Le 16 février, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé que la Turquie reprendrait ses opérations contre les militants kurdes en Irak après l’enlèvement puis le meurtre de treize ressortissants turcs. “Nous resterons dans les zones que nous contrôlons aussi longtemps que nécessaire pour empêcher que de telles attaques se reproduisent”, a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de sympathisants du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir.

Cette déclaration est intervenue deux jours après qu’une milice irakienne soutenue par l’Iran a menacé de s’en prendre aux forces turques présentes dans le nord de l’Irak. Ce conflit turco-iranien présage une guerre froide entre ces deux puissances régionales.

Si, pour l’instant, la Turquie et l’Iran donnent l’impression d’être davantage dans la coopération que dans la rivalité, une confrontation entre les deux pays reste néanmoins inévitable, alors que Téhéran est sur le point de remporter une bataille longue de quarante ans contre l’Arabie Saoudite.

En effet, la monarchie pétrolière n’aura pas offert une grande résistance alors que l’Iran étend sa sphère d’influence dans la région depuis 1979. Et pour l’heure, les Iraniens bloquent toujours l’accès du monde arabe aux Turcs, mais Ankara a plus de ressources que Téhéran à long terme.

Cette confrontation [entre l’Iran et la Turquie] va redéfinir l’équilibre de la région pour un long moment, notamment parce que Washington et Ankara ont des intérêts communs dès lors qu’il s’agit de faire refluer l’influence iranienne.

Pourtant, aux yeux de la plupart des observateurs, le principal conflit régional au Moyen-Orient oppose toujours l’Arabie Saoudite et l’Iran, considérés comme les meneurs respectifs des camps sunnite et chiite. Rares sont ceux à avoir compris que cette rivalité vieille de plusieurs décennies s’est en réalité achevée il y a près de quatre ans, lorsque les forces syriennes soutenues par Téhéran ont repris Alep [en Syrie] aux rebelles, et écrasé les derniers espoirs saoudiens de