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Volley: un club italien attaque une joueuse pour être tombée enceinte

Lara Lugli

Lara Lugli - Capture

Lara Lugli, volleyeuse italienne, a été attaquée en justice par son ancien club de Pordenone qui lui réclame des dommages et intérêts après sa grossesse.

Depuis plusieurs semaines, Lara Lugli est devenue une porte-parole des sportives à travers le monde. Le 7 mars dernier, à la veille de la journée internationale des droits de la femme, la volleyeuse italienne a raconté l’incroyable histoire vécue lors de la saison 2018-2019. Elle explique être tombée enceinte alors qu’elle évoluait sous les couleurs de l’équipe de Pordenone, pensionnaire de troisième division italienne. Elle en avait informé ses dirigeants qui avaient alors activé une clause pour mettre fin au contrat de leur joueuse, comme cela est possible en Italie. Quelques semaines plus tard, Lara Lugli, alors âgée de 39 ans, avait été victime d’une fausse couche.

Dans son message du 7 mars dernier, elle explique alors comment le club a décidé… de la poursuivre en justice. "J'étais enceinte, ils m'ont traité comme une dopée et le club m'a demandé des dommages et intérêts, expliquait-elle dans La Repubblica. Les relations avec le club étaient bonnes. Je connaissais la marche à suivre: en cas de grossesse il y a résiliation. Nous sommes des amateurs et nous n'avons aucune protection."

Les raisons? Les dirigeants lui ont reproché sa grossesse à un moment important de la saison, sans remplir ses obligations de capitaine auprès des sponsors. Une manière de répondre à la joueuse de toucher son solde de tout compte estimé à 2.500 euros pour le mois de février 2019 qu’elle avait pourtant disputé dans son intégralité.

"J’ai reçu leur convocation le 26 février, ajoute-t-elle dans Le Parisien. Je me suis sentie offensée comme femme et comme athlète. Ça m’a rendu furieuse. J’ai réagi avec mon cœur. Mais quand j’ai vu que des journaux internationaux en parlaient (après son message sur Facebook, ndlr), j’ai compris qu’il se passait quelque chose. Il y a quelques jours personne ne me connaissait et maintenant même le New York Times parle de mon histoire…"

La justice doit rendre sa décision en mai. En attendant, l’histoire a provoqué une onde de chocs internationale. La classe politique italienne s’est aussi emparée de ce débat qui fait scandale.

"De nombreuses femmes m’ont contactée pour me remercier, me féliciter et m’encourager, poursuit Lara Lugli dans Le Parisien. (…) Comment peut-on reprocher à une femme de tomber enceinte en 2021? On a accepté trop de choses. La société doit arrêter de discriminer les femmes. C’est important que la voix des femmes se fasse entendre."

La semaine dernière, la ligue de handball féminin a signé une convention collective accordant un congé maternité de douze mois avec maintien du salaire.

Nicolas Couet Journaliste RMC Sport