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Le bras de fer est engagé entre la Russie et les plateformes de réseaux sociaux. Dans ce cas en particulier, c’est Twitter qui en fait les frais. En effet, la Russie accuse la plateforme de ne pas supprimer des contenus illégaux. Face à cela, les autorités russes ont décidé de ralentir le fonctionnement du réseau social en guise de punition.

Une mesure liée au rôle joué par les réseaux sociaux pendant les manifestations des partisans de l’opposition

L’organisme de surveillance des communications russe, Roskomnadzor, a annoncé qu’il allait ralentir l’accès à Twitter. Ce ralentissement va notamment affecter les vitesses de chargement des photos et des vidéos sur toutes les interfaces pouvant permettre d’utiliser le réseau social. Cette décision a été prise face au refus de la plateforme de médias sociaux de supprimer des contenus jugés comme illégaux par l’organisme de censure. Il a également été précisé que cette décision était temporaire et qu’elle allait aboutir à une éventuelle interdiction totale de Twitter et à de lourdes amendes si la plateforme refuse de se conformer aux exigences des autorités russes.

Ces exigences concernent notamment la suppression de 3 168 messages sur Twitter datant de 2017 qui, selon le Roskomnadzor, « encouragent le suicide des mineurs et contiennent de la pornographie juvénile ainsi que des informations sur l’utilisation de drogues ». À noter que Twitter n’est pas la seule plateforme de réseaux sociaux à être dans le collimateur du régulateur russe. Facebook, TikTok et YouTube sont également concernés et des responsables russes ont déclaré que leurs plateformes seront également ralenties s’ils ne se conforment pas aux règles de modération de contenus recommandées par la Russie, a rapporté le Wall Street Journal.

À noter que cette lutte entre les autorités russes et les réseaux sociaux a été principalement alimentée par le rôle joué par ces plateformes dans l’expansion de l’influence d’Alexeï Navalny. En effet, c’est essentiellement par le biais des réseaux sociaux que les partisans de l’opposition ont exprimé leur soutien au militant politique qui a été emprisonné dès son retour au pays. Face à cet emprisonnement, ce sont encore les réseaux sociaux qui ont permis aux partisans de l’opposition d’organiser des manifestations au mois de janvier. Selon The Guardian, ces manifestations antigouvernementales étaient les plus grandes du pays depuis au moins une décennie.  

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Une décision qui porte atteinte à la neutralité sur Internet, selon Twitter

En réponse à la décision des autorités russes et les raisons qu’elles ont évoquées, Twitter a clairement signifié que la plateforme appliquait une tolérance zéro pour les contenus liés à l’exploitation sexuelle des enfants et l’utilisation de la drogue. Ainsi, le réseau social considère que la punition n’est pas justifiée et porte atteinte à la neutralité sur le Web. « Nous restons déterminés à défendre l’Open Internet dans le monde et sommes profondément préoccupés par les tentatives croissantes de bloquer et d’étrangler la conversation publique en ligne », a ainsi déclaré un porte-parole de Twitter sur CNBC.

Il est également important de savoir qu’après l’application du ralentissement de Twitter, de nombreux sites Web gouvernementaux ont subitement cessé de fonctionner, dont celui de Roskomnadzor. Plusieurs commentateurs pro-Kremlin ont suggéré que les pannes pourraient avoir été le résultat d’une cyberattaque américaine, mais les autorités russes ont confirmé qu’il s’agissait en fait d’un problème domestique, causé par un dysfonctionnement d’un routeur au sein de Rostelecom, le fournisseur de services numériques de l’État. En plus de ce démenti en bonne et due forme, des responsables russes ont également affirmé qu’ils n’avaient aucun malin plaisir à ralentir les réseaux sociaux américains, mais qu’il s’agissait d’une mesure nécessaire pour faire respecter la loi.

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