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Linda Kebbab : "Je déplore la lâcheté de Taha Bouhafs"
La policière Linda Kebbab.
Hans Lucas via AFP

Linda Kebbab : "Je déplore la lâcheté de Taha Bouhafs"

Justice

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L'audience opposant le journaliste militant Taha Bouhafs à la médiatique policière Linda Kebbab, qu'il avait qualifiée d'"arabe de service", n'a pas eu lieu en raison d'une irrégularité de forme. Le parquet a annoncé son intention de citer à nouveau le reporter pour le 9 juin.

Certains sont visiblement plus loquaces sur Twitter que devant les tribunaux. Taha Bouhafs devait comparaître ce 7 avril pour injure publique envers Linda Kebbab « en raison de son origine ». Le 3 juin le journaliste militant avait qualifié la syndicaliste policière d’« arabe de service » sur Twitter. Mais le jeune homme et son avocat, s’appuyant sur une erreur dans la convocation, ont préféré ne pas se présenter au tribunal qui a constaté l'irrégularité de la citation. Une nouvelle audience pourrait se tenir le 9 juin.

Selon la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, un certain délai entre la citation et la comparution devant le tribunal doit être respecté. Or, Taha Bouhafs n’aurait pas été convoqué à temps, le tribunal a donc dû déclarer la nullité de la citation. Pour éviter cette situation, le journaliste et son avocat, forcément au courant de la date de l’audience, auraient pu, conformément à la loi, se présenter spontanément. D’autant que le parquet a annoncé son intention de citer à nouveau Taha Bouhafs pour le 9 juin, date qui pourrait donc correspondre à une éventuelle nouvelle audience.

Passe d’armes à distance entre avocats

Face à cette situation les interprétations divergent : « La procédure est terminée et définitivement terminée » assure à Marianne Arié Alimi, avocat de Taha Bouhafs qui n’était pas présent à l’audience, « à ce jour mon client n’est plus poursuivi ». Ajoutant, énigmatique : « Le parquet a le droit de refaire une citation mais je doute que cette citation puisse prospérer. »

« Ce n’est pas la procédure qui a été annulée, c’est la citation, répond Thibault de Montbrial qui assure la défense de Linda Kebbab, la procédure est parfaitement valable, cette citation va être refaite par le parquet pour le 9 juin. »

Absence de Taha Bouhafs

Surtout, l’avocat de la policière regrette l’absence de Taha Bouhafs qui avait assuré dans un tweet du 4 juin qu’il serait « ravi de pouvoir expliquer en détail devant un tribunal, les raisons qui m’amènent à dire que cette femme est une ar*be de service. » « En droit de la presse, le prévenu peut comparaître volontairement. C’est apparemment plus facile de faire des tweets injurieux que de venir s’en expliquer devant la justice. » lâche Thibault de Montbrial. « S’il était convoqué en bonne et due forme, il viendrait s’exprimer, accompagné de témoins » justifie Arié Alimi. Qui en prévoirait au moins une vingtaine.

Le tout laissant l’amer sentiment d’un débat de fond soigneusement évité. « Je veux en finir avec ça » lâche Linda Kebbab à des proches et des collègues venus en nombre la soutenir. « J’attendais beaucoup de cette journée, je déplore la lâcheté [de Taha Bouhafs]. Je crois qu’il craint surtout de voir mis au jour ses manipulations et son fonds de commerce qui est tout sauf antiraciste, mais qui a plutôt vocation à nous diviser » défend-elle. Refusant l'assignation identitaire : « Nous sommes en République française, nous sommes Français autant que les autres, ce n’est pas renier son patrimoine familial ou sa culture que d’embrasser un uniforme que nous aimons vraiment, sur un territoire où nous sommes nés et où nous grandissons. »

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne