Stephen Hawking : l'astrophysicien en cinq idées sur l'univers

Publicité

Stephen Hawking : l'astrophysicien en cinq idées sur l'univers

Par
Stephan Hawking en 1979 à Princeton.
Stephan Hawking en 1979 à Princeton.
© Getty - Santi Visalli

Le physicien et cosmologiste britannique Stephen Hawking est mort le mercredi 14 mars 2018. Ses découvertes sur les trous noirs, autant que ses grandes idées sur l'humanité, l'intelligence artificielle, Dieu... lui ont valu une renommée mondiale. On les résume ici.

Il a fini par rejoindre ses étoiles : Stephen Hawking est mort le 14 mars 2018, date de naissance d'Albert Einstein. Lorsqu'il avait 21 ans, le physicien et cosmologiste avait été diagnostiqué de la maladie de Charcot ; les médecins lui laissaient alors deux ans à vivre. C'est finalement à 76 ans qu'Hawking a tiré sa révérence. Il était mondialement connu pour ses travaux sur les trous noirs, mais aussi pour son best seller, Une brève histoire du temps : écrit en 1988, cet ouvrage qui retrace les grandes théories du cosmos depuis Galilée jusqu'à Einstein, s'est vendu à dix millions d'exemplaires et a figuré dans la liste des meilleures ventes du Sunday Times durant 237 semaines consécutives. Enfin, celui qui était cloué dans un fauteuil et s'exprimait via un ordinateur avec une voix de synthèse, supposait lui-même que son handicap n'était pas étranger à sa célébrité : "Les gens sont fascinés par le contraste entre mes capacités physiques très limitées et la nature extrêmement étendue de l’univers que j’étudie." Retour sur les travaux et les grandes idées de celui qui était présenté comme "le plus grand scientifique depuis Einstein".

1. Hawking, génie quantique : sa découverte de "l'évaporation des trous noirs" (1975)

Conceptualisés au XVIIIe siècle, théorisés dans les années 1960 à l'aune de la relativité générale d'Einstein, les trous noirs passaient, jusqu'à cette découverte d'Hawking, pour n'émettre aucun rayonnement. Principe qui donnait du fil à retordre à une branche de l'étude de ces objets célestes, appelée "thermodynamique des trous noirs", et qui stipulait qu'il était possible d'associer une température à un trou noir. C'est là qu'intervient Hawking, qui dénoue le paradoxe en 1974 : il avance en effet l'hypothèse que grâce aux mécanismes quantiques, les trous noirs ne le sont pas totalement (noirs...). Ils émettent en fait un rayonnement dû à leur rétractation et à leur perte d'énergie au fil du temps, même si la quantité de rayonnement est tellement faible qu'il est impossible de l'observer. 

Publicité

>>> Mais au fait, qu'est-ce qu'un trou noir ? Deux minutes pour comprendre facilement, en vidéo, ce qu'est cet objet céleste et comment il déforme l'espace temps.

Notons que Stephen Hawking a été en concurrence avec le physicien Jacob Bekenstein, qui avait théorisé la thermodynamique des trous noirs à laquelle Hawking ne croyait pas, initialement. Et que son directeur de thèse lui-même, le physicien Dennis W. Sciama, lui avait reproché son "ton méprisant face au travail de Bekenstein". Travail aujourd'hui totalement occulté par celui de Hawking....

Cette découverte du "rayonnement Hawking" est considérée comme le plus important apport de l'astrophysicien britannique à la science. Il l'a théorisée dans son livre Trous noirs et bébés univers en 1993.

2. L'intelligence artificielle, danger pour l'humanité

L'astrophysicien star était aussi connu pour ses prédictions catastrophistes concernant l'avenir de l'humanité. La question de l'intelligence artificielle le souciait particulièrement. En 2014, il confiait à la BBC ses craintes que celle-ci dame le pion à l'humanité, limitée par le biologique et sa si lente évolution. Voire, la condamne à la disparition : 

Les formes primitives d'intelligence artificielle que nous avons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d'une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l'humanité. Une fois que les hommes auraient développé l'intelligence artificielle, celle-ci décollerait seule, et se redéfinirait de plus en plus vite. Les humains, limités par une lente évolution biologique, ne pourraient pas rivaliser et seraient dépassés.

L'année suivante, en 2015, il co-signait une lettre ouverte avec l'entrepreneur Elon Musk, patron de Tesla et de SpaceX, réclamant l'interdiction du recours à l'intelligence artificielle pour les nouveaux engins militaires : 

L’intelligence artificielle a atteint un point où le déploiement de tels systèmes sera – matériellement, si pas légalement – faisable d’ici quelques années et non décennies.

En 2017, le savant continuait d'alerter dans une interview accordée au magazine Wired : "Nous sommes en danger d'auto-destruction", exprimant à nouveau sa peur que les robots remplacent un jour les humains dans un scénario digne du film Terminator

J’ai peur que l’IA puisse remplacer complètement les humains. Si les gens peuvent concevoir des virus informatiques, quelqu’un pourrait concevoir une IA qui peut s’améliorer et se reproduire. Ce serait une nouvelle forme de vie capable de surpasser les humains.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

3. L'univers ? L'oeuvre de la gravité, pas de Dieu

"Sire, je n'avais pas besoin de cette hypothèse", avait répondu à la fin du XVIIIe siècle le physicien Pierre-Simon de Laplace à Napoléon, lorsque celui-ci s'indignait que Dieu ne soit jamais mentionné dans son traité de mécanique céleste. C'est dans ses traces que s'inscrit Stephen Hawking en 2010, créant la polémique avec son livre Y a-t-il un grand architecte dans l'univers ? (2011, pour la publication française) :

En raison de la loi de la gravité, l'univers peut se créer de lui-même, à partir de rien. La création spontanée est la raison pour laquelle quelque chose existe, pour laquelle l'univers existe, pour laquelle nous existons. [...] Il n'est pas nécessaire d'invoquer Dieu pour allumer la mèche et mettre en route l'univers."

Bien plus, il poussait la provocation jusqu'à affirmer que les humains eux-mêmes étaient "les seigneurs de la création" : 

Selon la «M-Théorie» [théorie physique unifiant toutes les théories des supercordes, NDR], notre univers n’est pas unique, mais de nombreux autres ont été créés à partir du néant. Leur création ne requière pas l’intervention d’un être surnaturel ou divin. Ces univers multiples dérivent de façon naturelle des lois de la physique. [...] Seule une poignée d’entre eux permettraient à des créatures semblables à nous d’exister. Ainsi, notre simple présence sélectionne dans tout l’éventail de ces univers seulement ceux qui sont compatibles avec notre existence. Malgré notre taille ridicule et notre insignifiance à l’échelle du cosmos, voilà qui fait de nous en quelque sorte les seigneurs de la création.

4. Les extraterrestres, pas forcément sympathiques

Il craignait que le débarquement d'extraterrestres sur la planète bleue soit comparable à celui des Européens sur les terres des Indiens d'Amérique. "Un résultat pas vraiment positif pour les Indiens", commentait Stephen Hawking dans le documentaire "Into The universe", sur Discovery Channel en 2010, où il encourageait à cesser de vouloir les contacter.

Notons que Stephen Hawking participait quand même depuis juillet 2015 à un programme de recherche de vie extraterrestre baptisé Breakthrough Listen, et lancé par le magnat russe Yuri Milner. Au lancement de ce programme à la Royal Society Science Academy de Londres, il estimait : 

De toute manière, il n'est pas de plus grande question. Il est temps de s'engager à trouver la réponse, de rechercher la vie au-delà de la Terre. Il faut que nous sachions

5. La conquête du système solaire, condition de la survie de l'homme 

Il ne s'agit donc pas d'être les colonisés, pour Stephen Hawking... mais pourquoi pas les colonisateurs ! Car l'astrophysicien utilisait la même image du Nouveau monde découvert par Colomb au XVe siècle, pour encourager l'humanité à se lancer dans la conquête spatiale. C'est ce qu'il soutenait dans une conférence à l'occasion du cinquantenaire de la Nasa, dans des propos rapportés par La Dépêche en 2008 :

Nous sommes dans la situation de l'Europe en 1492. Certains auraient très bien pu dire que c'était un gaspillage d'envoyer Colomb chercher quelque chose qui n'existait pas. Et pourtant, la découverte du Nouveau monde a profondément changé l'Ancien. Pensez, nous n'aurions pas le Big Mac. [...] Partir à la conquête de l'espace aura un effet encore plus grand. Cela va changer complètement l'avenir de la race humaine, et peut-être même déterminer si nous avons un avenir.

Au sujet de la mort enfin, voici ce que confiait l'astrophysicien au Guardian, en 2011 :

Je vis avec la perspective d'une mort précoce depuis 49 ans. Je n'ai pas peur de la mort mais je ne suis pas pressé de mourir. Il y a tant de choses que je veux faire d'abord.

Mission accomplie.