Mila : « J’ai retrouvé mon compte Twitter, je suis hyper-contente ! »

Victime d’un raid numérique, la jeune Iséroise avait vu son compte bloqué. Contactée par « Le Point », elle remercie ses soutiens et nargue ses « haters ».

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Temps de lecture : 5 min

« Coucou, je suis de retour ! ». C'est par ce message primesautier que Mila, dont le compte avait été suspendu la veille par le réseau social, a salué sa réapparition sur Twitter, ce lundi peu après 10 heures. Son message est assorti d'une courte vidéo dans laquelle on peut voir un informaticien en rage tout casser autour de lui, assorti de ce commentaire ironique : « Mes haters [adversaires, NDLR] en ce moment. » Contactée lundi en milieu de journée par Le Point, elle dit n'avoir reçu aucune explication ni excuses de la part de Twitter. « Mais j'ai retrouvé mon compte, je suis hyper-contente ! Comme quoi, c'est toujours la bêtise qui perd à la fin. C'est ce que je retiens en tout cas », se réjouit-elle. « Les messages sont revenus d'un coup, beaucoup pour me manifester un soutien. Malheureusement, d'autres n'ont pas tardé à revenir, nettement moins sympas ; des menaces de viol notamment, en ce moment ça y va très fort. »

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« Quand je pense que j'ai été censurée pour un dessin de pain au chocolat. C'est ouf, tout de même… », soupire-t-elle. Avant d'ajouter, presque amusée : « Grâce à ça, je gagne des milliers d'abonnés et ça les fait bien rager, ceux qui me poursuivent de leur haine à longueur de journée ! » Exfiltrée de son lycée, exclue « pour raisons de sécurité » de l'établissement militaire qui l'avait accueillie, Mila vit aujourd'hui recluse chez ses parents, sous protection permanente. La solution de cours par correspondance qui devait lui être proposée n'est « pas encore très claire », selon son propre aveu. Elle travaille actuellement à « différents projets artistiques ». « C'est difficile pour moi de la fermer », reconnaît cette adolescente de 17 ans, devenue en quelques mois un symbole de la liberté d'expression et du droit au blasphème, en France.

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Twitter aura donc mis douze heures avant de rétablir le compte de la jeune fille, accusée par le réseau d'avoir « enfreint [ses] règles » en se livrant à du harcèlement en ligne. Comble de l'ironie : c'est elle qui, en l'espace de quelques minutes, avait été bombardée dimanche soir de messages haineux et menaçants, après qu'elle avait publié sur son compte un dessin de pain au chocolat réalisé… en maternelle. « J'avais passé un dimanche tranquille », raconte Mila au Point. « Je venais de retrouver de vieux dessins que j'avais faits quand j'étais petite et je me suis amusée à en publier un sur Twitter. Il représentait un pain au chocolat et divers objets avec plein de fautes dans le titre ! Je pose mon téléphone et le reprends deux minutes plus tard pour voir les commentaires. Là, je découvre une dizaine de messages bizarres avec des messages glauques. Je comprends pas ce qui se passe et je montre ça à ma mère. Je bloque deux ou trois comptes et rafraîchis le fil ; je vois alors des messages par centaines, criblés d'insultes. Je panique en me disant que mon compte a sans doute été spammé par de faux comptes destinés à commenter ma publication en masse pour me nuire. J'ai passé mon compte en privé, mais en ouvrant ma boîte, j'avais déjà reçu plusieurs messages insultants : “sale pute”, “islamophobe de merde”. Les trucs habituels, quoi… Sauf que là, ça allait très vite », poursuit la jeune fille, encore régulièrement menacée de mort après avoir publié, en janvier 2019, une vidéo sur Instagram dans laquelle elle avait critiqué l'islam en des termes très crus, après avoir elle-même été insultée, ce qui lui avait valu d'être exfiltrée de son lycée.

Son avocat, Me Richard Malka, s'était aussitôt indigné de cette censure incompréhensible, dénonçant « un réseau barbare qui sanctionne les victimes et récompense les harceleurs ».

La décision de Twitter a suscité, lundi matin, une avalanche de commentaires indignés, relayés le plus souvent sur… Twitter. « Twitter, n'écoutant que son courage, bloque le compte de la victime sous les applaudissements fanatiques des sycophantes haineux. @TwitterFrance vous devriez avoir honte », a dénoncé la Licra. « Quand une femme est menacée de mort, c'est elle qu'on protège. Pas les assassins putatifs », a réagi également le philosophe et écrivain Raphaël Enthoven. « Voilà à quoi ressemble l'attaque contre #Mila : une armée de bots et une campagne soigneusement planifiée », a également tweeté Gilles Clavreul, cofondateur du Printemps républicain. « Twitter vient en effet de rétablir le compte de Mila, mais c'est un peu facile, ne décolère pas Me Malka. Le réseau a parfaitement conscience de la sensibilité du cas de Mila depuis plus d'un an [la jeune fille a reçu 50 000 menaces de mort après une vidéo dans laquelle elle critiquait l'islam en des termes très crus, en janvier 2019 sur Instagram ; déscolarisée, elle vit aujourd'hui sous protection policière, NDLR] ».

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« D'innombrables demandes ont été adressées à ce réseau par le parquet, pour lever l'anonymat derrière se cachent lâchement ceux qui la menacent de mort, poursuit l'avocat. Les gestionnaires du réseau ne peuvent pas prétendre qu'ils ne savaient pas. » Et Me Richard Malka, qui défend également Charlie Hebdo, d'ajouter : « Ce réseau refuse obstinément de fournir quelque renseignement que ce soit quant au nombre de ses modérateurs. La faiblesse de sa régulation explique peut-être cet épisode scandaleux. Ce que nous voulons savoir à présent, c'est si les comptes de ceux qui sont à l'origine de ce harcèlement massif contre Mila vont être suspendus. » Car, comble de l'ironie : l'un des participants de ce raid numérique répondant au doux pseudo de Reda (coca cherry) et se vantant d'avoir « fait sauter [le compte de] Mila » a reçu, à 20 h 22, un mail de félicitations de Twitter. « Bonjour, merci pour votre signalement. Nous avons suspendu le compte [de Mila], car il enfreignait les règles de Twitter. Nous apprécions votre aide ; les signalements comme le vôtre sont essentiels pour améliorer Twitter. Merci. »

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Commentaires (55)

  • el sasr

    C'aurait été une bonne occasion pour commencer à se sevrer de ces réseaux asociaux.

  • beltig29

    Je ne suis ni sur Facebook, ni sur Twitter, ni sur Instagram, et j'en suis hypercontent

  • Howdoyoudo

    Que l'on arrête de regulierement nous bassiner avec les mésaventures de Myla sur les réseaux sociaux. Personne ne l'oblige à y passer le plus clair de son temps. Qu'elle se consacre enfin à ses études et ses problèmes seront derrière elle.