À 70 ans, Plantu range le crayon. Vous ne verrez plus ses dessins en première page du journal Le Monde. Son dernier dessin a été publié dans l’édition de ce mercredi (mais datée de jeudi). Dessinateur de presse de génie, Jean Plantureux de son vrai nom, a toujours gardé une place particulière dans son cœur pour la Belgique, pays de la BD. Pendant quelques mois c’est d’ailleurs à l’Institut Saint-Luc, à Bruxelles, qu’il a fait ses classes, avant d’être engagé par le prestigieux journal Le Monde, à 21 ans. C’était en 1972.
C’est un boulot d’artisan
Presque 50 ans plus tard, le rideau s’apprête à tomber. Et alors que tout le monde se demandait quel serait son dernier dessin en Une du Monde, lui préférait en parler à sa manière, tout en subtilité, sans empressement, comme il l’a confié à notre collègue François Heureux :" Je viens d’avoir le directeur du journal pour ce mercredi. C’est un boulot d’artisan, c’est-à-dire que l’actualité du jour est telle, et comme un artisan qui ferait des chaises, et le dernier jour avant de prendre sa retraite, le gars qui fait des chaises fait une chaise le dernier jour. Ce mercredi, je ferai donc le dessin du jour. Il y aura peut-être dans un coin une petite souris qui dit au revoir. Je le fais au dernier moment. Mais je ne rangerai pas mes crayons, j’ai encore tous mes crayons parce que je ne vais pas m’arrêter de dessiner."
Le jour est venu et la petite souris est effectivement là, plusieurs fois même. L'une salue, l'autre lit. La colombe porteuse de paix et d'espoir brandit un crayon. Marianne est là elle aussi, comme la figure du Président de la République.