Le mois de mars a été “exceptionnellement chaud” au Japon, et la floraison des cerisiers de la ville de Kyoto a atteint son apogée vendredi 26 mars, “le plus tôt dans l’année depuis plus de 1 200 ans”, rapporte The Washington Post.

Le précédent record datait du 27 mars 1409, “près d’un siècle avant le départ de Christophe Colomb pour l’Amérique”, rappelle le quotidien américain. Selon la BBC, les premiers recensements de l’avancée de la floraison des cerisiers à Kyoto, mentionnés dans les archives de la cour impériale, remontent à 812 après J.-C. Soit quelques années “après le couronnement de Charlemagne comme empereur romain germanique”, souligne The Washington Post.

En raison de son ancienneté, le recensement annuel des pics de floraison à Kyoto est en effet “un trésor” qui a été alimenté par des empereurs, des aristocrates, des gouverneurs et des moines au cours des siècles, indique le quotidien américain. Ces derniers temps, c’est une scientifique de l’université de la préfecture d’Osaka, Yasuyuki Aono, qui surveille l’avancée de la floraison et met les données en ligne.

La floraison, appelée mankai en japonais, ne dure que quelques jours, mais l’apparition des fleurs (sakura) revêt une énorme importance pour les Japonais, “tant sur le plan économique que culturel”, indique la BBC.

Un indicateur probant du changement climatique

Le registre de Kyoto sur la floraison des cerisiers est en outre “extrêmement précieux pour la recherche sur le changement climatique en raison de sa durée et de la forte sensibilité de la floraison aux températures printanières”, a expliqué au Washington Post Benjamin Cook, chercheur de l’université Columbia (New York) spécialisé dans la reconstitution des données climatiques du passé.

Selon le quotidien, le record de précocité enregistré cette année à Kyoto est symptomatique d’une tendance à une floraison printanière de plus en plus souvent en avance. Ce qui, selon les experts, est un indicateur probant du changement climatique.

Pour le Washington Post, la série chronologique des cerisiers en fleurs de Kyoto montre que la date moyenne du pic de floraison a été relativement stable pendant environ 1 000 ans, de 812 à 1800. Mais ensuite, ces pics de floraison maximale ont eu lieu de plus en plus tôt au printemps, une tendance qui s’est renforcée au cours des 100 à 150 dernières années. En 1850, la date moyenne de floraison était le 17 avril ; aujourd’hui, elle est plus proche du 5 avril. Et dans le même temps, la température moyenne à Kyoto a augmenté d’environ 3,4 °C, rappelle le quotidien.