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La ministre Sarah El Haïry au JDD : "Pas un euro d'argent public ne doit aller aux ennemis de la République"

Le gouvernement veut revoir les règles d'attribution de l'agrément jeunesse et éducation, indique la secrétaire d'État à la Jeunesse et à l'Engagement Sarah El Haïry.

Mohamed Sifaoui , Mis à jour le
La secrétaire d'État à la Jeunesse et à l'Engagement, Sarah El Haïry.
La secrétaire d'État à la Jeunesse et à l'Engagement, Sarah El Haïry. © Sipa

Après la rencontre houleuse entre des jeunes cet automne à Poitiers et la secrétaire d'État à la Jeunesse et à l'Engagement, Sarah El Haïry, une note a été rendue qui blâme des atteintes à la laicité. Dans le JDD, la secrétaire d'État à la Jeunesse et à l'Engagement Sarah El Haïry revient sur cette enquête. "Pas un euro d'argent public ne doit aller aux ennemis de la République. Désormais, nous utiliserons le contrat d'engagement républicain adossé aux articles 6 et 7 du projet de loi confortant les principes de la République", explique la ministre.

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Nous avons pris connaissance des conclusions de l'enquête que vous avez diligentée à la suite de "l'incident de Poitiers", où, répondant à une invitation, vous aviez été prise à partie par des jeunes sur la religion. Quels dysfonctionnements ont été pointés?
En toute indépendance, l'inspection générale a mené son enquête. Elle a auditionné tous les acteurs présents à Poitiers. Son rapport montre que si l'organisation de l'événement s'est déroulée dans de bonnes conditions, la Fédération des centres sociaux [FCSF] n'a pas été à la hauteur de ses engagements sur la laïcité, alors qu'elle possède sa propre charte sur la question. Elle a choisi de confier la sous-traitance de l'animation à l'association La Boîte sans projet. Or, si celle-ci sait faire dialoguer les jeunes, elle n'a aucune expertise sur le fait religieux. Et elle revendique sur les réseaux sociaux un ­positionnement non neutre, voire partisan. C'est ce qui explique sans doute le glissement d'un débat prévu sur les religions à un débat portant sur les discriminations.

Lire aussi - Ministre chahutée à Poitiers, le rapport qui dénonce des atteintes à la laïcité

Allez-vous prendre des mesures ou des sanctions contre les associations qui n'auraient pas assuré leur mission conformément aux règles républicaines?
Il y aura quatre réponses. J'ai demandé que l'on réexamine l'attribution de l'agrément de La Boîte sans projet. J'ai également fait parvenir à la Fédération des centres sociaux un courrier pour lui rappeler que la laïcité et la défense des valeurs de la République sont des piliers intangibles de notre vivre-ensemble, et que les actions de leurs prestataires étaient de leur responsabilité. Et je lui ai demandé de nous faire savoir comment elle comptait mettre en œuvre les recommandations du rapport sur l'accentuation des formations sur la laïcité. J'ai aussi décidé de porter, dans le cadre du débat autour du projet de loi renforçant les principes républicains qui arrive fin mars au Sénat, une évolution des règles d'attribution de l'agrément jeunesse et éducation populaire, parce que aujourd'hui, quand il est délivré, il n'est jamais remis en question. J'ai fait le choix d'imposer une durée. Je souhaiterais que tous les huit ans il puisse y avoir une réévaluation à la manière de ce que la loi prévoit pour les fédérations sportives. Enfin, nous allons continuer d'outiller le monde de l'éducation populaire. Il faut l'accompagner, c'est notre devoir. Nous allons ajouter des modules sur les principes républicains, mais aussi sur la laïcité dans le cadre du Bafa [brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur]. J'agirai ainsi de manière complémentaire à Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale.

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Le monde de ­l'éducation populaire doit continuer, via le dialogue et l'échange, de protéger les jeunes de la dangerosité de discours idéologiques

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Comment comptez-vous agir contre les associations qui bénéficient de subventions publiques et qui manquent au pacte républicain?
Pas un euro d'argent public ne doit aller aux ennemis de la République. Désormais, nous utiliserons le contrat d'engagement républicain adossé aux articles 6 et 7 du projet de loi confortant les principes de la République. Ce contrat permettra une clarification, car ceux qui ne le signeront pas ne pourront plus être, d'une manière ou d'une autre, des partenaires de l'État. Il protège ainsi le statut associatif du dévoiement de certains séparatistes.

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Comment expliquer qu'à Poitiers une adolescente ait refusé de chanter La Marseillaise, dont les paroles seraient "hostiles aux musulmans"?
Au-delà de cette adolescente que je ne veux pas stigmatiser, je tiens à insister sur le rôle primordial des adultes qui l'ont encadrée. Il est de leur responsabilité de poser des repères clairs pour casser les fausses perceptions. J'ai ainsi rappelé que la rédaction de notre hymne national datait du XVIIIe siècle et ne visait aucune religion. L'attitude de certains conseillers municipaux aussi n'a pas permis de donner l'exemple et de créer de l'unité. Ce jour-là, ils n'ont pas été républicains au sens premier du terme.

Pouvait-on admettre que des associations à la périphérie de la rencontre de Poitiers soient liées à des indigénistes et décoloniaux et à une ligne permissive à l'égard de l'islamisme?
Toutes les postures victimaires trahissent notre modèle républicain et participent à anesthésier l'énergie de la jeunesse en faisant de celle-ci une double victime. Elles entretiennent les jeunes dans le marasme et les séparent de la société en les nourrissant de défiance. En France, chaque jeune a sa place, c'est ça la promesse républicaine. Et le monde de ­l'éducation populaire rend concrète cette promesse. Il doit continuer, via le dialogue et l'échange, de protéger les jeunes de la dangerosité de discours idéologiques.

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