Le 29 septembre 2020, dans l’émission « Face à l’info », sur CNews, les « limites à la liberté de communication et à la liberté éditoriale des médias audiovisuels » ont été franchies. Ainsi en a jugé le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a prononcé, mercredi 17 mars, une sanction de 200 000 euros à l’encontre de la chaîne d’information du Groupe Canal+.
Une décision immédiatement « déplorée » par le groupe détenu par Vivendi, dont Vincent Bolloré est le premier actionnaire. « Cette décision contrevient au principe de liberté d’expression, a-t-il protesté dans un communiqué. Le Groupe Canal+ compte mettre en œuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais. » Une attitude conforme à celle qu’il a déjà adoptée par le passé, lors de précédentes décisions prononcées par le CSA à l’encontre de D8, que le groupe avait contestées auprès du Conseil d’Etat.
En l’occurrence, c’est la première fois qu’une chaîne d’information en continu fait l’objet d’une sanction pécuniaire de la part de l’instance de régulation. Conformément à la convention conclue entre la chaîne et le CSA, celle-ci intervient après une mise en demeure, en décembre 2019, pour d’autres propos d’Eric Zemmour, prononcés au cours de la même émission, quelques semaines plus tôt – ils exprimaient un « rejet insistant des personnes musulmanes dans leur ensemble, tendant à encourager des comportements discriminatoires en raison de la religion », avait déploré le CSA.
« Voleurs », « violeurs », « assassins »
Au cours de l’émission du 29 septembre, l’écrivain et polémiste s’en était pris aux mineurs étrangers isolés, qui « n’ont rien à faire ici », d’après lui. « Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer », avait déclaré Eric Zemmour, déjà plusieurs fois condamné pour provocation à la haine raciale. « Il est naturel que les débats qui traversent la société trouvent toute leur place dans les médias audiovisuels, y compris sous une forme polémique, souligne l’instance dans un communiqué publié jeudi 18 mars en début d’après-midi. Néanmoins, la loi fixe des limites à l’exercice de cette liberté. »
En l’occurrence, Roch-Olivier Maistre et ses conseillers ont estimé qu’elles avaient été outrepassées à plusieurs égards. D’abord, l’obligation de ne pas inciter à la haine ni d’encourager les comportements discriminatoires, précisée au dernier alinéa de l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986, n’a pas été respectée. « Le caractère violent et répété du vocabulaire employé par le chroniqueur, stigmatisant les mineurs étrangers isolés en insistant sur les dangers qu’ils représenteraient en termes d’actes criminels, traduit l’expression d’un vif sentiment de rejet à leur égard », a jugé le CSA.
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