Le génie de Wang Bing ? Filmer le travail de l’homme dans un monde sans travail
Le centre Georges-Pompidou consacre une rétrospective au cinéaste chinois Wang Bing. Son magistral À l'ouest des rails (2004), où il filmait les derniers mois de l’immense complexe industriel de Shenyang, a inauguré un nouvel art documentaire. Dans tous ses films, jusqu'aux Trois Sœurs du Yunnan en salle ce mercredi, Wang Bing n'a cessé depuis d'interroger ce à quoi œuvre l’homme quand il n’a plus de travail.
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Lundi 14 avril s’est ouverte la rétrospective que le centre Pompidou consacre à l'un des plus grands cinéastes de ce temps. Le premier film de Wang Bing date de dix ans à peine. Il documentait, on s’en souvient sans doute, les derniers mois de l’immense complexe voué à l’industrie lourde de Shenyang, situé dans le Dongbei, à l’extrême nord-est de la Chine. Ces neuf heures découpées en trois parties, « Rouille », « Vestiges » et « Rails », apparaissent aujourd’hui comme un des moments qui ont défini le cinéma contemporain selon un certain rapport au passé. À l’ouest des rails (2004) a inauguré un nouvel art documentaire, capable d’atteindre au monumental grâce à l’avènement du numérique, malgré des moyens très faibles – en l’occurrence ils étaient quasi nuls –, et composé comme un long poème de ruines dédié au XXe siècle finissant.