« Ils disent que les musées sont fermés. Mais c’est à nous de les ouvrir. Ici, dans la ville de Botticelli, Donatello, Machiavel et Dante, nous avons ouvert le Palais Strozzi. Ces derniers mois, nous avons été privés de la possibilité d’être ensemble… Mais nous avons toujours la liberté de rêver, de créer, d’imaginer le futur. Peut-être que ce n’est pas grand-chose, mais c’est tout ce que nous avons ! », écrit JR dans une publication Instagram qui montre sa dernière réalisation. En effet, vendredi 19 mars, le Street Artiste, spécialiste des collages monumentaux, a dévoilé aux Florentins La Ferita (la blessure en français), un trompe-l’œil gigantesque qui réinterprète la façade Renaissance du Palais Strozzi. Dans un jeu d’illusion d’optique et photographique en noir et blanc, l’artiste a disposé 80 panneaux en aluminium composite (Alu-Dibond) pour représenter un trou béant dans le mur de l’édifice.
Une anamorphose pour mettre en lumière l’héritage artistique de Florence
Dans cette anamorphose de 300 m2, les passants peuvent retrouver l’intérieur de l’architecture du palais italien, actuellement fermé, ainsi que des chefs-d’œuvre conservés à Florence tels que Le Printemps (1478-1482) et La Naissance de Vénus (1484-1485) de Botticelli ainsi que L’Enlèvement des Sabines (1579–1583) de Jean Bologne. « En montrant des œuvres iconiques de l’héritage artistique de Florence et en faisant directement allusion à certains des lieux culturels de la ville comme la bibliothèque de l’Istituto Nazionale di Studi sul Rinascimento, JR propose une réflexion directe et évocatrice à propos de l’accessibilité, non seulement du Palais Strozzi mais aussi des autres sites culturels à l’ère du Covid-19. », explique le Palais Strozzi dans un communiqué.
La disposition du trompe-l’œil éphémère sur le mur en pietra forte, typique de l’urbanisme florentin, d’un palais fait elle-même référence à l’histoire de la perspective présente dans l’architecture et dans la peinture dès le XVe siècle. L’esthétique du collage rappelle également les œuvres ruinistes, tendance artistique populaire au XVIIIe siècle qui représente les ruines d’anciens édifices comme les témoins d’un passé glorieux.
Rendre accessible les lieux culturels à l’ère du Covid-19
La Ferita, par son titre, souligne aussi la blessure symbolique dont souffrent les institutions culturelles en Italie et dans le monde entier. Face à la pandémie de Covid-19, les musées, bibliothèques, cinémas et théâtres ont été contraints de restreindre leur accessibilité au public voire, le plus souvent, de fermer leurs portes. Ainsi, en donnant accès à « l’intérieur » du Palais Strozzi, JR participe au débat sur l’accessibilité des lieux de culture à l’ère du Covid-19 tout en inaugurant le Palazzo Strozzi Future Arte Programme, une initiative du palais florentin pour « soutenir la production et la promotion de l’art contemporain en Italie ainsi que les commandes artistiques publiques à Florence », décrit le Palais Strozzi dans un communiqué. « Le Palais Strozzi est unique dans sa détermination à forger un dialogue entre le classique et le contemporain à travers l’engagement des artistes capables d’interpréter le présent, explique Arturo Galansino, directeur général de la Fondazione Palazzo Strozzi. Il est donc normal que nous lancions le programme avec la nouvelle œuvre de JR, une réflexion puissante sur les conditions difficiles d’accès à la culture à l’âge du Covid-19, mais aussi un symbole de liberté, d’imagination créative et une opportunité d’impliquer le grand public d’une façon totalement novatrice. » Ainsi, à défaut de pouvoir visiter l’édifice et contempler les chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne, le Palais Strozzi et JR proposent une alternative artistique de substitution, qui met du baume aux cœurs des Florentins amateurs de culture.
Voir cette publication sur Instagram