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Contestée, Angela Merkel renonce à une trêve sanitaire et demande «pardon»

Angela Merkel, qui voulait imposer cinq jours de restrictions renforcées à Pâques, s’est livrée à un mea culpa, mercredi, à Berlin. ANNEGRET HILSE/REUTERS

Saluée pour sa bonne gestion au début de la pandémie, la chancelière est sous le feu des critiques.

Correspondant à Berlin

Face à la croissance «exponentielle» de l’épidémie, le gouvernement allemand et les seize Länder s’étaient résolus mardi à un modeste tour de vis sanitaire durant le week-end pascal. Rien d’insurmontable a priori: fermeture des églises et des magasins du 1er au 5 mars, à l’exclusion du samedi pour les commerces de bouche. Mais pour l’opinion publique, c’était déjà trop. Vingt-quatre heures après avoir annoncé ces mesures, Angela Merkel y a brutalement renoncé mercredi… en demandant «pardon» à ses concitoyens.

En quelques mots, l’image d’une chancelière rompue à la gestion des crises était déchirée. «Cette erreur était uniquement la mienne… Elle doit être reconnue comme telle et surtout corrigée», s’est excusée, les yeux cernés, la chef du gouvernement, éreintée par la presse allemande.

État de panique

Très vite, l’idée de fermer les magasins pour seulement quatre jours était apparue absurde, beaucoup anticipant un afflux prématuré des consommateurs, au risque de propager l’épidémie. «On ne peut pas décréter des jours fériés dix jours à l’avance», a convenu le nouveau président de la CDU, Armin Laschet. Cette volte-face traduit surtout l’état de panique qui s’est littéralement emparée du parti conservateur, dont la gestion gouvernementale, à travers le ministre de la Santé, Jens Spahn, est jugée erratique.

Dans la matinée, un sondage de l’institut Forsa créditait la formation de la chancelière de 26 % des intentions de vote lors des législatives de septembre, soit une chute de onze points en un mois et demi. L’idée d’un prochain gouvernement de coalition associant les Verts, premiers bénéficiaires de la crise, et SPD, à l’exclusion de la CDU, fait surface.

L’efficacité du fédéralisme est mise en cause. Lundi, redoutant un enlisement, voire un échec des négociations, Angela Merkel avait suggéré a minima l’idée d’un semi-confinement pascal. La proposition fut adoptée, puis aussitôt critiquée

Les ténors de la démocratie chrétienne ont défendu le tête-à-queue opéré par Angela Merkel et exprimé un «grand respect» à son égard. Mais la fin de mandat de la chancelière ressemble de plus en plus à un chemin de croix. Partisane d’une discipline sanitaire stricte à l’égard de la pandémie, elle se heurte de front aux présidents des régions qui - plus sensibles aux intérêts économiques et à l’état d’humeur de la population - entendent faire valoir leur autonomie de décision. L’efficacité du fédéralisme est mise en cause. Lundi, redoutant un enlisement, voire un échec des négociations, Angela Merkel avait suggéré a minima l’idée d’un semi-confinement pascal. La proposition fut adoptée, puis aussitôt critiquée.

À VOIR AUSSI - Restrictions pour Pâques: Angela Merkel reconnaît «une erreur» et demande «pardon»

Restrictions pour Pâques: Angela Merkel reconnaît «une erreur» et demande «pardon» - Regarder sur Figaro Live

Miser sur la vaccination

Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, qui représente l’aile bavaroise conservatrice (CSU) dans la coalition, s’est indigné qu’un parti d’inspiration chrétienne puisse accepter une fermeture des églises à Pâques (les messes devaient être célébrées à distance). Le SPD et la CDU se sont distanciés d’une décision politique que leurs chefs de région avaient avalisée. Au Bundestag, trois partis (gauche radicale, AfD et FDP) ont demandé un vote de confiance contre la chancelière.

Seul, le chef de la CSU, Markus Söder, rival putatif d’Armin Laschet dans la course à la chancellerie, et partisan comme Merkel de strictes mesures sanitaires, a laissé entendre que cette dernière n’était pas la seule à blâmer. Alors que 15 900 nouveaux cas ont été enregistrés et que les mutants du virus se développent, Berlin n’a aucun nouveau plan concret à offrir.

Ajoutant à la cacophonie, les dirigeants continuent de dissuader leurs concitoyens de voyager alors que les photos d’Allemands se prélassant sur les plages de Majorque font la une des journaux. Faute de nouvelles mesures, le taux d’incidence - proche de 100 - pourrait atteindre 200 à la mi-avril. Désormais, le gouvernement semble tout miser sur la vaccination et fait pression sur l’UE pour accélérer la mise sur le marché du vaccin russe Spoutnik.

Contestée, Angela Merkel renonce à une trêve sanitaire et demande «pardon»

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85 commentaires
  • anonyme_de_province

    le

    La politique de l'autoflagellation. Grande ligne directrice des Européens.

  • marioncobretti

    le

    Heureusement qu'elle l'a fait...sinon son sbire situé à l'Elysée président du Land France ne savait pas quoi dire lors de son interview avec Nikos Aliagas en Grèce ! .

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