Seine-Saint-Denis. Ils prostituent trois mineures dans un appartement aux Pavillons-sous-Bois

Deux hommes ont été condamnés, mardi 16 mars 2021, par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour avoir organisé la prostitution de trois jeunes filles mineures.

Deux hommes ont été condamnés, mardi 16 mars 2021, par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour avoir organisé la prostitution de trois jeunes filles mineures.
Deux hommes ont été condamnés, mardi 16 mars 2021, par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour avoir organisé la prostitution de trois jeunes filles mineures. (©Capture écran Google)
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Elles avaient entre 16 et 17 ans au moment des faits. Mardi 16 mars 2021, deux jeunes de 20 ans originaires de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Sarcelles (Val-d’Oise) comparaissaient devant le tribunal de Bobigny pour proxénétisme. Ils sont soupçonnés d’avoir organisé la prostitution de trois jeunes filles mineures aux Pavillons-sous-Bois. 

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Six à sept clients par jour

Pendant trois jours en juin 2020, elles ont « enchaîné six à sept clients par jour » dans un appartement de l’allée de Berlin. S. 16 ans, R. 16 ans et E. 17 ans, auraient rapporté 600 euros, selon Issa*, soupçonné d’être à l’origine de la prostitution des jeunes filles. « Elles ont l’air de dire un peu plus », rétorque le président du tribunal.

Sur place, les enquêteurs ont découvert des fiches de comptes sur lesquelles sont notés des montants en face des pseudonymes des adolescentes. « Quel intérêt pour les filles d’avoir une feuille de compte si personnes n’est au-dessous ? », interroge le président. Les prévenus restent mutiques.

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Petites annonces sur internet

Les deux prévenus ont été interpellés au cours des perquisitions alors qu’ils se rendaient à l’appartement en possession des clés. Sur le téléphone d’Issa, des notifications du site Wanonce -sur lequel des annonces au sujet des filles sont postées- sont photographiées par les enquêteurs.

Interrogés, les voisins décrivent des aller-retours d’hommes et la présence de préservatifs sur le palier de la résidence. Selon la procureure, « les clients faisaient la queue en bas de l’immeuble ». Le calvaire prend fin grâce à l’intervention de la mère de S. . Cette dernière signale l’appartement aux forces de l’ordre après avoir géolocalisé sa fille. 

Une dette à rembourser

Issa, jeune homme élancé, avait rencontré « une des filles » quelques mois plus tôt, un jour de février 2020. « Je ne sais plus comment elle s’appelle », lance-t-il à l’assemblée. Il s’agissait de R. . Ce jour-là, elle aurait abîmé sa voiture en la conduisant. De là, il la tient redevable d’une dette de 200 euros pour les frais de réparation.

« Je la recroise en juin avec deux autres filles et là, je lui dis qu’elle me doit de l’argent. Pour me rembourser, c’est elle qui me propose de se prostituer. Je pensais qu’elle était majeure. Elle fait ce qu’elle veut de son corps », se défend-il. Sauf qu’une fois les 200 euros remboursés, la dette passe rapidement à 1 000 euros. « Cette dette ne cesse d’avoir des agios ! », pointe l’avocate de E., représentée par l’association SOS Victimes. 

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Adolescentes en fugue

Les trois jeunes filles, en fugue, sont alors hébergées dans l’appartement de l’allée de Berlin. Originaires de la région de Bordeaux (Gironde), elles n’ont aucune attache en région parisienne.

Moussa*, celui désigné comme « l’associé d’Issa », se charge de louer l’appartement via Snapchat. 300 euros sont déboursés pour les trois jours. Les clés sont conservées par Issa. Les victimes n’ont jamais eu les clés en leur possession pendant ces trois jours. « C’était pour les protéger et pouvoir intervenir si jamais un homme venait les agresser », se justifie-t-il. Pendant les trois jours Issa et Moussa fournissent cigarettes, nourritures et préservatifs, rapporte le président.

« Ces filles, on les a obligées à se prostituer »

Issa et Moussa, chemise noire et jean délavé pour l’un, doudoune argentée et jean pour l’autre, écoutent attentivement les plaidoiries des avocats des victimes. « Ces filles, on les a obligées à se prostituer », plaide l’un des avocats.

Il dit qu'il les protégeait non pas en tant que proxénète mais en tant qu'homme. Mais c'est parce qu'il y a un accord sur le remboursement de la dette qu'il accepte de les héberger.

Avocate de E.

L’un et l’autre ont déjà été condamnés plusieurs fois pour des affaires de stupéfiants, jamais pour proxénétisme. 

Trois et deux ans de prison

La procureure rappelle que le proxénétisme de mineurs est interdit en France. « Quelles aient consenti ou non n’a aucune incidence sur l’infraction. Les mineurs sont des victimes et ce sont des enfants en danger », insiste-t-elle. Pour la procureure, les prévenus ont choisi de « s’enrichir en vendant le sexe de trois jeunes filles ». Pour l’avocat de Moussa, le condamner serait « aller trop vite en besogne ». « Il y a peu d’éléments à charge », estime-t-il. 

Après plus de 20 minutes de délibéré, Issa est condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis et Moussa deux ans dont un avec sursis. Les peines sont assorties d’un mandat d’arrêt. Ils sont également condamnés à verser 4 000 euros à chacune des victimes pour préjudice moral et 3 000 euros à la mère de S. pour dommages et intérêts. L’un et l’autre, qui comparaissaient libre, avaient quitté la salle avant l’énoncée du verdict.

*Les prénoms ont été modifiés.

**Cette peine est susceptible d’appel. Tout prévenu demeure présumé innocent tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.

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