Y a-t-il place pour la nuance dans la France d’aujourd’hui ?

Le débat public ©Getty -  Emin Kelekci
Le débat public ©Getty - Emin Kelekci
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Répliques interroge la confrontation dans le débat public. Quelle est la place pour une argumentation élaborée et quel est le rôle dévolu à l'intellectuel ?

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Dans une chronique publiée par Le Figaro le 1e décembre 2019, Jacques Julliard écrivait : "il y eut dans la dernière décennie du vingtième siècle, entre la chute du mur de Berlin -1989- et la destruction des tours du World Trade Center -2001-, une parenthèse enchantée où les idéologies s'étant tues, les bouches s'ouvrirent et où tout le monde se mit à parler à tout le monde ou presque. L'effondrement de la machine de guerre froide et du dogmatisme stalinien s'accompagna d'un brusque regain de confiance dans les vertus du dialogue". Jacques Julliard a raison ! Sa mémoire n'enjolive pas les choses. J'ai connu cette période d'ouverture et je garde la nostalgie des premières Rencontres de Pétrarque créées par Jean-Marie Borzeix où des intellectuels de droite et de gauche discutaient avec véhémence mais sans haine et sans anathème. Comme le proclamait Pierre Nora dans un article célébrant les dix ans de sa revue : l'esprit du débat était devenu l'esprit de l'époque. Les choses ont changées, selon Jacques Julliard : le débat, dit-il, est aujourd'hui impossible et tenu pour une forme de compromission avec l'ennemi. À mesure que les voies de l'intolérance se font à nouveau entendre, la parole cesse d'être, l'intimidation tient lieu d'argumentation. 

Penser le débat d'idées

Il y a eu une forme de retour de l'histoire ; Jean Baudrillard écrit en 2001 : "les évènements ont cessé de faire grève". [...] Ce qui m'apparaît caractéristique du débat public aujourd'hui, c'est que les oppositions n'ont plus aucune forme de transcendance qui puisse les réunir. Eugénie Bastié 

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On a des gens qui, souvent, préfèrent un ennemi violent qu'un contradicteur loyal. [...] On sent bien qu'à l'échelle mondiale, il y a quelque chose de dur qui s'installe peu à peu. [...] Et donc, dans ces circonstances, chacun se choisit son petit ennemi principal. Jean Birnbaum 

La radicalité

Sont présents dans le débat public, des sujets qui sont extrêmement conflictuels, par exemple la race et le genre, avec ce slogan : le privé est politique. Eugénie Bastié

Forcément, le corps est au cœur de la politique. Le minimum de la politique, c'est de se demander si on peut élever la voix sans perdre la vie dans ces manifestations. [...] Je pense que l'un des points d'attention, c'est le problème de ce rapport à la mémoire et à l'histoire du féminisme qui, pendant longtemps, prenait en compte justement le fait qu'on n'est pas transparent à soi-même et que la signification d'un geste n'est pas toujours clair. Jean Birnbaum 

Pour aller plus loin

Eugénie Bastié : "Il n'y a plus de dialogue possible entre les partis idéologiques opposés", L'Express, 18 mars 2021.

Jean-François Kahn : "Qui fait le jeu de qui ?", Le Point, 9 mars 2021.

À réécouter : De la guerre civile
Répliques
51 min
La Chronique de Jean Birnbaum
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