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Quand l’imagination aide à penser le monde : les Fables de La Fontaine

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22 septembre 2020

"Sur tous les animaux, […]/ J’ai le don de penser" nous dit La Fontaine, et dès le livre VII des Fables, le fabuliste donne à voir la pleine mesure de son talent. Nous verrons comment utiliser Gallica pour étudier, en première, les livres VII à IX des Fables.

 

Comprendre et s’approprier l’œuvre

Recherches préliminaires

L’édition des fables illustrée par Gustave Doré offre à la fois un réel confort de lecture et de superbes illustrations.
Pour comprendre les fables, on pourra s’aider du Précis élémentaire de littérature dans lequel les figures de style, la versification et ses règles, l’apologue et la fable sont présentés et expliqués. Le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière (Tome 1 et Tome 2) constitue quant à lui une ressource lexicale précieuse, même si La Fontaine s’était opposé au dictionnaire, qui concurrençait les Académiciens. Enfin, Principes de littérature de Marin de Boylesve rappelle la distinction entre les poèmes héroïque, héroï-comique, ou badin, distinction qui pourra être utile pour étudier une fable comme "Les Deux Coqs". On trouvera aussi dans cet ouvrage des définitions claires et précises de l’apologue et de la fable, une analyse du merveilleux et de son emploi.
Développer une pensée claire et unifiée à propos des les livres VII, VIII et IX, qui proposent des fables si variées, n’est pas chose aisée. Pour s’aider, on peut consulter la table des matières de La Fontaine, d’Émile Faguet. Cette table propose un classement de nombreuses fables par thématique, ce qui peut permettre l’organisation d’exposés, ou de groupements de textes pour les épreuves orales du bac.

La découverte par l’image

Pourquoi ne pas aborder l’étude des fables par l’image ?
 
Dans Iconographie des fables de La Fontaine, La Motte, Dorat, Florian, Eugène Lévêque aborde les fables à travers leurs illustrations. L’auteur nous propose un court résumé de chaque fable et analyse, de façon succincte, le travail d’un Gustave Doré, ou d’un peintre animalier comme Jean-Baptiste Oudry. Parce qu’il passe en revue les tableaux que Gérôme, Fragonard ou Millet ont consacré aux fables, le livre d’Eugène Lévêque peut donner lieu à des réalisations d’exposés autour de la lecture d’images.
 
Pour prolonger la réflexion, l’on pourra admirer la Collection des animaux quadrupèdes de Buffon, formant 362 planches d'animaux coloriées, L'Histoire naturelle et raisonnée des différens oiseaux qui habitent le globe, Historia naturalis ranarum nostratium in qua omnes earum.
Enfin, les Planches tirées du livre de portraiture pour ceux qui commencent à dessiner de Charles Le Brun permettent d’initier une réflexion autour de la physiognomonie.

L’esthétique de La Fontaine

Gallica vous propose de consulter le volume 4 du Cours de littérature, à l’usage des divers examens de Félix Hémon. On y trouve une histoire du genre littéraire qu’est la fable, avant et après La Fontaine, une biographie du fabuliste, une analyse de son style ainsi que de nombreux sujets de dissertation. Le chapitre La Fontaine imitateur explique comment le fabuliste s’est approprié le genre de la fable.
Un autre ouvrage d’Émile Faguet, Les Grands Maîtres du dix-septième siècle, permet une analyse plus en profondeur de cette esthétique. Faguet y explique que c’est avant tout le rythme, et l’usage de différents vers au sein d’une même fable, qui fait l’art de La Fontaine ("Il a connu et a presque révélé l'harmonie du vers pris en soi, du vers considéré comme une phrase musicale,". Faguet évoque aussi le brio de La Fontaine : "Dans les Fables, il cause avec la nonchalance aimable d’un entretien familier - mais les parties narratives sont d'une vivacité et d'une brièveté étonnantes. Il y a là des tours qui ont une concision incroyable".

Imagination et puissance d’évocation

Des fables plus longues

Les fables des livres VII à IX témoignent d’une appropriation du genre de la fable par La Fontaine. Délaissant l’inspiration ésopique, le fabuliste se tourne désormais vers le sage indien Pilpay, comme en témoigne l’avertissement de ce second recueil de fables.

Des animaux, des hommes et un monde végétal mieux caractérisés

Les fables se sont plus longues, abordent plus de sujets, mettent en scène des hommes et animaux plus incarnés. La singularité de La Fontaine s’exprime pleinement.
Dans La Fontaine et Buffon, Damas-Hinard rappelle les talents d’observation de La Fontaine. Les fables dépeignent tous les milieux sociaux et le fabuliste adopte le champ lexical et le discours de tous ceux qui peuplent ses fables. Damas-Hinard évoque aussi la concision avec laquelle La Fontaine parvient à dépeindre les animaux, qu’il s’agisse des deux coqs, de la grenouille, du héron.
Les animaux sont parfois dotés de noms propres et le Dictionnaire étymologique des noms propres d'hommes permet de comprendre certains choix opérés par La Fontaine. Outre les animaux, La Fontaine personnifie la nature et a recours aux allégories. En ce sens, on pourra consulter De l’allégorie ou Traités sur cette matière.

La fiction orientale

La Fontaine s’ouvre, dans les livres VII à IX, à de nouveaux thèmes et motifs mythologiques, notamment orientaux. Pour comprendre cet engouement, on pourra lire L’Orientalisme rendu classique en France. Le très complet dictionnaire La Mythologie de tous les temps, de tous les lieux et de tous les peuples et l’ouvrage Histoire de la civilisation ancienne : Orient, Grèce et Rome permettent de mieux embrasser la multiplicité des sources de l’auteur classique qu’est La Fontaine.
Lettres persanes de Montesquieu et les contes philosophiques de Voltaire tels que Candide ou l’Optimisme offrent quant à eux une réflexion sur les pouvoirs de la fiction, et de l’imagination, au service de la dénonciation.

Pensées et regards mesurés sur le monde

Valeurs et esthétique classiques au service de la réflexion

Si elle n’aborde pas directement La Fontaine, L’Étude sur les moralistes français apporte un éclairage sur la morale classique, sur le positionnement de l’intellectuel classique sur la maladie et mort, la tristesse ou l’ambition. Les fables des livres VII à IX apparaissent parfois sous la forme de débats, discours, ou de méditations. Pour comprendre la structure d’un texte classique sur le plan stylistique, nous vous recommandons Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes dans lequel Matthieu Andrieux évoque aussi bien la clarté et l’efficacité du style que l’importance de la péroraison, ou le naturel dont sait faire preuve La Fontaine. On y trouve enfin une analyse de plusieurs figures de style et de leurs effets.

La fable au service de la satire sociale

Les fables des livres VII à IX dénoncent aussi bien l’ineptie et la morgue des courtisans, l’absurdité d’un orgueil mal placé, que la cupidité du clergé ou l’incompétence des médecins. Elles portent également un regard sur la politique menée par le Roi-Soleil.
Pour apprécier cette dimension satirique, on pourra lire le jubilatoire Essai sur l'art de ramper, à l'usage des courtisans, mais aussi les portraits de Cimon et Clitandre, Arrias ou Giton dans Les Caractères de La Bruyère.
Dans Les Fastes de Versailles depuis son origine jusqu'à nos jours, Hippolyte Fourtoul passe en revue de nombreux personnages de la cour évoqués implicitement dans les fables, tels que Colbert ou Mme de Montespan, se penche sur les origines de la disgrâce de Fouquet ainsi que sur la politique extérieure de Louis XIV. L’ouvrage Guerres sous Louis XIV d’Alfred de Villeneuve explique quant à lui le contexte de la Guerre de Hollande.

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