Archéologie : des lapins déterrent des artéfacts vieux de plusieurs milliers d’années au pays de Galles

Archéologie : des lapins déterrent des artéfacts vieux de plusieurs milliers d’années au pays de Galles
À Pâques, les lapins cachent non seulement les œufs en chocolat dans les jardins, mais déterrent aussi des objets préhistoriques. ©Unsplash/Gary Bendig

Au mois de mars dernier, des lapins de l'île de Skokholm, au pays de Galles, ont mis au jour des artéfacts datant du Mésolithique tardif et de l'âge du bronze en creusant leur terrier. Les archéologues en herbe ont notamment déterré une pierre biseautée ainsi que des fragments de poterie.

Les lapins ont été fort occupés ces derniers jours. Avant de partir en mission spéciale Pâques et de cacher des œufs en chocolat dans les jardins, les rongeurs aux longues oreilles ont déterré des objets vieux de plusieurs milliers d’années sur l’île de Skokholm, dans la région du Pembrokeshire, au pays de Galles. Ce sont Richard Brown et Giselle Eagle, les deux gardiens ornithologues (et les seuls habitants) du site géré par la Wildlife Trust of South and West Wales (WTSWW), qui ont découvert en mars dernier près d’un terrier un curieux galet taillé puis, quelques jours plus tard, des fragments de poterie. Il s’agirait selon les spécialistes d’une « pierre biseautée » du Mésolithique tardif (7000-4000 avant J.-C.) et d’un morceau d’urne funéraire de l’âge de pierre (2100-1750 avant J.-C.), soit les plus anciennes traces de l’occupation humaine de l’île.

Un tumulus du bronze ancien par-dessus un site de chasseurs-cueilleurs du milieu de l’âge de pierre

Après avoir pris contact avec les scientifiques de la Commission royale des monuments anciens et historiques du pays de Galles, les deux gardiens ont pris connaissance de l’importance de la découverte de ces objets. Si l’île est réputée pour abriter des milliers d’oiseaux au printemps et pour son occupation de l’époque viking (Xe-XIe siècles), c’est bien la première fois que des artefacts plus anciens sont trouvés à Skokholm. « Il semblerait qu’un tumulus du bronze ancien ait été construit par-dessus un site de chasseurs-cueilleurs du milieu de l’âge de pierre, le tout perturbé par les lapins », explique Toby Driver, archéologue de la Commission, spécialiste de la préhistoire et des fouilles insulaires.

Les artefacts ont été retrouvés près d'un terrier. © Richard Brown and Giselle Eagle, WTSWW

Les artefacts ont été retrouvés près d’un terrier. © Richard Brown and Giselle Eagle, WTSWW

D’après l’expert en outils de pierre préhistorique ayant dirigé des fouilles sur des sites similaires Andrew David, le galet taillé serait « une pierre biseautée du Mésolithique tardif, un outil que les chasseurs-cueilleurs auraient utilisé pour des tâches telles que la préparation de peau de phoques pour des embarcations ou la découpe d’aliments comme des fruits de mer au sein des communautés de chasseurs-cueilleurs il y a entre 6 000 et 9 000 ans », ce qui coïncide avec la situation de l’île qui abrite des colonies de phoques. Des outils similaires ont été retrouvés également sur d’autres côtes du Pembrokeshire, aux Cornouailles ou encore en Écosse mais il s’agit ici de « la première preuve solide d’une occupation de l’île au cours du Mésolithique tardif », explique le spécialiste.

Ce galet taillé serait « une pierre biseautée du Mésolithique tardif ». © Richard Brown & Giselle Eagle, WTSWW

Ce galet taillé serait « une pierre biseautée du Mésolithique tardif ». © Richard Brown & Giselle Eagle, WTSWW

Une première à Skokholm et dans les îles du Pembrokeshire

Selon la conservatrice du Musée national du pays de Galles Judy Deacon, les fragments de poterie trouvés près du même terrier proviendraient quant à eux d’un récipient du début de l’âge du bronze (2100-1750 avant J.-C.) qui aurait pu contenir des cendres funéraires. En effet, avec leur paroi épaisse, décoré de lignes incisées autour du sommet, ceux-ci pourraient être le bord d’une urne. Dans l’Irlande et la région galloise de l’époque, les défunts étaient incinérés avant d’être versés dans des urnes qui finissaient enterrées. Si cette découverte est inédite à Skokholm, c’est également la première fois qu’une poterie de ce type est déterrée dans les îles voisines du Pembrokeshire (comme Skomer et Ramsey).

Le fragment de poterie proviendrait quant à lui d'une urne funéraire du début de l'âge du bronze. © Richard Brown & Giselle Eagle, WTSWW

Le fragment de poterie proviendrait quant à lui d’une urne funéraire du début de l’âge du bronze. © Richard Brown & Giselle Eagle, WTSWW

« Grâce aux précédentes études aériennes et aux explorations au laser réalisées par la Commission royale, nous savons que Skokholm abritent les restes de certains terrains et sites préhistoriques mais aucun n’a jamais été fouillé », déclare Toby Driver dans un communiqué du WTSWW. Dès que la situation sanitaire s’améliorera, les archéologues espèrent pouvoir collaborer avec leurs homologues aux longues oreilles pour écrire ensemble la préhistoire de l’île qui semble receler encore bien des surprises.

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