Esthétisme à Paris : deux jeunes trentenaires défient la mairie de Paris

Alors que la ville a lancé une consultation sur le site idee.paris.fr auprès des Parisiens pour leur demander leur avis sur l’esthétique parisienne, des internautes frustrés par la démarche de la ville ont décidé de lancer leur contre-questionnaire et recueilli en 10 jours 4 fois plus d’avis que la mairie de Paris !

 La place du Panthéon (Ve arrondissement) accueille du nouveau mobilier depuis quelques années maintenant.
La place du Panthéon (Ve arrondissement) accueille du nouveau mobilier depuis quelques années maintenant. LP/Jean-Baptiste Quentin

    Au compteur, ils ont déjà remporté la partie! Quentin et Cannelle, deux internautes qui affectionnent le réseau social Twitter, ont décidé de prendre la mairie de Paris au mot et de consulter la twittosphère sur l'esthétique parisienne. C'est un des projets de la mandature : définir de nouvelles règles en matière d'urbanisme pour le futur mobilier urbain, le choix des matériaux utilisés pour les aménagements, le type de végétalisation à entreprendre…

    Plus de questions, plus de précisions

    Et en une dizaine de jours ils ont réuni 3 962 réponses là où la mairie de Paris affiche ce mardi 600 votes et 1 133 participants (et 49 propositions qui curieusement émanent toutes d'un seul et même quartier : celui de l'Hôtel de Ville) à sa consultation participative mise en ligne le 10 mars. C'est en consultant le questionnaire de la mairie de Paris que Quentin a eu cette idée de questionnaire bis concernant le mobilier urbain et les futurs choix en termes d'esthétisme à Paris. « J'ai trouvé que le questionnaire de la Ville était partiel et en plus il manquait beaucoup de sujets importants! », juge cet habitant du Sentier. De fait, là où la mairie de Paris pose 5 questions sur le type de bancs préféré, l'utilisation de couleur plus ou moins vives dans la capitale ou encore le type de revêtement à privilégier pour les sols, Quentin et Cannelle, eux, pour leur « vrai manifeste des riverains voyageurs et amoureux de Paris », en pose 23 (allant des pieds d'arbres aux modèles de poubelles ou fontaines en passant par les sanitaires et les éclairages) et une 24e un brin taquine sur le type de sapin de Noël que les internautes préfèrent. « On a mis un peu d'humour, admet Cannelle, consultante de métier. Nous voulions rajouter des sujets qui n'apparaissaient pas dans le questionnaire de la Ville. Nous aimerions qu'ils entendent ces réponses et en tiennent comptent. »

    Une action apolitique ?

    Ces deux trentenaires qui résident dans le centre de Paris et le XVe ont-ils des visées politiques ? Les deux assurent n'être encartés dans aucun parti. Quentin se dit « ni de gauche, ni de droite, plutôt au centre » et si Cannelle a, en 2008, participé à la campagne côté droite, elle assure ne pas être « dans une démarche politicienne ». « On ne veut surtout pas être récupérés politiquement », insiste Quentin. Le jeune homme reconnaît toutefois que nombre de réseaux associatifs plutôt remontés contre la mairie ont allègrement participé et relayé son questionnaire. « Certains participants nous ont aussi traités de réactionnaires », note Cannelle.

    D'après la synthèse des réponses révélée ce mardi, la majeure partie des participants de ce « contre manifeste » (majoritairement parisiens) rejettent les aménagements installés récemment, plébiscitent le mobilier urbain « classique », jugent que l'esthétique de la capitale s'est nettement dégradée et privilégient les plantations d'arbres en pleine terre plutôt qu'en pots.

    Et la Ville ? Que pense-t-elle de l'initiative de ces trublions ? Au cabinet d'Emmanuel Grégoire, l'adjoint chargé de l'urbanisme, on dit regarder de près l'initiative. Un « contact » sera peut-être pris prochainement. Affaire à suivre…