La jeune activiste écolo Shaama Sandooyea a organisé la première manifestation sous-marine

Publié le Mardi 23 Mars 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Une militante mauricienne pour le climat organise une manifestation sous-marine - Vidéo Twitter Reuters.
Une militante mauricienne pour le climat organise une manifestation sous-marine - Vidéo Twitter Reuters.
C'est une initiative qui a de quoi inspirer les nouvelles générations : Shaama Sandooyea, jeune activiste écologiste de 24 ans, a initié un mouvement des plus insolites. A savoir ? Une manifestation sous-marine du climat pour sensibiliser à la pollution des océans. Oui oui.
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C'est une première dans le monde. A seulement 24 ans, Shaama Sandooyea a organisé la première grève climatique sous-marine, le 18 mars dernier. Une mobilisation avant-gardiste s'il en est, pensée pour sensibiliser l'opinion publique à la crise climatique et notamment à la pollution des océans. Shaama Sandooyea est une jeune scientifique et activiste écologiste mauricienne. Biologiste marine, elle est l'une des cofondatrices du mouvement militant Fridays for Future de l'Ile Maurice.

Mais c'est quoi, une grève climatique sous-marine ? Une manière de protester sous l'eau, avec tubas et palmes, mais aussi pancartes. Des écriteaux sur lesquels se sont affichés des messages comme "Grève des jeunes pour le climat". Sa grève sous-marine, la jeune scientifique l'a déployée à la Saya de Malha, au coeur de l'Océan Indien. A savoir, ni plus ni moins que le plus grand banc de sable immergé du monde. Aussi orthographié Saia de Malha, cet endroit millénaire arbore une superficie de plus de 40 800 kilomètres carré.

C'est dire si un tel choix géographique pour cet événement singulier n'a pas été fait au hasard. Shaama Sandooyea explique au média local Le Mauricien : "J'ai pris position dans cette magnifique région reculée de l'océan Indien, pour délivrer un message simple : 'Nous avons besoin d'une action climatique, et nous en avons besoin maintenant'. Je veux que la crise climatique soit prise au sérieux. La réduction des émissions et la protection de nos océans sont quelques-unes des meilleures façons d'y parvenir".

Une parole limpide, que la jeune militante valorise en compagnie de ses collègues des branches Fridays for Future du monde entier.

Une mobilisation remarquée

"Etant originaire d'un pays insulaire, je sais à quel point avoir des océans sains est important, non seulement pour notre climat, mais aussi pour ces milliards de personnes du Sud qui en dépendent. C'est pourquoi les dirigeants mondiaux doivent s'engager dans un réseau de sanctuaires océaniques, protégeant au moins 30% de nos océans", développe encore l'activiste.

Aujourd'hui, elle interpelle lesdits dirigeants à organiser une "action urgente" afin de "lutter contre la dégradation du climat et protéger la faune marine". A bon entendeur.

Mais par-delà le message, pourquoi ne pas sensibiliser à la pollution des océans en manifestant sur la terre ferme ? "Plonger sous l'eau est le meilleur moyen d'attirer l'attention sur la question climatique", développe la jeune écolo auprès de Franceinfo. Et on la croit volontiers. Elle insiste ainsi sur l'importance d'un tel lieu (la richesse de sa faune marine, entre baleines, tortues et requins) et les menaces dont il fait l'objet - augmentation de la température de l'eau, marée noire, trafic humain et commercial.

Une alerte d'autant plus importante que l'Ile Maurice sort à peine d'une véritable catastrophe. Au moins de juillet 2020, près de 4 000 tonnes de fioul avaient été déversées sur les côtes de l'Ile Maurice suite à l'échouage du navire Wakashio, provoquant une marée noire colossale. Un événement si tragique qu'il a immédiatement suscité le soutien de la militante écolo Greta Thunberg. Via sa Fondation, celle-ci a pu générer un don de 10 000 euros, attribué au mouvement local Fridays for Future Mauritius, mouvement dont fait justement partie Shaama Sandooyea.

Pour Greta Thunberg, ce drame porte un nom : c'est un "écocide", soit, la destruction pure et simple d'un milieu naturel. Et là, ce n'est pas une première. C'est dire si aujourd'hui, préserver les réserves naturelles est une question d'urgence.