Louis de Funès sur le web

29 juin 2020

Près de quarante ans après sa mort, il n'a jamais été aussi présent. En ce printemps 2020 complètement fou, plus de cinquante millions de Français, confinés chez eux, ont revu à la télévision ses plus gros succès et ont ri devant ses inimitables facéties. Plus que jamais, l'acteur s'est imposé comme une valeur-refuge, un véritable antidépresseur du confinement. Répliques cultes, gestuelle burlesque, tics et mimiques à la pelle, souvenirs de tournage, images d'archives drôles et tendres... C'est parti pour un concentré de Louis de Funès, tout autour du web.

Louis de Funès, l'ami des confinés

En guise d'introduction, on ressort cette chouette vidéo Louis de Funès et les comiques de droite, une analyse signée Calmos, consacrée à L'Homme orchestre et donc à l'amour des Français pour les comiques de droite. Pour prendre le rythme, on poursuit avec ce Fast and Funès, un mélange détonnant entre une comédie française et un bon gros blockbuster à l'américaine. Et, alors que l'actualité nous l'impose, arrêt sur ce mashup qui a fait le buzz dernièrement sur internet : le confinement vu par Louis de Funès. « Nous sommes en guerre ! »

« Dites, vous vous foutez de moi, là ? »

Les films de Louis de Funès regorgent de répliques entrées quasiment dans le langage courant. Qui ne connaît pas les punchlines de La Grande Vadrouille compilées dans ce Top ? « But alors you are french ? » La fameuse réplique franglaise a même donné son nom à un colloque, tenu le 11 mars dernier à l'Université de Caen Normandie, pour un état des lieux contemporain du genre comique dans le cinéma français.

« Muskatnuss ! Muskatnuss, Herr Müller ! »

Du cochon clandestin de La Traversée de Paris à la soupe aux choux « qui rend meilleur », en passant par le soufflé à la pomme de terre de Monsieur Septime, la cuisine anglaise des Grandes Vacances ou les oursins de Saint-Tropez. Des tripes au cidre du Tatoué à la choucroute garnie Tricatel, chaîne de restauration industrielle de L'Aile ou la cuisse qui donna son nom au label de musique créé par Bertrand Burgalat, on passe beaucoup de temps à table avec de Funès, pour se taper la cloche, bâfrer, s'empiffrer ou se délecter des mets les plus délicats, comme au restaurant japonais, le Kobe, auquel Charles Duchemin/De Funès, directeur de guide gastronomique, dédie ces quelques lignes : « Du sukiyaki au teppanyaki en passant par le sashimi et le shabu-shabu, tout saute, tourbillonne, voltige sous vos yeux pour finir par atterrir miraculeusement dans votre assiette. » Derrière le personnage de fin gourmet se cache aussi un passionné de culture biologique.

« Y chante ! Y tape ! Et y piétine ! »

Une sensibilité gustative, mais aussi de musicien. Car l'acteur a d'abord été pianiste dans les cabarets et théâtres parisiens et il suffit de revoir ses films pour voir à quel point sa mélomanie nourrissait son jeu. Ses rôles les plus drôles sont souvent associés à des thèmes musicaux d'anthologie. Télérama fait le zoom sur quatre d'entre eux. Tandis que France Musique propose de revisiter musicalement la filmographie d'un histrion qui avait du génie.
Louis de Funès, homme orchestre et danseur, qui n'hésite pas à apprendre une chorégraphie juive hassidique, défi raconté par son jeune prof de l'époque, Ilan Zaoui. « Rabbi Jacob, il va danser ! »
Avec une gestuelle et une énergie burlesque qui ne sont pas sans rappeler celles de Charlot (que l'acteur admirait), analysées ici par Léo Soesanto, de Funès s'est construit une persona, un jeu d'acteur, disséqué par Josué Morel dans Anatomie d'un tyran fragile.

« Foutez-moi l'camp ! »

Impulsifs et colériques, les personnages que campe Louis de Funès symbolisent à merveille la médiocrité du Français moyen. C'est le râleur parfait pour incarner le mécontentement de ses concitoyens, ici au volant contre les limitations de vitesse. Avec lui, on fait le tour de la France en passant par l'Italie et l'Espagne. De la place du Panthéon pour la scène de l'accident du Corniaud au Palais de l'Alhambra pour La Folie des grandeurs, cinq lieux de tournage pour cinq scènes d'anthologie.
Des comédies à succès qui font tout autant rire en italien, en chinois (doublage parfait) qu'en allemand (avec le personnage de Balduin très populaire en Allemagne). Beaucoup moins drôles quand l'une d'entre elles, Rabbi Jacob, se trouve au centre d'un incroyable fait divers, survenu le 18 octobre 1973, avec ce détournement d'avion tragique.
Un périple qu'on a envie de clore avec ces images de vacances, Louis de Funès en famille, une archive rare en Super 8.


Dans les cartons de la Cinémathèque

Dans les collections de la Cinémathèque française, une dizaine d'affiches de films de Louis de Funès sortis en plein âge d'or de l'école polonaise. Dans la Pologne communiste, l'affiche est l'une des rares formes d'expression tolérée et financée par l'État. Les graphistes y trouvent une véritable échappatoire et livrent des œuvres d'une grande fantaisie, souvent audacieuses, vivantes et vibrantes.

Affiches Polonaises Louis de Funès

L'Aile ou la cuisse (Wiktor Gorka) ; Le Corniaud (Wiktor Gorka) ; Le Gendarme se marie (Jerzy Flisak) ; Les Grandes Vacances (Marian Stachurski) ; La Folie des grandeurs (Jerzy Flisak) ; La Zizanie (Mucha, Maria Ihnatowicz)


La confidence

« Quand il était dans un lieu public, Louis de Funès avait horreur que les gens se mettent à guetter sur son visage les mimiques qui l'avaient rendu célèbre. Il faisait de gros efforts pour ne pas être reconnu. Il portait en permanence une casquette bien enfoncée sur le crâne... Mais une fois sur le plateau, il devenait un autre. Son génie était d'apprivoiser l'excès. Ce qui n'est pas donné à tout le monde. Passé une certaine frontière, on peut laisser libre cours au délire. Avec de Funès, on ne se situe plus dans le domaine du réalisme, mais dans une autre dimension, qui entretient une certaine parenté avec le cartoon. » (Gérard Oury, L'Avant-Scène Cinéma, décembre 2001)

Le tandem Oury – De Funès, champions du box-office, dans une archive INA.


Vu à la TV

19 mars 1978, Louis de Funès évoque ses débuts au cinéma sur le canapé de Michel Drucker, en compagnie d'Annie Girardot.