Le roi Louis XIV est mort, vive le roi Louis 14. Après quatre ans de travaux, le musée Carnavalet est à nouveau prêt à accueillir le public, rapporte le Corriere della Sera. Et selon le quotidien italien, “lorsque les mesures de restriction liées à la pandémie le permettront”, les visiteurs découvriront que cette institution dédiée à l’histoire de Paris a décidé d’abandonner les chiffres romains au profit des chiffres arabes dans ces inscriptions explicatives.

Le Roi-Soleil a donc été rebaptisé “Louis 14”, et le “XVIe siècle” devient ainsi “16e siècle”, “car les chiffres romains peuvent être un obstacle à la compréhension”, explique Noémie Giard, chef du service des publics du musée Carnavalet, citée par le Corriere della Sera.

Le quotidien indique que “même le Louvre” a renoncé à utiliser les chiffres romains pour indiquer les siècles. Le plus grand musée du monde n’est toutefois pas allé aussi loin que le Carnavalet : il maintient l’usage des chiffres romains pour les rois et les reines.

Selon le Corriere della Sera, le recours aux chiffres arabes, qui vise à approcher un “public le plus large possible”, n’est pas du goût de tout le monde :

Comme toujours dans ces cas-là, les bonnes intentions suscitent doutes et controverses. Sommes-nous sûrs que la solution vis-à-vis des difficultés consiste à les effacer ? Le passage de ‘IV’ à ‘4’ devient le symbole du renoncement progressif à l’enseignement de la culture classique.”

Le quotidien italien note que les initiatives du Louvre et du musée Carnavalet étaient sur le point d’être imitées dans les musées de Rouen. Mais le musée des Beaux-Arts de la cité normande a finalement décidé de conserver les chiffres romains pour l’exposition consacrée au Salammbô de Gustave Flaubert.

Aux États-Unis, un Super Bowl LV

Pour le Corriere della Sera, les deux musées parisiens relancent l’“éternel débat entre la défense du savoir, d’une part, et la vulgarisation et la culture de masse, d’autre part”. Et le quotidien d’observer que les musées français sont souvent accusés de faire “trop de concessions” au marketing et au tourisme.

D’autant que les chiffres romains résistent dans des contextes “plus éloignés” de la culture classique. Aux États-Unis, depuis 1971, la finale du championnat de football américain, le Super Bowl, est en effet désignée avec des chiffres romains.

En février dernier, les Buccaneers de Tampa Bay ont ainsi battu les Chiefs de Kansas City lors du Super Bowl LV – la 55e édition de cette finale. Voilà un étonnant paradoxe, ironise le quotidien italien : les chiffres romains, boutés “hors des musées français”, trouvent un refuge “dans les stades américains”.