein n’a rien d’extraordinaire. » Pas banal non plus. Tout au plus une quinzaine de transplantations rénales avec des organes vivants sont pratiquées chaque année au CHU de Besançon.

La maladie fut quelque part une bénédiction, elle m’a ouvert les yeux

Pamela Pacifico

Petite brune au poids plume combative, Pamela, 40 ans cette année, irradie d’énergies positives. 14 mois après la transplantation, elle a repris le sport, retrouvé une vie normale sans régime alimentaire imposé quoiqu’elle ait tracé un trait sur le sel, cultive les semis d’une nouvelle vie professionnelle.

"Je ne veux plus passer à côté de la vie"

« J’ose le dire », lâche l’ancienne cadre des ressources humaines, maman de Gioa, une fillette de 9 ans. « La maladie fut quelque part une bénédiction. Elle m’a ouvert les yeux. J’aimais mon job pour lequel je m’impliquais à 200 %, le soir, le week-end. J’ai sacrifié beaucoup de choses sur l’autel du travail. Pour quoi au final ? L’argent ? Si tu n’as plus la santé à quoi bon. Donc oui et mille fois oui, la vie est belle et je ne veux plus passer à côté, je veux la vivre pleinement… »

En cinq jours, mon état s’est totalement dégradé. La vie me lâchait

Pamela Pacifico

La maladie, elle s’est invitée sournoisement dans le corps de Pamela Pacifico. Aucun signe annonciateur. Elle est juste un peu fatiguée « mais qui ne l’est pas dans ce monde lancé à grande vitesse ».

"Je ne pouvais plus marcher"

À l’automne 2018, elle fait une prise de sang après une infection urinaire. Dès le lendemain, elle est hospitalisée aux urgences à Trévenans. En raison d’une insuffisance rénale au stade terminal. « Je n’ai pas percuté immédiatement sur la gravité », raconte-t-elle. « En cinq jours, mon état s’est totalement dégradé. J’étais perfusée de partout, mon corps était empoisonné, je ne pouvais plus marcher, une tension qui grimpait à plus de 19. La vie me lâchait. »

Le corps empoisonné par une maladie auto-immune

Une biopsie plus tard, la maladie auto-immune de Berger est diagnostiquée. « Son repas préféré, ce sont les reins. Elle les détruit sans faire de bruit », image Pamela Pacifico.

Tout le monde se proposait, mon père, mon frère, ma sœur, les copains, copines, mais je ne voulais pas mettre en péril un proche

Pamela Pacifico

Une maladie pernicieuse car asymptomatique jusqu’à ce que les reins, organes vitaux, courageux, indispensables à la vie puisqu’ils jouent le rôle de centrale de filtration en débarrassant le corps des déchets et toxines, présentent des signes de faiblesse.

Le donneur rêvé

Après un mois et demi d’hôpital, la mère de famille entre en dialyse. « Quatre heures par jour tous les deux jours sachant que quatre heures de dialyse équivalent à quatre heures de marathon. Épuisée quand tu rentres chez toi. En même temps, un lien très fort s’est noué avec l’équipe médicale de Trévenans. C’était un cocon protecteur, apaisant. »

Pamela sait alors qu’il n’y a pas d’autre issue qu’une transplantation. Au départ, elle refuse l’idée d’un donneur vivant : « Tout le monde se proposait, mon père, mon frère, ma sœur, les copains, copines. Je ne voulais pas mettre en péril un proche. Une opération, ça n’est pas anodin ». À l’arrivée, son père Claudio sera le donneur. Pamela dispose de 50 % de son capital génétique ce qui diminue d’autant le risque d’un rejet. Sportif et en pleine santé, il est le « donneur rêvé ».

Si tu n'es pas sage, je te le reprends !

Claudio Pacifico

La transplantation a lieu en janvier 2020. La première de l’année à Minjoz. « Maman m’a donné la vie, papa me l’a sauvée 39 ans plus tard en m’offrant un rein », lâche Pamela le cœur gonflé à bloc. « Si tu n’est pas sage », lui lance Claudio, « je te le reprends ! »

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