Des migrants secourus dans la Manche par les autorités britanniques (archives). Crédit : Picture alliance
Des migrants secourus dans la Manche par les autorités britanniques (archives). Crédit : Picture alliance

La ministre britannique de l'Intérieur a présenté mercredi à la Chambre des communes une réforme du système d'asile qui prévoit de ne plus accorder les mêmes droits aux personnes entrées légalement ou illégalement dans le pays. Les associations dénoncent un texte "cruel et inhumain".

Durcir les conditions d'immigration constituait un cheval de bataille des partisans du Brexit. La ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel, connue pour sa fermeté sur le sujet, a présenté mercredi 24 mars à la Chambre des communes une réforme du système d'asile, qualifiée par le gouvernement de "plus grande refonte du système d'asile au Royaume-Uni depuis des décennies".

Priti Patel prévoit de ne plus accorder les mêmes droits aux personnes entrées légalement ou illégalement dans le pays. "Si, comme plus de 60% des arrivées illégales, [des migrants] ont traversé un pays sûr comme la France pour arriver ici, ils ne pourront pas entrer immédiatement dans le système d'asile comme c'est le cas actuellement", a déclaré la ministre dans un communiqué.

Un titre de protection temporaire pour les migrants entrés illégalement

Ainsi, selon la nouvelle réforme voulue par le gouvernement, les migrants entrés illégalement en Angleterre et dont la demande d'asile aboutit recevront un nouveau statut de protection, temporaire, et non plus un droit automatique à l'installation. Ils verront ce statut régulièrement réévalué pour être potentiellement expulsés du Royaume-Uni. Par ailleurs, leurs droits en matière de regroupement familial et leur accès aux prestations sociales seront limités.

Quant aux personnes dont la demande d'asile est examinée et refusée, elles seront expulsées "rapidement" du Royaume-Uni.

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À l'inverse, ceux qui arrivent dans le pays par une voie de réinstallation sûre et légale, pourront s'installer au Royaume-Uni définitivement. Actuellement, les réfugiés réinstallés obtiennent la permission de rester dans le pays pour une durée de cinq ans, après quoi ils doivent redemander un nouveau titre de séjour valable cette fois-ci pour une durée indéterminée.

Selon les médias anglais, la ministre envisage également que les demandeurs d'asile soient maintenus dans un pays étrangers en attendant le traitement de leur dossier.

Enfin, le gouvernement veut que les sanctions encourues par les migrants qui tentent d'entrer illégalement dans le pays soient renforcées, et que les passeurs puissent écoper d'une peine de prison à perpétuité.

Une réforme "inhumaine"

Priti Patel reconnaît "la fermeté de ces actions" mais elle estime qu'elles sont "indéniablement équitables" car elles "sauveront des vies et cibleront les passeurs".

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Une réponse qui ne convainc pas les humanitaires, inquiets par cette nouvelle réforme. La Croix-Rouge l'a qualifiée d'"inhumaine". "Ces propositions créent un système injuste à deux vitesses, dans lequel le cas d'une personne et le soutien qu'elle reçoit sont jugés sur la façon dont elle est entrée dans le pays et non sur son besoin de protection", a réagi Mike Adamson, directeur général de la Croix-Rouge britannique.

Pour Tim Noar, le directeur de l'ONG Refugee action, "ces propositions cruelles et injustes représentent la plus grande attaque contre le droit d'asile jamais vue" au Royaume-Uni. 

Fin janvier, le Royaume-Uni avait déjà pris des mesures drastiques concernant les mineurs non accompagnés, en mettant fin à l'amendement Dubs signé en mars 2016. Le texte était une sorte de "super protocole de transfert rapide et simplifié" pour les jeunes isolés qui souhaitaient venir en Angleterre.

Désormais, les enfants qui veulent rejoindre un proche au Royaume-Uni pourront toujours le faire mais grâce aux règles d'immigration existantes en Grande-Bretagne. Une procédure stricte, la demande de réunification familiale prévue par la loi anglaise étant bien plus contraignante que l'amendement Dubs.

 

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