Milan Kundera : "On souffre par l'insignifiance de tout ce que nous vivons"

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Milan Kundera : "On souffre par l'insignifiance de tout ce que nous vivons"

Milan Kundera à Paris le 2 août 1984.
Milan Kundera à Paris le 2 août 1984.
© Getty - François Lochon/Gamma-Rapho

1984. Milan Kundera, auteur de "L'Insoutenable légèreté de l'être" était l'invité en 1984 des "Matinées de France Culture". Il est interrogé sur la signification de ce titre étrange ainsi que sur l'apparente simplicité de l'histoire du roman qui pose en fait des questions fondamentales sur l'existence.

Dans cet entretien datant de 1984, l'écrivain Milan Kundera, à l'occasion de la sortie de son livre L'Insoutenable légèreté de l'être, s’explique tout d'abord sur le titre énigmatique de son dernier roman et s'interroge ainsi sur le mythe de " l'éternel retour", concept nietzschéen, dans notre vie.

Je pense toujours qu'il ne faut pas tricher avec le titre, que le titre doit vraiment répondre au contenu du livre. Ce qui est très difficile, de résumer en trois mots le contexte, le thème. Mais je peux dire que c’est un des thèmes du livre , cette question métaphysique si la vie est quelque chose qui pèse ou si la vie est quelque chose qui ne pèse pas.

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Milan Kundera poursuit sa réflexion : "Est-ce que l'on souffre par l'insignifiance de notre vie ou est-ce qu'on souffre par le poids dramatique de notre vie ?" Selon lui, cette question ne peut pas être résolue, comme toutes les questions fondamentales de l'existence.

Milan Kundera parle de "L'Insoutenable légèreté de l'être" dans Les Matinées de France Culture le 09/02/1984.

24 min

Milan Kundera part d'une histoire simple, apparemment légère mais qui devient vite une "énigme" où "chaque situation devient un petit mystère".

Vous ne pouvez pas seulement raconter cette histoire, vous devez aussi penser cette histoire. C'est pourquoi cette histoire a cette dimension non pas philosophique, car je ne suis pas philosophe et le système philosophique ne m'intéresse pas, mais une interrogation philosophique qui accompagne chaque situation, et qui donne à ce roman cette dimension de la pensée.

Autre thème abordé dans le roman, notre mésentente avec notre propre corps :

Habiter un corps qu'on n'a pas choisi, c'est la première offense de l'homme !

A travers l'histoire intime du couple dans le roman, l'écrivain d'origine tchèque réfléchit aussi sur l'Europe et son avenir improbable. Même l'Europe occidentale "commence à douter de son avenir, commence à douter du progrès", lui semble-t-il.

Le destin européen entre dans une phase tout à fait spéciale, c'est-à-dire dans la phase où l'Europe pose, pour la première fois, et ce d'une façon tout à fait collective comme une certitude de masse, la question de sa fin possible.

  • "Les Matinées de France Culture " (extrait)
  • Première diffusion le 09/02/1984
  • Producteurs : Roger Vrigny et Christian Giudicelli
  • Réalisation : Catherine Lemire
  • Indexation web : Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France
  • Archive Ina - Radio France