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Au Mozambique, une nouvelle menace islamiste en Afrique

L’attaque, à partir du 24 mars, de la ville de Palma par un groupe de combattants affiliés à l’organisation Etat islamique marque une étape importante de la montée du djihad dans une partie de l’Afrique jusque-là épargnée. Le gouvernement mozambicain, avec l’aide de la communauté internationale, doit tout faire pour éviter une propagation.

Publié le 30 mars 2021 à 12h30 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Après la Corne de l’Afrique, après le Sahel, une troisième région du continent africain se trouve déstabilisée par une insurrection islamiste. L’attaque violente qui, à partir du mercredi 24 mars, a visé pendant plusieurs jours la ville de Palma, dans le nord-est du vaste Mozambique, marque une étape inquiétante dans le développement du djihad dans une région qui en était jusqu’à récemment épargnée.

En prenant d’assaut l’agglomération voisine de la presqu’île d’Afungi, transformée en camp retranché, où un consortium dirigé par le français Total s’apprête à construire des installations de liquéfaction de gaz exploité offshore, les militants du groupe Ahlu Sunna Wal Jamaa, surnommés localement « Al-Chabab » (« les jeunes »), ont réussi un coup d’éclat.

Elaboré, leur plan a consisté à vider les villages alentour par la terreur, puis à infiltrer en ville des combattants afin d’y lancer une attaque simultanée en plusieurs points. Ni l’armée ni les hommes des sociétés de sécurité privées qui pullulent dans la région n’ont réussi à éviter le bain de sang, marqué par la mort de plusieurs dizaines de personnes. Total, qui venait d’annoncer la reprise de son chantier, le plus gros projet du continent africain dans le domaine des hydrocarbures, a dû le suspendre.

Dans le nord du Mozambique, le groupe « Al-Chabab » n’a cessé de monter en puissance depuis sa création, en 2017, sur fond d’insatisfaction économique et de conflits religieux locaux. Regroupant des combattants surtout mozambicains et tanzaniens, mais aussi congolais et somaliens, ils imposent leur ordre en semant la terreur, notamment par des décapitations destinées à marquer les esprits.

Nombreuses ressources

Les insurgés, sans chef clairement identifié mais affiliés à l’organisation Etat islamique depuis 2019, n’ont cessé d’étendre leur emprise dans cet eldorado en devenir, où se concentrent de nombreuses ressources ne profitant pas aux populations. Des mines de rubis, d’or et de graphite, jusqu’aux trafics de bois et d’héroïne, la province de Cabo Delgado excite toutes les convoitises. Le chaos y est tel que 670 000 personnes ont été forcées de quitter leurs terres et que la situation humanitaire frise la crise aiguë.

Pour le Mozambique, ancienne colonie portugaise marquée par une longue guerre d’indépendance (1964-1975), prolongée par une interminable guerre civile (1976-1992), qui a fait près de un million de morts, le coup est rude, même si la capitale, Maputo, est distante de plus de 2 700 kilomètres des lieux de l’attaque.

Mais le pire, étant donné le contexte mondial de lutte contre le djihadisme et la situation locale d’Afungi – siège d’un projet industriel stratégique pour le développement du pays –, serait une intervention, directe ou non, des grandes puissances. Toute escalade de type militaire, à l’instar du contre-exemple catastrophique de la Somalie, ne ferait que renforcer l’arrogance de djihadistes dont les connections internationales paraissent distendues.

A la différence du Sahel, le Cabo Delgado est une région potentiellement riche, dont les ports sur l’océan Indien ouvrent le pays au monde. Il appartient au gouvernement mozambicain de mettre en œuvre les politiques adéquates pour répondre aux mécontentements locaux, assurer la sécurité des populations et tenir les promesses de prospérité alimentées par la future exploitation gazière. Et à la communauté internationale d’épauler le développement du Mozambique en évitant d’attiser les braises.

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