Lors de la fête de la musique, square Villemin à Paris, le 21 juin 2020.

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ABDULMONAM EASSA / AFP

La vaccination est sans conteste la meilleure chance pour sortir rapidement de la crise du Covid-19. Les autorités sanitaires comptent bien accélérer, au cours du mois d'avril, une campagne encore bien trop lente. Mais l'Institut Pasteur, dans des nouveaux travaux présentés mardi, prévient : il faudra quoiqu'il arrive parvenir à un très haut niveau de vaccination de la population pour relâcher complètement nos efforts cet automne.

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La faute à la présence dans l'équation du variant anglais, hautement contagieux, ainsi qu'à un faible taux d'immunisation, puisque 20% des Français seulement ont jusqu'ici été testés positifs au Sars-CoV-2, indique l'équipe "Modélisations mathématiques des maladies infectieuses" de la fondation. Le salut pourrait provenir de la vaccination des enfants, pour qui les essais cliniques sont toujours en cours. "Même dans des scénarios optimistes, les intentions de vaccination actuelles des populations françaises pourraient ne pas permettre un assouplissement complet des mesures de contrôle. La vaccination des enfants, si possible, pourrait aider à atteindre cet objectif", présage-t-elle.

Augmentation du R

Selon ses modélisations, le variant britannique B.1.1.7, plus transmissible, risque de faire grimper le R0 - ou R effectif, le nombre moyen de personnes qu'une personne contagieuse peut infecter - à 4, d'ici l'automne. Au-delà, donc, de son record du printemps 2020 (à R0=3). Dans ce contexte, l'un des scénarios selon lequel la France vaccinerait 90% des plus de 65 ans et 70% des 18-64 ans d'ici là ne permettrait pas un relâchement total des mesures de contrôle ni des gestes barrière. Tout simplement car à ce niveau de transmission, le nombre d'admissions quotidiennes à l'hôpital demeurerait supérieur à 1000. En dépit d'une relative efficacité des vaccins dont la fondation estime qu'ils réduisent la sévérité de la maladie de 90% et la susceptibilité (le risque d'infection) de 80%.

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Deux bonnes nouvelles toutefois : ce scénario présenté par l'Institut Pasteur n'est pas synonyme de préservation d'un couvre-feu ou d'un confinement strict. "Il faudrait que des mesures de contrôle soient maintenues et réduisent les taux de transmission dans la population générale de 15-27% par rapport au scénario de relâchement total. En guise de comparaison, pendant le confinement de mars-mai 2020, les taux de transmission ont été réduits de 80%", expliquent les auteurs de l'étude. "Difficile de dire si le seul respect des gestes barrière et du tester-tracer-isoler serait suffisant ou pas", confie l'un des auteurs de l'étude, Simon Cauchemez, au Monde.

Enfin, il est malgré tout possible d'atteindre une immunité collective. "Si la campagne de vaccination porte uniquement sur la population adulte, pour R0=4, il faudrait que plus de 90% des adultes soient vaccinés pour qu'un relâchement complet des mesures de contrôle soit envisageable", note l'Institut Pasteur. Ou, si les vaccins sont sûrs chez les enfants, "la vaccination de 60-69% des 0-64 ans et de 90% des plus de 65 ans", afin d'arriver aux mêmes objectifs. Reste maintenant à convaincre une majorité de Français de se faire vacciner. La défiance récemment observée autour du sérum AstraZeneca incite à la plus grande prudence à ce sujet.

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