Le projet de parc aquatique près d’Angkor tombe à l’eau. C’est ce qu’ont annoncé les médias cambodgiens en début de semaine dernière : le ministère de la Culture et des Beaux-Arts a refusé le projet présenté par la société hongkongaise NagaCorp, qui souhaitait aménager un immense parc d’attractions près des temples d’Angkor. Après que l’Unesco a tiré la sonnette d’alarme au début du mois de février, le Comité international de coordination d’Angkor (CIC-Angkor) s’est lui aussi déclaré très préoccupé par ce projet, jugé dangereux pour l’intégrité du site millénaire. Le gouvernement cambodgien s’est donc finalement rangé à l’avis des experts du patrimoine, mais semble ne pas entièrement fermer la porte à des aménagements à proximité d’Angkor.
Un projet très contesté
Angkor Lake of Wonder, c’est l’histoire d’un projet de parc d’attractions qui a récemment fait passer de mauvaises nuits aux amoureux du patrimoine mondial. La société NagaCorp, avec l’accord du gouvernement cambodgien, souhaitait en effet installer un complexe de loisirs et d’hôtels réparti sur 75 hectares et situé à peine à 500 mètres de la « zone tampon » qui doit protéger le site historique de tout aménagement. Le projet, estimé à 350 millions de dollars, risquait de fortement dérégler le cycle des eaux qui fonde la « cité hydraulique » d’Angkor et d’occasionner d’importantes pollutions. Compte tenu de la levée de boucliers contre l’implantation de ce parc, en particulier celle menée par l’Unesco et CIC-Angkor qui se sont fermement opposés au projet, le gouvernement cambodgien a donc rétropédalé et annoncé qu’Angkor Lake of Wonder ne verrait pas le jour…du moins dans l’état actuel des choses.
Le système complexe de circulation des eaux d’Angkor était menacé par le projet de NagaCorp © Wikipedia Commons – Bjørn Christian Tørrissen
« Non »… mais pour combien de temps ?
Pour Sum Map, le ministre de la Culture et des Beaux-Arts, « Angkor est un site religieux. Si vous y implantez des activités trop différentes, vous risquez de le dénaturer ». À demi-mot, ce dernier reconnaît donc que, comme le craignait le CIC-Angkor, le parc d’attractions menaçait fortement l’aspect patrimonial et historique du lieu. La préservation du site d’Angkor, véritable merveille du patrimoine mondial, est en effet une lutte de chaque instant et reste aujourd’hui tout à fait précaire. Très dégradés, car laissés à l’abandon pendant la période de la dictature des Khmers rouges (1975-1979) puis de la guerre civile cambodgienne (1978-1999), les temples d’Angkor doivent désormais être protégés de la voracité des investisseurs qui souhaitent prospérer en s’appuyant sur le développement du tourisme au Cambodge.
Breaking News: Proposed « Agkor Lake of Wonder » development project put forward by the Naga group cannot be implemented. pic.twitter.com/zXklXHBtCY
— Noan Sereiboth (@noansereiboth) March 23, 2021
Le combat n’est d’ailleurs pas terminé puisque le gouvernement cambodgien a laissé entendre qu’un projet moins ambitieux pourrait être autorisé. En effet, pour Sum Map, « il n’y a pas de problème avec ce projet, si ce n’est sa taille. […] Les futures activités de développement proposées par Naga ou d’autres entreprises publiques ou privées devront être conformes au label « Patrimoine mondial » ». Quels que soient les futurs aménagements qui verront finalement le jour autour du site d’Angkor, l’Unesco et le World Monuments Fund ont salué la prise de conscience du gouvernement cambodgien en faveur du patrimoine.